Dimanche
Yohan et Brooklyn préparaient le repas lorsque Fred et moi rentrâmes des bureaux. Rolland était revenu de la clinique quelques minutes auparavant.
— Devyan n'est pas encore rentré ? demanda-t-il en regardant sa montre.
— Pas encore, Monsieur.
Rolland soupira et s'installa dans le canapé. Il s'alluma une cigarette. Tout en faisant des ronds de fumée, il tenta de joindre Thussvor. Compte tenu de son juron, il n'y parvint pas. J'échangeai un regard avec Fred et Brooklyn. C'était rare que notre chef ne décroche pas au téléphone. Il devait être au volant.
Je me versai un verre d'eau et l'avalai d'une traite lorsque Brooklyn s'assit à côté de moi. Sa main se posa sur mon avant-bras et il m'embrassa avec douceur.
— Tu as l'air soucieux, dit-il simplement.
Il me connaissait bien. Je voulais attendre que tout le monde soit réuni, histoire de ne pas me répéter, pour parler de l'antidote. Je lui rendis son baiser et lui tapotai le haut du crâne avec tendresse.
— On a découvert quelque chose avec cet antidote et ça ne me plait pas. Je ne veux pas... que tu souffres davantage.
J'attirai Brooklyn dans mes bras et le serrai si fort que je lui coupai la respiration. J'inspirai son parfum comme s'il s'agissait d'une drogue. Ses mots, teintés de douleur, me revenaient en mémoire. La culpabilité de ceux que je prononcerais bientôt me heurta de plein fouet. Pourquoi ne pouvais-je pas trouver un autre remède ? Pourquoi lui infliger à nouveau la souffrance d'une implantation magique ? Brooklyn me tapota discrètement l'omoplate, signe de réconfort. Craignant de le briser, je finis par relâcher mon étreinte.
Ses prunelles rouges me fixaient avec étonnement. Il m'adressa un sourire contrit et posa sa main sur ma joue. Ses ongles effleurèrent ma tempe et la racine de mes cheveux. Un frisson me parcourut.
— Je sais que tu t'inquiètes pour moi, mais je ne suis pas en sucre. Je peux endurer encore un peu. Et puis il y a plus grave comme problématique à l'heure actuelle.
Ses sourcils étaient froncés et une ride d'inquiétude barrait son front. Ce que je lus dans ses iris pourpres ne me rassura pas. Bien au contraire. Une perle de sueur glissa le long de ma colonne vertébrale.
Brooklyn se tourna vers Yohan qui semblait corroborer son inquiétude. L'homme de main jetait successivement des regards à son patron puis à Fred. Tout le monde paraissait stressé, mais pas pour les mêmes raisons. D'un accord silencieux, nous rejoignîmes Rolland sur les canapés.
Le millionnaire n'avait pas lâché son téléphone et tentait une nouvelle fois de joindre Thussvor. La nuit tombait gentiment. Notre chef aurait dû être rentré depuis longtemps. Rolland commençait à nous transmettre son angoisse. Quelque chose clochait. S'il avait eu un imprévu, Devyan aurait appelé. Alors pourquoi ne répondait-il pas ?
— Avez-vous des nouvelles de Devyan ? interrogea Rolland.
Chacun vérifia son téléphone. Personne n'avait de messages ou d'appels en absence du concerné. Je reléguai mes inquiétudes concernant l'antidote au second plan.
— Monsieur. Brooklyn et moi avons fait des recherches sur Vincent de Laroncière, commença Yohan.
— Ce n'est pas le moment, grogna Rolland.
— Je crois bien que oui.
La nervosité qui perçait dans la voix de Yohan sembla alerter le millionnaire qui releva le nez de son écran. D'un simple hochement de tête, il signifia à son homme de main de parler.
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Rigged Magic 1 - Bipolar
ParanormalLa vie à Becky Hall est ennuyeuse. La magie y est calme et le travail de Milicien éreintant. Carlyle Morgenstern l'a bien compris. Magicien de guérison, il remplit sa mission sans se plaindre et suit les ordres, soutenu par Brooklyn, un magicien de...