Sang du dragon

Chapitre 39 Un rêve éphémère Point de vue Derreck

Le désir, la principale cause de mes tourments. Toujours enfuis en moi, cette fois, je ne peux le contenir. Une seule danse a suffi à me rendre encore plus fou d'elle, un seul regard fait battre mon cœur. Par instinct, je me suis rendu dans sa chambre, par instinct, j'ai laissé libre court à mes sentiments.

Comme pris au piège, je ne peux me détourner de ses lèvres au goût de miel, sa langue s'entremêlant à la mienne, nos respirations ne faisant qu'unes. Je ne peux me détacher d'elle, de la femme qui a pris mon cœur dans ses filets.

Empreint de douceur, je recouvre chaque parcelle de sa peau de tendres baisers, ce qui la fait jouir de plaisir. Nos cœurs battant à l'unisson, je sens que sa dose de désir équivaut à la mienne. Je m'endors paisiblement dans ses bras, retrouvant une plénitude inconditionnelle. Le temps s'arrête autour de nous jusqu'à ce qu'il reprenne son cours. 

Je me tourne à la droite du lit, à l'endroit où se trouve Lyrina. Je ressens comme un vide, ce qui n'est pas normal. Je me redresse, ouvrant les yeux. Elle n'est pas là. Je balaie du regard chaque recoin de la pièce, en espérant la trouver. Malheureusement, elle a disparu. Après cette nuit passée avec elle, je ne comprend pas pourquoi je ne la retrouve pas auprès de moi au réveil. Elle s'en est allée sans faire le moindre bruit, telle une souris.

Tellement qu'il n'y a aucune trace de sa présence, j'ai comme l'impression que la nuit passée avec elle n'est qu'un rêve sortit tout droit de mon imagination. Il me suffit de sentir son odeur restée intacte, toujours encrée sur les oreillers, pour m'assurer que c'était bien la réalité. Le serrant tout contre mon cœur, je ferme les yeux, imaginant son regard dans mes pensées. Même si elle ne se trouve pas auprès de moi, elle m'obnubile, je suis devenu accro. 

Soudain, j'entends des mouvements provenant de derrière la porte, quelque chose est en train de se préparer. Je ne perds pas de temps à m'habiller, sans perdre un instant. Quand les bruits s'estompent, je me glisse discrètement de l'autre côté du pallier. Il ne faut surtout pas que je me fasse repérer, sinon, la réputation de Lyrina peut en prendre un coup. N'étant pas lié par le lien du mariage, nous n'avons aucun droit de laisser libre court à nos désirs charnels, ce qui ne nous a pas empêché de le faire tout de même la veille.

Ne sachant pas la raison de cette cacophonie, je me déplace dans cette direction, espérant trouver la réponse à ma question. Plus je m'approche, plus je découvre un attroupement de badauds devant la salle des conseils improvisée. Les chefs du clan des ombres et Lyrina sont au centre de l'attention.

A peine arrivé, je ne peux détourner mes yeux de la jeune femme, toujours attirés par elle. J'ai beau l'avoir possédée, mon désir est inassouvi. J'en veux encore plus. Tout chez elle m'attire : ses yeux bleus qui rayonnent comme un saphir, sa peau pâle comme la neige, ses cheveux roux resplendissant coupés courts. Même si je l'ai découvert ainsi hier, je suis toujours surpris par sa coupe de cheveux. Cela lui va si bien. Ainsi, elle arrive à me rendre fou. 

Assise devant une carte étendue sur la table, elle étudie chaque lopin de terres, comme si elle élabore une stratégie. En aucun cas elle pose ses iris sur les spectateurs, gardant fière allure.

En si peu de temps, Lyrina a énormément changé. Gagnée par la maturité, elle donne l'impression d'être une suzeraine infaillible qui ne se laissera jamais détourner de ses objectifs. Avant, elle aurait fait regretter toutes ces personnes qui la regardent en permanence, ce qui n'est plus le cas en cet instant.

Concentré par ses faits et gestes, je ne fais pas attention qu'on me suis.

— Derreck, te voilà enfin ! s'exclame ma mère, soulagée. Je te cherchais partout. Où étais-tu depuis tout ce temps ?