⚠️ violences conjugales
Ma terreur était si intense qu'elle m'anesthésiait. Mon corps tremblait, je m'en rendais à peine compte. Mon sang bruissait dans mes oreilles, je ne l'entendais pas. Mes sanglots, à peine contenus, bloquaient ma respiration, je ne le sentais pas. Je ne voyais que ces prunelles adamantines. La rancœur les rendait si sévères que ma peur grossissait. Je tremblais sans pouvoir me contrôler.
L'habitacle de la luxueuse voiture était tiède, confortable. Pourtant, je me sentais glacé, transis de froid. Il m'avait retrouvé. Ce fut la seule pensée cohérente que je parvins à aligner. Trois ans. Il lui avait fallu trois ans. Sa détermination fit déborder les larmes que je retenais désespérément. Pourquoi avait-il fallu qu'il me retrouve ?
— Ça ne te servira à rien de pleurer, Princesse.
Sa voix était calme. Trop calme. Et si avec Rolland j'aurais protesté avec véhémence, avec Alres je ne fis que me recroqueviller sur le siège. Un soupir agacé lui échappa. La voiture s'arrêta à un feu rouge. Il se tourna vers moi et la pulpe de ses doigts essuya mes joues. Je frémis d'appréhension. Je fermai les paupières pour ne pas affronter la colère que je lisais dans les prunelles grises. Son toucher aurait pu être délicat, mais je sentis la retenue qui empêchait sa violence d'exploser. Il y avait quelque chose de terriblement cruel dans ce toucher empli de douceur.
Mon corps et mon esprit avaient suffisamment éprouvé sa rage pour savoir qu'il ne m'offrait qu'un bref répit avant de me brutaliser. Même si j'essayais de tenir le passé à distance, il revenait sans cesse me tourmenter. Les tortures d'Alres me paraissaient infinies, chacune plus douloureuse que la précédente. Mes larmes redoublèrent et j'apposai mes doigts sur mes lèvres pour contenir le sanglot qui m'échappait. Alres posa sa main sur ma cuisse et je détournai la tête alors que la voiture démarrait silencieusement.
— À quoi pensais-tu en t'enfuyant ?
Je gardais le silence, mordant mon doigt pour contenir la souffrance psychologique qu'engendrait cette voix douceâtre.
— Pensais-tu vraiment que tu pourrais m'échapper, petite putain ? Je te l'ai dit. Tant que je serai en vie, je te retrouverai où que tu ailles.
— Pourquoi ? murmurai-je. Pourquoi tiens-tu tant à me faire souffrir ?
— Parce que tu m'appartiens. Si tu te comportais correctement, je n'aurais pas à te faire souffrir.
Les larmes coulèrent à nouveau. Leur sel se mêla au goût métallique du sang. Je m'étais mordu la langue en tombant dans les escaliers. La respiration encombrée, j'inspirai l'odeur familière qui régnait dans l'habitacle. Un mélange de cannelle et d'une autre épice que je n'avais jamais pu identifier. Un parfum que j'aurais aimé ne plus jamais sentir.
Alres gara la voiture dans le parking sous-terrain d'un hôtel de luxe. L'appréhension glaça ma poitrine alors qu'il sortait pour venir ouvrir ma portière. Celle-ci s'ouvrit dans un petit déclic, mes tremblements s'accentuèrent. À travers les larmes, je vis Alres me tendre la main pour m'aider à sortir.
Des bruits de pas annoncèrent l'arrivée de quelqu'un. Alres garda son calme. Il entoura mes épaules de sa veste, masquant ma robe déchirée. Il adressa un charmant sourire à l'inconnu et saisit ma main pour me tirer à l'extérieur. Je manquai de chuter. Mes jambes me paraissaient en coton. Alres secoua la tête et m'agrippa par la taille. Un frisson dégoûté me fit tressaillir. Malgré moi, je tentai de lui échapper. Sa prise se durcit et son regard sévère me fit déglutir.
— Cesse tes simagrées, Princesse.
S'il ne me tenait pas par la taille, peut-être aurais-je tenté une fuite désespérée. Pourtant, je savais que je n'aurais pas atteint l'entrée du parking. Pas avec ces talons. Alres était bien plus rapide et je n'aurais fait qu'aggraver mon cas.
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Rigged Magic 1 - Bipolar
خارق للطبيعةLa vie à Becky Hall est ennuyeuse. La magie y est calme et le travail de Milicien éreintant. Carlyle Morgenstern l'a bien compris. Magicien de guérison, il remplit sa mission sans se plaindre et suit les ordres, soutenu par Brooklyn, un magicien de...