Chapitre 20

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Coucou
La suite.
♥️♥️♥️
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Le matin, j'entends le vent taper sur les volets, je refais les souvenirs de la veille, je suis en Irlande, avec mon tortionnaire. Je ne sais pas si c'est le qualificatif. J'étais retenue par lui, mais maintenant, il contribue à mon sauvetage. Je sors de la chambre, des dizaines de sacs sont disposés au sol, certains de nourriture et d'autres de vêtements pour moi. Un des hommes se saisit des sacs de nourriture et les range dans la cuisine.

— J'ai pensé que tu aurais besoin de vêtements.
— En effet, merci.
Il sourit.

— Un remerciement? On avance.

Il me fixe de ses yeux couleur océan, j'ai beau avoir vu la mer à plusieurs reprises, mais ses yeux sont une huitième merveille. Comment peut-il avoir un regard aussi expressif et être aussi froid? Je ne suis pas la seule à avoir goûté à la mort. Je sens du plus profond de moi qu'il l'a touché de près. Je me saisis des sacs et me redirige vers la chambre. Je choisis une tenue et je plonge sous un jet d'eau brûlant. Je me sens reconnectée au monde qui m'entoure. J'enfile une serviette et je m'habille. Quand je sors, une vieille dame est dans la cuisine, elle prépare un plat typiquement irlandais , ça sent divinement bon.

— Kristen, je te présente Mme Venberk. Elle logera avec toi jusqu'à mon retour.

Mon cœur tambourine, il va partir aussi vite. Je suis encore livrée à moi-même. Je me dirige vers la porte de la cuisine et sors à l'extérieur. Tout le monde finit par m'abandonner tout au tard. Les larmes me montent aux yeux.

— Je reviendrai te chercher.
— Tout le monde me dit ça et c'est faux.
— Je ne suis pas comme les autres.

Je hoche négativement la tête, en signe de désapprobation. La solitude me pèse, j'avais plus ou moins mis un terme à cet abandon perpétuel avec Tyler. Deux ans où j'avais retrouvé une place au sein de la société. Je lui ai accordé ma confiance, croyant à ses belles paroles. Jusqu'à ce qu'il décide qu'il ne pouvait plus. Je sens ses mains m'attirer à lui, j'essaye de me dégager, mais il me retient.

— Je reviendrai te chercher.
— Prouve-le-moi.

Il me fixe avec perplexité, me libère de ses mains, et il se tourne vers l'océan. Mes cheveux virevoltent dans tous les sens. Je suis figée sur place, dans l'attente d'avoir une preuve sur laquelle se rattacher. Il finit par se tourner vers moi, se saisit de mes mains, les pose sur son torse en fermant les yeux. Avoir mes mains sur lui, lui coûte, un lourd sacrifice. Sa respiration est saccadée, je sens son cœur battre à tout rompre. Je les retire, sa respiration se normalise.

Le reste de la journée, je lis devant la cheminée, j'ai encore une image furtive de lui qui m'entoure de ses bras autour de la cheminée. Je n'avais jamais eu ce genre de pensée avec Tyler. Je secoue à nouveau ma tête pour me concentrer sur mon livre, mais rien y fait, elle persiste. Je referme le livre et le pose en fixant le feu crépiter. Je le sens s'asseoir à mes côtés, il me tend une boisson chocolatée.

—  Merci.
— Ce n'est pas de faute.

J'émets un râle de soulagement, cette douleur lancinante qui ne me quitte pas, s'allège par ces quelques mots. Ce n'est pas ma faute. C'est ce que mon père m'a dit, après le premier drame. Je n'ai jamais été convaincu, bien que ce soit le cas, j'ai cette culpabilité qui ne me quitte pas. Elle est greffée à mon cœur et j'en porte le poids chaque jour.

— Liam.
Cette fois son regard se charge de tristesse, je ne lis aucune colère.

— Pourquoi tu t'autorises à le dire Kristen?

Mme Venberk nous interrompt pour nous informer que la collation est prête. On se relève en direction de la salle a manger, elle a préparé des pâtisseries irlandaises. Des souvenirs de ma mère en train de les préparer me foudroient en plein cœur. Voilà pourquoi je m'étais promis de ne plus y revenir, la charge émotionnelle ici est trop prenante. Tirer un trait est une façon de fuir tous ces souvenirs douloureux.
Je me saisis d'un scone, je l'amène à ma bouche, je ferme les yeux pour en apprécier la saveur. C'est comme dans mes souvenirs, familier, maternel. Une larme coule sur mes joues.

— Ça ne vous plaît pas Kristen?

J'ouvre les yeux sur madame Venberk, qui semble perturbée par ma réaction.

— Non, c'est délicieux, ma mère faisait les mêmes.
— Paix à son âme.

Elle continue de manger sans prêter attention à moi. Liam continue à me fixer, je peux y lire de l'empathie, première fois que ça arrive. J'ai pris l'habitude qu'on me regarde avec la peur dans les yeux, mais pas Liam. Il ne ressent rien de ça. Je me concentre sur ma collation. Une fois terminé, j'ai besoin de prendre l'air, j'enfile un manteau chaud, un châle et mes bottes chaudes.

— Tu vas quelque part?
— Marcher sur le bord de mer
— Je t'accompagne.

Liam enfile son manteau, on se dirige vers les bordures de côte. La maisonnée est en hauteur, il y a un chemin de terre que les hommes ont creusé pour accéder à l'océan en contrebas. Il est étroit et glissant. Il retient plusieurs de mes chutes. On y est presque quand je glisse à nouveau , il tente de me retenir, mais je tombe sur lui. Je me retrouve au-dessus de lui. On rit jusqu'à être de nouveau happée par cette attirance. Nos sourires s'effacent, nos yeux fixent nos lèvres. Ça dure de longues secondes, jusqu'à ce qu'il m'aide à me relever.

On se balade le long de l'océan, les vagues frappent le rocher, dans un bruit assourdissant, c'est magnifique. Le paysage est époustouflant, on s'arrête pour fixer le paysage lointain.

La veuve noireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant