Chapitre 3

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— Je ne vois pas de quoi vous parlez !

Je ne comprends pas d'où me vient cette audace. Il sait que je mens, son sourire malicieux ne trompe pas.

— Vraiment?
— Oui, oui vraiment.

Il me reluque, je me désagrège, je pourrais me laisser aller dans ses bras rien qu'à la façon qu'il a de me regarder. Une invitation à un voyage incertain, qui vous fera perdre des plumes.

— Je dois rejoindre mes amies!

Il relâche la prise et je le regarde avec curiosité. Dans les films, le méchant ne relâche jamais sa proie. Il la séquestre jusqu'à obtenir tout d'elle. Il continue de me fixer, j'ai le souffle court, mes poumons se vident de leur air. Je n'avais jamais ressenti ça. Il se retourne et s'éloigne de moi, ses hommes de main sont aussi surpris que moi. Mais je ne m'attarde pas, je rejoins la sortie, les filles m'attendent tremblantes dans la voiture.
Je claque la portière encore toute chamboulée par cette rencontre inattendue. Ce voyage à Las-Vegas promet bien des surprises. Je ressens au plus profond de moi, que ce ne sera pas la dernière fois que nos chemins se croiseront.

Dans mon lit, je repense à cet homme viril qui doit faire tourner la tête, qui est-il? Pourquoi m'avoir laissé m'en aller ? Sachant ce que j'ai vu de ses hommes. Des dizaines de questions m'assaillent l'esprit. Je finis par m'endormir.

Au réveil, j'ai encore ce réflexe de vérifier que Tyler ne m'a pas envoyé de messages, mais il n'y a rien. Mis à part des notifications de certaines applications, aucune nouvelle de lui.
Je me redresse, je rejoins la salle de bain et me jette sous les jets d'eau, l'eau chaude me reconnecte à la réalité. Mes pensées finissent par tourner autour de cet homme aussi beau que ténébreux. Je m'habille, quand j'entends frapper à la porte, je suis envahie par une crise d'angoisse. Je suis effrayée d'être confrontée aux autres. Je ne sais plus comment me comporter avec le monde extérieur . C'est Tyler qui s'en occupait. Il ne voulait pas que je le fasse. Je restais silencieuse à ses côtés pendant qu'il gérait cet aspect de ma vie. Mes mains sont moites, mon cœur bat la chamade, j'ai peur de perdre mes moyens. Je prends le courage d'ouvrir la porte, c'est le roomservice. Pourtant, je n'ai rien commandé, on doit se rejoindre avec les filles au restaurant du casino.
Il entre et pose les mets sur la table attenante et me tend une carte. Je la saisis, je ne comprends pas bien sa présence dans ma chambre. Il referme ma porte, et je respire de nouveau. Je touche mon front, des gouttelettes inondent mon front. Je ne comprends pas mes réactions aussi disproportionnées. J'ouvre la carte et je me fige.

Ce soir au club à 20h .

Je comprends instantanément de qui provient ce mot. C'est le beau mâle du bar. Il m'a retrouvé en à peine quelques heures. Je comprends mieux qu'il m'ait laissé partir, il était sûr de me retrouver. Je me sens si bête de ne pas avoir pris la fuite. Je serais loin au moment où ce mot serait déposé dans la chambre. Je retrouve les filles au restaurant désorientées. Mes pas ne m'obéissent plus, je trébuche plusieurs fois avant d'atteindre leur table.

— Qu'est-ce que tu as Kristen?
— Le type du bar, il m'a retrouvé!
— Quoi?

Je leur montre la carte à l'abri des regards, elles écarquillent les yeux.

— On doit s'en aller loin d'ici!
— Non les filles, je ne veux pas vous mêler à ça. Je vais aller au club.
— Mais tu es folle, il fera je ne sais quoi de toi! Ces types n'ont ni foi ni loi!
— Je ne veux pas vous mettre en danger! Vous repartez en Californie!
— Hors de question qu'on t'abandonne!
— Je ne veux pas vous entraîner là-dedans. Je vous rejoindrais. je vous le promets. C'est juste un malentendu.

On mange en silence, elles comprennent la gravité de la situation. Elles tentent de me convaincre plusieurs fois, mais leur vie est plus précieuse. J'ai déjà beaucoup perdu ces derniers jours, je n'ai plus rien à perdre contrairement à elle. Mon sacrifice est légitime.
Je les raccompagne à leur chambre, je ne leur laisse pas le choix, elles doivent partir le plus rapidement possible. Elles écourtent leur réservation, je les accompagne jusqu'à l'aéroport.

En descendant de la voiture, je me sens épiée. Je tourne ma tête dans tous les sens, elles changent leur billet. On rejoint la salle d'embarquement quand deux types me saisissent chacun de leur côté. Les filles se retournent, horrifiées sur la scène qui se joue devant elles.

— Lâchez-la espèce de sales brutes!
— Un seule mot mes jolies et on vous ramène avec la demoiselle!

J'interviens.

— Allez-y les filles, ça va aller.

Elles ne bougent pas d'un centimètre, trop choquées par ces deux brutes qui me maintiennent. Mais je ne leur laisse pas le choix, leur vie est en danger. Elles ont cette possibilité de fuir.

— Ecoutez-moi les filles! Vous me faites confiance? Je ne crains rien.

Mon mensonge fait peine à voir, elles ne sont pas convaincues. Mais à force de persuasion, elles finissent par partir à contrecœur. Elles se retournent à chaque pas, je continue de sourire. Une fois qu'elles ne m'ont plus dans leur champ de vision, je craque, j'éclate en sanglots . Ma vie est un fiasco, c'est de pire en pire. La douleur de la séparation n'était pas assez lourde à porter, je dois basculer dans un milieu qui ne laisse aucune place à la certitude. Ils me dirigent vers une voiture, les vitres sont teintées. La porte se verrouille et la voiture démarre. Cette fois, je n'ai plus d'échappatoire, personne ne viendra me sauver . Je prie secrètement que les filles signalent ma disparition.

La voiture s'arrête devant le club, qui est fermé. On entre par une porte dérobée. On monte l'escalier jusqu'au bureau où les deux hommes de main passaient à tabac le pauvre type.
La porte s'ouvre sur lui, un cigare à la main, me fixant avec malice.

La veuve noireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant