Rigged Magic 1 - Bipolar

Chapitre 31 - Brooklyn

Lundi

Il me fallut de longues minutes pour calmer l'étudiant. Il ne cessait de me répéter qu'elle allait mourir comme son frère. Lorsqu'il cessa enfin de pleurer et reprit une respiration plus au moins normal, je m'assis à côté de lui contre le mur. Il se laissa choir contre moi et j'entourai son épaule de mon bras, lui offrant un ultime réconfort.

— Elle ne va pas mourir ? dit-il finalement.

— Non. Elle a été emmenée à l'hôpital et va y rester en surveillance quelques temps.

Il hocha de la tête contre mon épaule. Je sentis le soulagement l'envahir. Ses yeux m'évitaient, fixés sur la barrière en métal devant nous. Il semblait vouloir me dire quelque chose, mais ne savait pas comment.

— Vous croyez qu'elle est comme mon frère ?

— Que veux-tu dire ?

Il se raidit. Je crus d'abord que je l'avais braqué, mais les tressaillements de son corps m'en dissuadèrent. Il contenait sa tristesse avec beaucoup de difficultés.

— Il... Je ne sais pas par quoi commencer, murmura-t-il.

— Parle-moi un peu de ton frère, comment était-il ? l'aidai-je.

Ses prunelles vertes emplies de larmes se tournèrent vers moi. J'y lus beaucoup de nostalgie et une peine immense.

— Il aimait les voitures. Il faisait beaucoup de courses. La dernière ne s'est pas bien terminée, il a eu un accident.

Voiture, course, accident. Un malaise naquit en moi alors que Sidney continuait.

— Il... il a été hospitalisé et sa pierre a commencé à se corrompre. Je... voulais qu'il vienne à la Milice, mais il a refusé.

— Pourquoi a-t-il refusé ? demandai-je avec douceur.

— Il a dit que quelqu'un à la clinique lui avait proposé un projet pilote.

— Un projet pilote ?

L'adolescent triturait ses doigts avec nervosité, comme s'il savait que ce qu'il me confiait avait de l'importance. Je déglutis. Un mauvais pressentiment me perçait la poitrine.

— L'homme disait qu'il cherchait à effacer la corruption de la magie, mais que ça prendrait du temps car c'était encore en cours de recherche.

— Et ton frère a accepté de participer à ce projet ?

— Oui. Il a tout de suite accepté même s'il savait que c'était dangereux et peut-être illégal. Il voulait se débarrasser de sa corruption sans avoir de problème avec la Milice. J'ai essayé de le dissuader, mais il ne m'a pas écouté.

— Et il n'en avait pas parlé à quelqu'un d'autre ?

— Non, il ne l'a dit qu'à moi. Il avait peur que nos parents le dénoncent à la Milice. Ils ne se parlaient pas beaucoup de toute façon. Ils avaient une relation très conflictuelle...un peu violente même. Il savait que je ne le dénoncerais pas sinon je me retrouverais seul avec mes parents. Je... ils me font peur...

Je me doutais que ses parents avaient un comportement abusif avec lui. Mon pressentiment s'accentua et je resserrai ma prise sur l'épaule de Sydney. La description de ce frère protecteur me disait quelque chose.

— Et dans quelle clinique a-t-il été hospitalisé ?

— La Deswalters' Clinics.

Mon souffle se coupa. La clinique de Rolland. La colère me gagna en comprenant que le quinquagénaire ne nous avait pas tout dit. Il avait osé mettre Thussvor au plus mal sans lui transmettre toutes les informations. Je ne donnais pas cher de sa peau quand Thussvor serait au courant. Notre chef ne manquerait pas de s'énerver. Et il n'était pas bon d'énerver un ancien militaire.