69 ~𝓹𝓪𝓼 𝓮𝓷𝓬𝓸𝓻𝓮~

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Tw: crise d'angoisse viol, crise d'angoisse

Klem

Après une brève pause pour me ressaisir, je me précipite avec ardeur dans mon bureau à la recherche de tout indice qui pourrait me guider vers Milena. Je fouille, explore les dossiers que j'ai moi-même créés pour Milena, mais je me retrouve les mains vides.

Mon bureau, une pièce spacieuse à l'éclairage généreux, respire l'élégance. Ses murs immaculés sont peints d'un blanc éclatant et son sol est recouvert d'un parquet raffiné. L'ameublement moderne et fonctionnel sublime l'espace. Un bureau en bois massif trône majestueusement, accompagné d'une chaise pivotante. Une étagère chargée de livres et de dossiers, ainsi qu'un ordinateur de bureau complètent ce paysage professionnel. Sur le bureau reposent une tasse de café vide, une pile de documents et un téléphone. Je prends une gorgée de café froid, puis je plonge dans l'examen minutieux des dossiers de Milena.

Je découvre des dossiers concernant ses précédentes expériences, ses relations, ses habitudes et ses activités. Je les étudie avec une attention débordante, mais bien que mes yeux parcourent chaque page, aucun élément tangible n'émerge pour éclairer sa disparition. Une pointe de désespoir commence à m'étreindre. Je suis démuni, ignorant de la marche à suivre. Je m'accorde une profonde inspiration, cherchant à garder la tête froide et à trouver une solution.

Soudain, la rafale d'un courrier électronique provenant d'un inconnu, Apolyon, interrompt le silence ambiant. Intitulé "Milena", je me laisse guider par l'impulsion de le consulter. Ce message contient une vidéo. Je lance la lecture.

Face à moi, Milena apparaît, captive d'une chaise en bois. Vêtue de sa robe blanche, un bandeau noir entrave ses yeux. Ses mains sont liées derrière son dos et ses pieds sont attachés aux pieds de la chaise. Une cave sombre, empreinte d'humidité, se déploie tout autour d'elle. Les parois en pierre, le sol tapissé de terre, rien ne laisse transparaître la clarté du monde extérieur. Une unique fenêtre, dissimulée derrière un rideau noir, se perd au loin. Les traits de Milena trahissent sa peur, sa tête suivant un balancement frénétique, signe de sa volonté d'échapper à cette funeste situation. Impuissant, je reste là, fixant la femme que j'aime souffrir, témoin d'une douleur qui me laisse sans ressource.

Soudain, un homme s'approche d'elle. D'abord, il la torture, puis il la viole. Je ne peux soutenir le visionnage jusqu'à son terme. La simple idée de voir la personne qui fait battre mon cœur subir de tels outrages provoque une douleur cuisante en moi. Les images s'impriment alors avec une persistance douloureuse dans mon esprit, comme si j'étais là, en chair et en os, vivant ce cauchemar à ses côtés. Mon estomac se retourne, la nausée grimpant inexorablement. Je sais que je ne pourrai tenir bien longtemps. D'un geste précipité, je me dirige vers la poubelle, ouvre son couvercle et laisse échapper un flot de vomissements. Tout ce que j'ai ingéré depuis la disparition de Milena se mêle, un mélange ignoble de nourriture, de bile et de larmes. Lorsque tout est fini, un vide abyssal s'empare de moi. Vide de tout, de toute énergie, de tout espoir, de toute vie. M'effondrant sur le sol, à côté de cette insignifiante poubelle, je pleure. Je pleure pour Milena, je pleure pour moi-même.

Puis, d'un geste brusque, je me redresse, me dirige vers mon bureau. Attrapant mon ordinateur portable, je le lance avec fureur à travers la pièce. Il se brise en mille éclats contre le mur, le verre et le plastique se dispersant alentour.

La rage m'envahit, les larmes dévalant mes joues, une colère incontrôlable empoisonnant chaque parcelle de mon être. Je suis en colère contre moi-même, contre le monde, contre tout. La colère embrase mon esprit, car je n'ai pu la protéger. Mes hurlements s'étirent sans fin, comme une plainte arrachée aux tréfonds de mon âme. Puis soudain, à genoux, épuisé, je contemple les décombres. Cette pièce en ruine devient le symbole de ma vie fragmentée. Tout n'est que morceaux épars.

La panique gronde en mon for intérieur, m'engloutissant. Je lutte pour respirer, mon cœur bat à tout rompre, ma gorge se serre. Je sens la crise d'angoisse poindre insidieusement. C'est alors que Ben fait irruption dans mon bureau, attiré par le bruit de mes hurlements. Il s'assoit à mes côtés, sans un mot, affichant une inquiétude palpable dans son regard. Je suis incapable de lui parler, de faire quoi que ce soit. L'imminence de ma mort semble m'envahir. Je répétais en boucle, comme un mantra : 

-J'ai perdue la femme qui a changé ma vie. Je vais me perdre aussi.

Les images torturantes de Milena s'immisçaient insidieusement dans mon esprit, éveillant en moi une douleur si palpable, une colère si dévorante, une tristesse si accablante. Mon monde semblait soudain s'effondrer, naufragé dans une mer de tourments indomptables.

C'est alors que, dans cette obscurité émotionnelle, Ben prit ma main avec une tendresse infinie et commença à débloquer les méandres de mes sentiments. Ses paroles se frayèrent un chemin à travers mes angoisses, murmurant avec douceur et sérénité l'assurance que tout serait bien. Il m'assura que jamais je ne serais seul dans cette épreuve. Ses mots magiques, tels des bouées de sauvetage, me permirent de retrouver ne serait-ce qu'un semblant de calme. Peu à peu, ma respiration se fit plus apaisée, mon étreinte avec l'étouffement se desserra, tandis que la présence réconfortante de Ben agissait comme un baume bienfaisant sur mon être tourmenté.

Pendant de longs instants salvateurs, Ben ne se détacha pas de ma main, offrant une écoute attentive et compatissante à mes plaintes, me permettant même d'épancher ma peine à travers les larmes qui se répandaient sans retenue. Et lorsque la tempête émotionnelle se dissipait enfin, je me sentis épuisé, vidée de toute énergie vitale. Je m'effondrai alors sur le sol, à côté de Ben, qui dans un geste empreint d'une infinie sollicitude, m'enlaça dans ses bras réconfortants.

-Je suis là pour toi, m'a-t-il dit. Je ne te laisserai pas tomber.

Je fus enveloppé par ses bras, une étreinte si réconfortante qu'elle m'insuffla une certitude apaisante : Milena n'était pas perdue à jamais. Et Ben était là à mes côtés, indéfectible, déterminé à ne jamais me délaisser. Je compris alors que je triompherais de cette épreuve et, telle une étoile qui guide les marins égarés, je la retrouverais.

Mi-endormi, je sentis les bras virils de Ben me porter jusqu'à ma chambre. Une fois étendu sur mon lit, l'essence doucereuse de Milena embauma l'air, son parfum à la cerise m'enveloppant de sa suavité envoûtante. Mon esprit s'égara dans l'inconscient, assailli par un songe où Milena me faisait l'honneur de sa présence. Elle se tenait à mes côtés, resplendissante de bonheur, et ensemble nous arpentions un champ de fleurs de cerisiers. L'atmosphère était si douce, portée par une brise parfumée, et nos fous rires nourrissaient nos âmes tandis que nos mains entrelacées scellaient notre complicité. Ce fut sans nul doute le plus beau rêve qu'il m'ait été donné de faire, une expérience qui marqua mon existence à tout jamais. À mon réveil, le soleil trônait déjà dans le ciel, inondant la pièce de sa lueur céleste. Bien que fatigué, je me sentais revigoré, convaincu que Milena était encore là, veillant sur moi.

Cupidon et son histoire ( tome 1 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant