Fuir, le maître mot pour une traîtresse comme moi. Toute ma vie, je n'ai fait que ça, fuir tant que je le pouvais. J'ai fuis mes responsabilités et mes devoirs, j'ai fuis la seule personne que j'aime et qui m'aime en retour. Le sort s'acharne sur moi, encore une fois, par ma faute. De toute façon, je sais que je ne peux rien lui apporter, mise-à-part le chao. Je ne suis rien d'autre qu'une messagère de la mort et du mensonge depuis ma naissance. Une illusion qui détruit tout sur son passage. Ma nounou a toujours pensé que j'étais quelqu'un de bien, elle s'est trompée sur toute la ligne. Tous ses enseignements pour que je devienne une meilleure personne n'ont aboutis en rien. Jamais je ne changerai, il faut que je m'y fasse. Mon destin est écrit ainsi, je n'ai aucun droit au bonheur. Je ne fais que détruire ce que je touche. Mes doigts, tout comme mon âme sont du poisons mortels. Je représente la pire des vermines que le monde n'ai connu, je mérite la mort.
Assise sur un tabouret, je me regarde dans le miroir. Mes sphères d'un bleu éclatant ne sont que de la glace qui ne reflètent rien d'autre que du néant. Plus je me regarde, plus j'ai l'impression d'être une coquille vide, dénuée de toute âme, semblable à une automate. Serais-je l'engeance du diable ? A peine cette pensée me traverse l'esprit que mes servantes acquiert mon attention, essayant de croiser autant bien que mal mes yeux dans le reflet.
— Cela vous convient-il ? me demande l'une d'entre elle.
Je ne comprends pas où elle veut en venir. J'ouvre à peine la bouche pour répliquer que mes idées se remettent en place dans mon esprit. Comme tous les matins, elles sont en train de me coiffer. Bien sûr, depuis que je les ai coupé, elles mettent beaucoup moins de temps qu'à l'accoutumée. Assembler les mèches de devant entre elles afin de les tresser, voilà en quoi résulte leur tâche. Cela me dépasse qu'elles me demandent mon avis pour si peu.
— Très bien, leur réponds-je froidement pour y couper court.
— Désirez-vous autre chose ? me questionne l'une des plus jeunes qui doit avoir à peine quatorze printemps.
J'ai besoin que vous laissez tranquille une bonne fois pour toute ! ai-je envie de hurler, mais je me retiens. Je veux m'en débarrasser par tous les moyens, je sens que ce n'est pas une tâche facile. Raides comme des piquets, elles attendent que le temps passe. Il faut vraiment que je leur apprenne en quoi consiste leur travail à celles-là ! m'insurié-je intérieurement.
— Tout est bon. Laissez moi, maintenant, leur ordonné-je.
— Êtes-vous sûre que vous ne voulez rien ? insiste cette fois une plus âgée, comme si je refusais de faire part de mes envies à sa comparse en raison de son jeune âge.
— Oui ! Si j'ai besoin de vos services plus tard dans la journée, je vous ferais mander. Maintenant, allez-y !
— Bien, Majesté.
Cette dernière fait signe de la tête aux autres qui finissent par la suivre après une révérence toute faite. Il me suffit du grincement de la porte pour me rassurer qu'elles ont bel et bien désertées. Je peux enfin respirer de nouveau.
Une fois seule, je m'admire pleinement. Du bout des doigts, je caresse mes cheveux. Tirés à quatre épingle ainsi, j'ai l'impression de ne plus être moi-même. Une seule personne arrivait toujours à me coiffer de façon à ce que ça corresponde à ma personnalité : ma nounou. Elle aussi, je l'ai abandonnée lâchement !
Prise de mépris, je défais les pinces qui ont permis de maintenir ma chevelure ainsi sur ma tête, la laissant pendre de tout côté. Ainsi, je suis moi-même, sans artifice. Une fois décoiffée, je me regarde une nouvelle fois dans le miroir. J'ai à peine le temps de respirer de nouveau qu'on frappe à ma porte. Quelqu'un vient encore me déranger, ce qui me désespère.
VOUS LISEZ
Sang du dragon
FantasiLyrina, princesse du royaume de Durian, est la seule héritière d'une lignée royale ayant la particularité de se métamorphoser en dragon. Contrairement aux membres de sa famille, elle en est incapable. La principale raison, elle ne possède pas le san...