68 ~𝓮𝓷𝓬𝓸𝓻𝓮~

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Tw: viol, violence

Milena

Je m'éveille, encore engourdi, dans une pièce à l'atmosphère sinistre et moite. Le froid s'immisce dans mes veines tandis que je me trouve totalement désorienté. Confusement, je m'interroge sur le lieu qui m'emprisonne et les circonstances qui m'y ont conduit. Étendu sur un matelas rugueux et maculé de saleté, mes sens sont assaillis par la rudesse des murs de pierre brute qui m'entourent. Le sol, quant à lui, est couvert d'une terre poussiéreuse qui menace d'étouffer tout réconfort.

Du haut d'un mur austère, une fenêtre apparaît, assombrie par l'implacable présence de barreaux. Un mince rai de lumière s'immisce avec difficulté, conférant à l'ensemble une aura crépusculaire et délicate. Incertain de ma destinée, je me lève péniblement pour explorer ce lieu sombre et mystérieux. Peu de choses attirent mon regard avide de réponses. Dans un coin de la pièce, trône un meuble vétuste en bois, en attente d'un passé révolu. Une chaise et une table complètent ce mobilier abandonné.

Ma volonté m'incite alors à porter mon regard vers une porte de bois massif, inaccessiblement close. Elle m'inspire frustration et profonde incompréhension face à cette injustice flagrante. Enchaîné à cette prison énigmatique, une sensation d'emprisonnement s'empare de mon être, m'envahissant d'un sentiment d'isolement inquiétant. Impuissant, je m'asseois sur la chaise qui me fait face, laissant échapper mon désarroi en pleurs silencieux empreints de désespérance. Dans cet abîme obscur, mes larmes résonnent tels un écho tragique et solitaire.

Soudain, une femme entra avec grâce dans cette enceinte lugubre. Sa chevelure blonde et ses yeux verts incarnaient une énigmatique familiarité que mon esprit feule m'interdit de saisir. Approchant à pas feutrés, elle saisit délicatement mon poignet, m'attirant vers la chaise de bois disposée au centre de la pièce. Elle me lia, avec une maîtrise déconcertante, utilisant des liens de cuir qui me ramenèrent à des souvenirs d'enfance. Cette sensation de vulnérabilité exacerbée. Mes mains, ainsi restreintes derrière mon dos, me font prendre conscience de mon immobilité, d'une incapacité à agir. La terreur parcourt mon être, ignorant ce que cette femme me réserve. Nul doute que cela ne présage rien de bienveillant.

Dans un souffle silencieux, elle me bandagea les yeux, m'anéantissant de la vue de mon prochain bourreau. Prisonnier de cette obscurité, immobilisé, je n'ai pas osé résister. Peut-être encore sous l'emprise d'un sédatif qui m'aurait été administré, je m'en remets simplement, sans opposition. Une voix masculine, émergeant des ténèbres, vient briser le silence, accentuant davantage mon angoisse.

-Jeune fille, tu peux m'échapper, mais on revient toujours chez son créateur. J'ai créé la plus grande mercenaire d'Italie et je compte bien l'utiliser.

La voix résonnait familièrement, me faisant instantanément frissonner de reconnaissance. Cette voix, c'était lui, le docteur, celui qui venait de réapparaître dans ma vie, apportant avec lui un flot d'incertitudes et de confusion. Je me sentais désemparée, perdue, ne sachant pas quels défis m'attendaient. Mais au fond de moi, je savais que cela ne serait pas une simple épreuve à surmonter. Le docteur était un homme à la dangereuse aura, capable de tout. Je me préparais mentalement pour le pire, conscients que mes chances de m'échapper étaient minces.

Mes membres étaient entravés, mes yeux privés de vue, ma conscience altérée par les sédatifs. Tous mes sens étaient entravés par cet odieux emprisonnement. Chaque fois que j'osais émettre un son, le docteur répondait par des piqûres dévastatrices, pénétrant cruellement ma chair. Dès lors, j'ai pris la sage décision de me taire, de contenir mon calvaire dans un silence aussi éloquent qu'insoutenable. Les souvenirs d'événements similaires affluaient dans mon esprit, accompagnés d'une crise d'angoisse silencieuse. Mon cœur envoyait des signaux de panique, sautant désordonné dans ma poitrine, tandis que ma respiration se troublait. Mes mains devenaient moites, de nouvelles preuves vivantes de ma tension intérieure. Je me suis sentie proche de la mort.

Dans l'obscurité, j'ai fermé les yeux pour essayer de me recentrer, de trouver un chemin vers la sérénité. Répétant des paroles apaisantes, me rassurant que tout se passerait bien. Pourtant, la vérité résonnait en moi, vraie et sinistre, je savais que ma vie était en danger imminent. Toutefois, je refusais d'abdiquer. Malgré mon aveuglement, mes liens oppressants et la brume des drogues, je gardais au fond de moi une lueur d'espoir, une volonté farouche de m'échapper. Comment y parvenir ? Le mystère demeurait entier, mais je m'accrochais à chaque parcelle de courage qui me restait. Mon dernier mot n'avait pas été prononcé, la victoire n'était pas décidée.

Soudain, une douleur aiguë traversa mon bras, des aiguilles douloureusement arrachées par le docteur. La confusion grandissait en moi, me ramenant à l'âge de dix ans, où il remonta ma robe sans retenue jusqu'à mon ventre, ôta ma culotte sans consentement. Les douleurs continuelles de ses actes violents et indéfendables m'emplissaient de larmes, d'une souffrance muette. Cependant, au milieu de sa détresse, une pensée m'envahissait, puissante et réconfortante : Klem, l'amour de ma vie. Je laissais mon esprit le chercher, le visualiser, me demandant s'il était à ma recherche, s'il se souciait de mon sort. La solitude et l'abandon m'accompagnaient en ces instants difficiles, alors que le docteur poursuivait impitoyablement son acte abominable, indifférent à mes larmes et à mes gémissements. Il agissait tel un monstre dépourvu de toute empathie et pitié, me faisant croire que la fin était proche.

Soudain, un bruit se fit entendre, surprise clouant les deux protagonistes sur place. Une silhouette se dessina dans l'ombre, c'était Klem ! Il avait trouvé le repaire! Son arrivée inattendue m'envahit d'un espoir fugace. Les yeux du docteur croisèrent ceux de Klem dans la pénombre, et face à cette situation inédite, il éclata d'un rire dément.

- Tu es trop tard, dit-il. Elle est à moi maintenant.

Klem se précipita avec vélocité vers lui, brandissant un couteau tel un chevalier déterminé. Dans le tumulte de l'instant, un cri affligeant retentit, rompant la quiétude ambiante. L'angoisse m'envahit, me laissant frissonnante à l'idée de contempler l'horreur qui avait.Lentement, retenant mon souffle, je pris mon courage à deux mains et osais enfin ouvrir mes paupières engourdies par la peur. Et là, devant moi, Klem se tenait, brisé mais encore vivant. Un flot de soulagement m'envahit tandis qu'il me libérait de mes chaînes et m'étreignait avec ferveur. Les larmes de joie dévalèrent à présent mon visage, précieux témoignage de ma délivrance tant espérée. En cet instant, j'étais plongée dans un havre de sécurité, retrouvant un refuge auprès de mon sauveur. Klem me guida loin de cet endroit infâme, cet antre où le docteur ne pourrait plus jamais nous atteindre. Ainsi débuta une nouvelle existence, où nos vies s'entrelacèrent harmonieusement. Bénies par les rires enchantés de nos enfants et enivrées par le bonheur, nous connaîmes enfin cette félicité tant convoitée. Ce fut là le jour même où je retrouvai cette étincelle d'espoir vacillant dans les profondeurs de mon être.

Cependant, tout cela n'était qu'illusion, un songe chimérique. Klem n'était jamais venu, tel un ange déchu me sauver. Une hallucination cruelle, portée par le sillage empoisonné d'un poison parcourant mes veines, égarait mon esprit. Lentement, le docteur acheva son ouvrage, se refermant sur moi-même avec froideur, tandis qu'il quittait ensuite cette pièce, laissant place à un silence de plomb, en parfaite adéquation avec mes lamentations inoubliables. Plus abandonnée et démunie que jamais, je me sentais perdue, condamnée à porter en moi le fardeau des souvenirs de cette terreur infâme qui m'avait été infligée. Dépourvue d'espoir, je m'égarais, me retrouvant dans un abysse sans fond, sans savoir où trouver refuge. Des sanglots déchirants me secouaient, brisant le silence de ma détresse. Dans cette nuit obscure, je n'entrevis aucune lueur salvatrice. Comment survivrais-je à ce désespoir qui écrasait mon être de son poids insupportable ?

Cupidon et son histoire ( tome 1 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant