Brooklyn avait continué de sangloter dans mes bras pendant de longues minutes. Il avait du mal à se calmer. Son corps continuait de trembler malgré l'étreinte forte dans laquelle je l'avais enveloppé. Ce ne fut qu'après de longues minutes que ses pleurs cessèrent. Il était épuisé. Les yeux vitreux, il resta amorphe dans mes bras. J'échangeai un regard perdu avec Fred et Thussvor. Brooklyn se leva finalement. Il ne tremblait plus, mais une certaine fragilité se dégageait de lui. La moindre parole de travers l'aurait brisé. Je saisis ses doigts avec délicatesse ; ils étaient glacés.
— Tu veux manger quelque chose ? murmurai-je doucement.
— Non... je... Un chocolat chaud...
Je hochai de la tête et l'embrassai sur le front. Brooklyn était hésitant. Il voulait dire tant de choses sans trouver les mots. Quelque chose le retenait de parler. Ses prunelles bouillonnaient d'incertitude. Ce fut finalement sans un mot qu'il s'éloigna pour s'enfermer dans la salle de bain de l'étage. Je le regardai sans rien dire. Il avait besoin d'être seul, de mettre de l'ordre dans ses pensées et dans ses émotions. Je respectais son choix. S'il avait besoin de moi, il viendrait de lui-même.
Je jetai un dernier regard vers le pallier avant de me diriger dans la cuisine. J'entendis vaguement Fred m'emboîter le pas. L'inquiétude serrait ma gorge et comprimait ma poitrine. Brooklyn parlait d'Alres, j'en étais persuadé. S'il te plait, Carlyle, ne le laisse pas me retrouver... La supplique de mon amant résonnait encore dans mon esprit. La Bloody Mary ne craignait qu'une personne et ce n'était Rolland. Une seule personne était capable de le faire s'effondrer ainsi. Était-il réapparu dans sa vie ? Avait-il à nouveau levé la main sur Brook ? Tant de questions sans réponse se bousculaient dans mon esprit que je sursautai lorsque Fred posa sa main sur mon épaule.
— Ton lait déborde, dit-il simplement en retirant la casserole du feu.
Je retins un juron et m'écartai des plaques avant de me brûler. Sans m'en rendre compte, je m'étais perdu dans mes pensées. Mes inquiétudes avaient pris le pas sur la réalité. Les mots de Brooklyn me hantaient. S'il te plait, Carlyle, ne le laisse pas me retrouver. Que pouvais-je faire ? Étais-je capable de protéger celui que j'aimais des fantômes du passé ? Un mauvais pressentiment m'avertissait que face à Alres, je ne pourrais rien faire. Et ce mauvais pressentiment, je ne voulais pas qu'il se réalise.
Perdu dans ce tourbillon d'émotions négatives, je croisai le regard de Thussvor. Ses prunelles s'étaient assombries et ses traits étaient graves. Sans avoir tous les éléments en main, il découvrait une facette de Brooklyn qu'il n'aurait pu imaginée.
— Je crois que tu nous dois des explications, Carlyle.
— Brooklyn, il... enfin qu'est-ce qu'il voulait dire ? demanda Fred en versant le lait dans une tasse.
Je me sentis acculé. Était-ce à moi de fournir ces éléments dérangeants ? M'était d'avis que non. Ce n'était pas à moi d'étaler les souvenirs de Brooklyn. Et pourtant, devant le regard acéré de Thussvor, je sus qu'il ne me laissait pas le choix. Brook n'était pas en état de le faire. Appuyé contre le plan de travail, je lâchai un soupir résigné.
— Brooklyn souffre de stress post-traumatique.
— Oui, c'est ce qui a causé son amnésie, approuva-t-il.
Je grimaçai.
— Certes, il y a eu ce premier trauma qui lui a causé cette amnésie, mais ce n'est pas de ça dont Brooklyn a tant peur.
Fred fronça les sourcils si fort qu'une ride se dessina sur son front. L'incompréhension se lisait aisément sur son visage. Thussvor ne laissa rien paraître son expression était aussi lisse que du marbre.
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Rigged Magic 1 - Bipolar
ParanormalLa vie à Becky Hall est ennuyeuse. La magie y est calme et le travail de Milicien éreintant. Carlyle Morgenstern l'a bien compris. Magicien de guérison, il remplit sa mission sans se plaindre et suit les ordres, soutenu par Brooklyn, un magicien de...