Le rideau me coupa du monde extérieur. Putain ! Qu'avais-je fait ? Je mordis mes phalanges et hurlai toute ma frustration. Je manquai de m'effondrer tant le remord et la culpabilité m'étranglaient. J'avais frappé Brooklyn. Putain, je l'avais fait. Et même si la Bloody Mary m'y avait poussé et me l'avait explicitement demandé, je n'aurais pas dû lever la main sur lui. Comment avais-je osé le faire ? Je mordis mes doigts plus fort en renvoyant ma main s'abattre. Un goût de ferraille se répandit dans ma bouche. Cela ne suffit pas à apaiser la colère qui se diluait dans mes veines.
Je ne savais plus comment maitriser la rage qui s'emparait de moi. Je m'en voulais tellement d'avoir fait du mal à celui que j'aimais. Je ne valais pas mieux qu'Alres. Putain. Quel idiot. Quel... Quel quoi ? Y avait-il vraiment une insulte qui correspondait à ce que je venais de faire ? Non seulement je l'avais frappé, mais je l'avais repoussé. Ses prunelles rouges brûlantes de désir me revinrent à l'esprit. Je revis ses lèvres me murmurer : as-tu envie de me faire l'amour, Carlyle ? J'en avais envie, tout autant que lui, mais la douleur qui avait crispé son visage m'avait ramené à la réalité. Je l'avais blessé, j'avais levé la main sur lui et cette simple pensée m'était insupportable. En une soirée, j'avais tout perdu. Mon cauchemar n'était pas terminé puisque mes parents seraient rapidement au courant et ne manqueraient pas de débarquer chez moi pour me faire la morale. Rien que l'idée me vida de mon énergie.
Je n'avais qu'une envie : oublier. Et même si cela ne serait que temporaire, j'ouvris une bouteille de rouge et la vidai directement au goulot. J'en descendis une autre ainsi que deux bières. Voyant que je tenais encore debout, je m'achevais avec du whisky. Je finis par m'affaler sur mon canapé, complètement bourré et toujours aussi coupable.
— Papa ! Mais qu'est-ce que t'as fichu ?
— Hm...
Une affreuse douleur me vrilla les tempes. Je parvins à peine à me tourner sur le canapé. Mon corps semblait ankylosé et encore imprégné par l'alcool que j'avais ingéré. Ma bouche était pâteuse et ma gorge si sèche que ça en devenait douloureux. En grognant, j'enfouis mon visage dans les coussins et me positionnai confortablement pour ne pas tomber.
— Papa ! Lève-toi ! Les grands-parents arrivent bientôt !
Léo s'agitait autour de moi. Il me secoua l'épaule tout en hurlant dans mes oreilles. Sale gosse, laisse-moi dormir.
— C'est quoi toutes ces bouteilles ? Tu t'es bourré la gueule ? insista-t-il.
— J'ai fait n'importe quoi... grognai-je en me retournant sur le dos.
— Je vois ça ! Sérieux, papa ! T'as quel âge ? Lève-toi maintenant !
Je posai une main sur mon visage, essayant d'enlever les traces de sommeil. Mon esprit était encore imbibé d'alcool, mais se souvenait de toutes les bêtises que j'avais commises la veille. Brooklyn. Allait-il bien ? Avait-il encore mal ? Avait-il pu dormir ? Je saisis mon visage à deux mains, culpabilisant encore et pour toujours. Comment en était-on arrivé là ? Un long soupir m'échappa, suivi par une douleur lancinante dans mon crâne. Je repoussais mes cheveux en arrière tandis que Léo ouvrait le rideau. Le soleil se précipita dans la pièce. Il fut si vif que cela me brûla les yeux. Je fermai les paupières un instant et cela eut l'avantage de me remettre les idées en place.
VOUS LISEZ
Rigged Magic 1 - Bipolar
ParanormalLa vie à Becky Hall est ennuyeuse. La magie y est calme et le travail de Milicien éreintant. Carlyle Morgenstern l'a bien compris. Magicien de guérison, il remplit sa mission sans se plaindre et suit les ordres, soutenu par Brooklyn, un magicien de...