Ayla
Je me levais au petit matin. Le soleil commençait à peine à se lever. Une chose me frappa, une odeur boisée que je connaissais trop bien. Une odeur qui m'apaisait autant qu'elle me faisait bouillonner de colère. Je regardais activement autour de moi m'attendant à le trouver dans la pièce, mais rien. Mon ventre se mit à gargouiller guidant mes pas vers la cuisine. Pedro a dû sortir dehors pour remplacer un de ses hommes qui était allé se reposer. Et Teresa était sûrement en train de se dormir. Je savais donc que j'étais obligé de sortir de ma chambre et de me débrouiller seule. En temps normal, cela ne m'aurait pas dérangé, mais dans les conditions actuelles, je craignais de tomber sur Elias. Mais j'avais trop faim pour tergiverser.
Une fois au rez-de-chaussée, je me tournais vers la cuisine pour me servir un verre d'eau avant d'ouvrir le frigo et de me préparer un sandwich. Ce n'est pas très élaboré, mais ça fera l'affaire. Je me concentrais sur ma tâche afin de ne pas faire divaguer mes pensées.
- Toujours aussi belle...Énonça une voix forte depuis le salon.
Surprise, je lâchais le couteau qui tomba par terre. Je me retournais pour voir Elias s'approcher. Je me disais bien que c'était trop demandé d'être un peu seul. Il avançait avec des pas lents et ses yeux reflétés son admiration pour moi. Mais je n'allais certainement pas retomber dans ses bras !
- Il t'arriverait de fermer ta gueule de temps en temps ? Dis-je avec sarcasme.
- Oh ! La tigresse a sorti ses griffes. S'exclama-t-il ce qui fit grandir ma colère. Il pense que c'est un jeu ?
Je n'allais pas lui faire plaisir en répondant à ses provocations et me dirigeais donc vers l'escalier mon verre et l'assiette dans la main. Quand soudain, il m'agrippa le bras pour me retenir. Son regard avait changé, il ressemblait à celui d'un enfant qui venait de se rendre compte de sa connerie.
- Lâche-moi ! Dis-je entre mes dents
- Non, pas tant qu'on n'aura pas parlé. Répond-il calmement.
- On s'est tout dit !
- Non.
Il me tira doucement vers le salon pour m'inviter à m'asseoir. Son contact au creux de mon dos me fit frissonner. Putain de corps...
Une fois assise, je lui lançai froidement :
- Je t'écoute, tu as trois minutes.
Il me regarda puis sembla essayer de trouver les bons mots. Il était hésitant, ce qui ne lui ressemblait pas, lui qui était toujours si sûr de lui.
- Je pensais faire bien. J'essayais de ne pas reproduire mes erreurs passées. Mais j'ai lamentablement échoué.
- Arrête tes coner... Dis-je avant qu'il ne le coupe
- Ayla, écoute-moi jusqu'au bout... S'il te plaît
Il me suppliait ? Je n'avais pas l'habitude et je savais que lui non plus, j'ai donc décidé de me taire pour l'écouter attentivement. Même s'il allait falloir plus que des explications pour me convaincre.
- Je sais que je t'ai blessé et je pensais sincèrement faire ce qui était juste. Tu sais quand il t'a enlevé, quand tu étais entre ses mains. Je n'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. J'avais l'impression que quoi qui se passait, j'allais te perdre comme je l'ai perdu elle. Il prit une grande respiration avant de continuer son monologue. Avant que je ne rentre dans la mafia, j'avais une vie tout de plus banal enfin pratiquement. J'allais au lycée, une fille avec qui j'étais très proche. Mais mon géniteur était un homme horrible. Il n'était pratiquement jamais là et quand il était là, il me frappait. Un jour, père a invité cette fille chez nous. J'ai essayé de m'enfuir avec elle, mais elle disait que ça ne servait à rien. J'ai essayé si dur de la sortir de là, de la protéger quitte à me sacrifier pour elle. Mais je n'ai pas réussi... Sa respiration, c'était saccadé montrant la douleur qu'il ressentait à l'évocation de se souvenir. J'étais rentré des cours, plus tard que d'habitude ce jour-là, j'ai trouvé mon père sur cette fille, il l'étranglait. Je la voyais perdre de la couleur, ses lèvres devenaient bleues. Je lui ai crié d'arrêter, qu'il lui faisait mal. J'étais désespéré, j'ai pris son flingue qu'il a négligemment posé sur la table basse et en fermant les yeux, je lui ai tiré dessus. Mais... Mais il était trop tard, quand je suis arrivé à côté de cette fille que j'aimais, elle était déjà morte. Ce jour-là, mon père m'a détruit, je ne ressentais plus rien à part un vide énorme.
Une larme coulait sur mes joues, j'étais si triste pour lui. Il avait perdu la personne à qui il tenait le plus, devant ses yeux. Je le regardais lutter contre ses émotions sans trop savoir quoi faire. Sans trop savoir si je devais laisser ma colère de côté ou bien non.
- Le jour où il t'a enlevé, tu étais sous ma protection. Et savoir que tu étais entre ses mains sans savoir où, j'ai ressenti ce même sentiment d'impuissance. C'était comme si je revivais mon passé comme une punition. S'il t'avait tué, je ne saurais pas si j'aurais été capable de me relever. Tu as réussi à trouver le chemin vers mon cœur alors que j'ignorais qu'il était encore présent. Il t'appartient et s'il avait... Ajouta-t-il avec une respiration si saccadé qu'il ne put finir sa phrase.
Le voir comme ça me briser, il avait eu le courage de me raconter son histoire. Et ça se voyait que son passé le hantait encore et encore. Il le faisait angoisser. En parallèle, mon cœur s'est réchauffé par sa déclaration. Je voyais qu'il avait craint pour moi. Qu'à travers son geste, bien qu'il m'ait blessé, il pensait faire ce qui est juste pour me protéger pour pas que j'aie à revivre ce que j'ai vécu. Je me suis donc levais du fauteuil pour venir m'agenouiller devant lui et le prendre dans mes bras.
- Je vais bien, il ne m'a pas tué... Je suis là le rassurais je comme je peux.
Ses larmes coulaient. Oui, vous avez bien lu, l'homme le plus méchant des mafias espagnoles pleuré. Il s'était autorisé à me montrer ses émotions et cela me toucher au plus profond de moi. Je le laissais décharger ses émotions. Et je l'étreignais fortement en entament des caresses le long de son dos. Bien que je ne puisse pas encore lui pardonnait pour le mal qu'il m'a fait, j'étais maintenant ouverte à l'écouter. Je n'avais plus haine, mais j'étais simplement blessé. Comme si mon bébé avait entendu son père, il se mis à donner de légers coups. La sensation était magique, comme une caresse, comme les ailes d'un papillon caressant mon être. Je pris alors la main d'Elias et le positionnait là où je l'avais senti. Puis un coups plus fort se fit ressentir faisant réagir Alvarez. Il se décolla un peu de moi pour me regarder dans les yeux, je vis les siens briller d'une lueur nouvelle.
- Elias, on ne pourra pas te pardonner tout de suite, il faudra du temps et sûrement que tu fournisses des efforts. Mais je t'ai entendu et j'ai compris. Lui dis-je avec une voix douce à quelques centimètres de son visage.
Il eut un soupir de soulagement puis me répondit :
- Merci, Ayla, merci. Sache que je ferais tout pour me faire pardonner.
Je lui souris tendrement avant de me lever pour me diriger vers la cuisine ou m'attendais le fameux sandwich.
- Tu as faim ? Lui demandais-je
Il me fait un signe de tête répondant favorablement à mon interrogation puis vient me rejoindre dans la cuisine en s'asseyant sur l'un des tabourets. On mangeait donc tous les deux en se regardant dans les yeux. Après tous ses mots, le regard était un moyen de communication suffisant.
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Alvarez
RomansaAlvarez, Parrain d'une des plus grandes mafias espagnole « Las serpientes » s'apprête à rencontrer celle qui peut être sa faiblesse mais aussi sa plus grande force dans son monde. Venu de nulle part, Ayla, va devenir sa lumière alors qu'elle-même se...