Chapitre 40 Le réveil de la belle Point de vue Adélaïde

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La première bataille, la victoire qui s'en suit, tout s'enchaîne irrémédiablement. La peur me tiraille toujours et ne s'estompera uniquement quand la belle endormie se réveillera. Il s'est passé des heures depuis son arrivée, et toujours pas de signes de réveil. Le temps paraît long et interminable pour moi. 

Tout le monde se prépare pour la cérémonie, sauf moi. Je reste à son chevet, accompagnée du mestre Héros. Nous ne pouvons pas nous permettre d'abandonner nos patients, pas pour le moment en tout cas. Nous attendrons qu'elle débute pour pouvoir se détacher, mais en attendant, nous devons nous assurer de l'état de santé de nos blessés. Même si je n'ai pas les mêmes responsabilités que lui, je reste son assistante. Ce rôle me tient beaucoup trop à cœur pour faire semblant de s'en soucier.

Pendant que je m'occupe à éponger le visage du jeune où j'avais aidé le mestres pour sectionner sa main infectée, je ressens du mouvement derrière moi. Je me retourne et découvre la jeune femme en train de bouger dans son sommeil. Je laisse de côté ce que je suis en train de faire et va à sa rencontre. Difficilement, elle parvient à ouvrir les yeux. Quand mes iris croisent les siens d'un émeraude éblouissant, je ressens qu'elle est perdue. Elle ne doit pas savoir où elle se trouve, la pauvre. 

— Adélaïde, allez chercher de l'eau, m'ordonne le mestre. 

Je m'atèle à la tâche, même si j'aurai préféré rester auprès d'elle. 

En deux trois mouvements, je récupère une coupelle remplie d'eau et va à leur rencontre. J'essaye de ne montrer aucun signe de ma joie soudaine de la voir de nouveau parmi nous. Après tout, on se connaît à peine. Je ne sais même pas si elle se souvient toujours de moi, c'est pour cela qu'il vaut mieux rester silencieuse. Une fois qu'elle est assise, je l'aide à boire dans la coupelle. Ses forces l'ont abandonnées depuis l'attaque, il lui faut du temps pour les retrouver. Ce simple contact physique, en revanche, me ravie au plus haut point. Malgré tout, je n'ose pas croiser son regard si je veux être en toute possession de mes moyens. Je sens tout de même mes joues en train de rougir, ce n'est pas bon signe. 

Une fois qu'elle a bu l'eau d'une traite, elle me toise, gênée. 

— C'est bon, vous pouvez me laisser, demoiselle. 

— Entendu. 

Je commence à m'éloigner quand j'entends de nouveau le son de sa voix. 

— Je te remercie de m'avoir sauvée d'une mort certaine, finit-elle par dire. 

— Ce n'est rien, je n'ai pas fait grand chose. Remerciez plutôt votre père et le mestre Héros. Je ne suis qu'une simple aidante. 

— Tu es en plus modestes ! s'étonne-t-elle. Décidemment, tu possèdes toutes les qualités. Tu n'as rien à voir avec ton frère, à ce que je vois. 

Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi elle voue tant de haine à Derreck et à Lyrina. Même si cela me peine, je garde ma langue dans ma bouche, car je ne veux pas commettre d'impairs.

— Depuis quand t'adonnes-tu aux soins ? me questionne-t-elle d'un air cette fois sérieux.

— À vrai dire, cela date d'aujourd'hui. Depuis que le mestre Héros est venu chez moi pour soigner ma mère, je me suis intéressée à ce qu'il a fait. Alors, quand je l'ai vu dans la grotte en train de soigner ses patients, j'ai commencé par avoir une sensation étrange. C'est devenu une évidence pour moi. Et tout ça ne serait pas possible s'il ne m'avait pas donné sa chance.

— Une future mestre, à ce que je vois.

Ce qu'elle dit me fait écho. C'est ce que je voudrai être, mais je sais qu'à l'intérieur de moi que ce n'est pas possible de par mon sexe. Une femme ne peut pas devenir mestre, malheureusement. Je lui en veux de me faire espérer d'une courte durée pour rien.

Sang du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant