Chapitre 10 - Carlyle

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TW : mort, sang, indication 💀🩸

Je regardai mes collègues quitter les bureaux avant de m'enfermer dans le mien pour appeler Léo. Il décrocha après quelques sonneries.

— Oui ?

— Je ne pourrai pas venir te chercher. Ma garde a été avancée, je vais rester au bureau cette nuit.

— Tu as congé demain ?

— Oui, ainsi que samedi et dimanche.

— Céline et Sid peuvent venir à la maison ?

Un soupir m'échappa tandis que je me laissais aller contre le dossier de ma chaise.

— Oui, mais ne vous couchez pas trop tard, vous avez cours demain.

— Promis, papa !

Je raccrochai et fermai les yeux, profitant du silence de mon bureau. Cela m'apaisa autant que m'angoissa. Je n'aimais pas laisser mon fils seul à la maison, mais je n'avais pas le choix. Une fois par semaine, j'étais de garde. Tous les agents de la Milice se relayaient pour assurer la sécurité des magiciens de Becky Halls. J'étais joignable à n'importe quelle heure de la nuit et devais être en capacité de réagir à n'importe quelle urgence. Mon rôle consistait à conseiller mes interlocuteurs et à les orienter au bon endroit, mais également à me rendre sur place s'il y avait des blessés graves. Si j'étais dépassé par une affaire, je devais appeler Thussvor - qui était de piquet en permanence - qui me dicterait la marche à suivre. Même lorsque je n'étais pas de garde, je devais rester joignable au cas où une urgence se présenterait puisque j'étais de la magie blanche.

J'aurais pu rester chez moi et attendre les appels, il y en avait très peu, Becky Halls était un lieu calme, mais Thussvor préférait que l'agent de garde reste dans les bureaux. Il pouvait ainsi garder un œil sur les magiciens interrogés et enfermés au sous-sol car jugés trop dangereux par l'Unité 2. Celle-ci attendait que le Conseil décide du sort du magicien pour appeler l'Unité 6.

Avec mauvaise humeur, j'activai sur mon ordinateur la caméra qui donnait sur les deux cellules pour zieuter l'unique prisonnier. Il s'agissait d'un certain Rodrigue Page, magicien du feu. C'était en nettoyant sa pierre que Fred s'était blessé. J'ouvris le dossier correspondant sur notre base de données. Son nom me disait vaguement quelque chose, mais à force de voir autant de gens, tous les noms m'étaient familiers.

L'interrogatoire de l'Unité 2 n'avait rien donné. Le magicien se souvenait avoir ressenti un profond malaise en sortant d'une clinique spécialisée où il suivait une rééducation suite à un accident de rallye. Il souffrait d'une amnésie provoquée par un trauma crânio-cérébral. La corruption s'était déclarée quelques jours après, mais trop effrayé par la Milice, Page n'avait pas osé s'annoncer, se disant que ça finirait par passer. Ce n'était pas passé et Brooklyn avait dû récupérer sa pierre. Il n'y avait aucun autre élément dans le dossier, un gars bien qui n'avait pas eu de chance.

Les paroles de Fred me revinrent à l'esprit. La cornaline de Page avait émis des éclairs de lumière, exactement comme une citrine. Une idée germa dans mon esprit. C'était impossible, mais cela valait le coup de la vérifier. Mes doigts tremblaient sur ma souris alors que je fermais l'onglet de l'Unité 2 pour ouvrir celui de l'Unité 3. Pendant l'absence de Fred et jusqu'à ce que son remplaçant arrive, les pierres étaient conservées dans un « frigo » de métal pour contenir leur corruption. Le dossier me confirmait que la pierre était toujours là.

Je ne perdis pas un instant et courus hors de mon bureau pour rejoindre celui de Fred. Je revins en arrière alors que j'atteignais le bout du couloir. Mon badge, putain. Sans celui-ci, je ne pourrais accéder à aucune pièce. J'avais la fâcheuse tendance à l'oublier.

Rigged Magic 1 - BipolarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant