Chapitre 10

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Il relâche la prise, mais garde un œil sur mes mains. Je m'approche de son bras dans un mouvement lent. Je tapote l'orifice de sa blessure, il ne bouge pas. La douleur ne semble pas l'atteindre. Je finis de désinfecter, je me saisis du ciseau pour extraire la balle. Il me guide, il semble coutumier de ces blessures. Quel funeste destin le lie à moi, à une veuve noire. Je réussis à localiser la balle, elle n'est pas allée loin, je l'extrais, il reste de marbre, silencieux, pas un bruit étouffé.
Je désinfecte de nouveau la blessure, il me tend l'aiguille pour suturer, il a du matériel de chirurgie, ce n'est pas anodin. Je suture la blessure et je désinfecte en abondance. Je m'adosse au lavabo, ma respiration est bruyante, saccadée, comme si j'avais effectué un marathon deux minutes auparavant. Il pose un pansement chirurgical, je le détaille. Il ne possède aucun tatouage, contrairement aux autres. Personne ne peut le toucher, tout s'explique.

— Tu vas me reluquer encore longtemps.

Je suis prise en flagrant délit de voyeurisme, je rougis de gêne. Il sourit avec malice et s'approche de moi. Je pose mes mains sur son torse ferme, il suit des yeux mes mains. Je lui relève la tête, il sourit.

— Qui es-tu Liam?
Il me fixe intensément.

— Ta prochaine victime.

Je me détache de lui, horrifiée par ses mots, j'ai la gorge nouée, mes larmes menacent de couler. Je sens monter une crise d'angoisse violente cette fois, je n'arrive pas à respirer, mes poumons sont vides de tout air. Je pose mes mains sur mon cou. Aucun son ne sort, il m'attire à lui et m'embrasse. Il m'insuffle son oxygène, mes poumons se gonflent d'air, je respire à nouveau. Mes épaules s'affaissent , il se détache de moi, ma tête retombe sur son buste. Il me porte jusqu'à son lit, mes larmes coulent, je ne peux plus les retenir, peu importe qu'il voit cette partie de moi. Je me suis trop contenue. Je lui donne mon dos, je sanglote silencieusement.

— Ton putain de Tyler n'avait pas les épaules pour ça!
— Tu ne sais rien de lui!
— Je sais tout de toi, ça me suffit!
— Qui es-tu?
— Je te l'ai dit, ta prochaine victime.

Une crise d'hystérie me broie de l'intérieur, je crie de désespoir, de frustration. Je perds la tête, me revoilà des années en arrière, je perds toute notion de la réalité. Des années de thérapie qui partent en fumée.

— Calme-toi putain!
— Va-t-en!
— Je ne suis pas lui!
— Va-t'en je t'en supplie!
— La ferme! Repose-toi, la nuit porte conseil.

Il se dirige vers la porte .

— Où est-ce que tu vas?
— J'ai besoin de réfléchir.
— Reste avec moi! Ne me laisse pas seule.

Je l'entends souffler fort et s'allonger à mes côtés. Je me retourne , il fixe le plafond. Sa respiration est lourde.

— Je dois m'en aller.
Il rit.

— Tu veux aller où? Jusqu'à présent ça t'a réussi?
— Je veux retrouver Tyler.
— Tu es stupide c'est ça?

Je me retourne sur le côté et je ferme les yeux, tout se mélange dans ma tête, je refais la chronologie, mais tout s'embrouille. Il y a quelques semaines, j'étais une femme au foyer accomplie. J'attendais gentiment le retour de Tyler derrière les fourneaux. Il entrait, m'embrassait en entourant ses bras, ma taille, me disait qu'il me trouvait particulièrement jolie. Je lui parlais de mon souhait de sortir avec lui, mais il refusait à chaque fois, prétextant une fatigue. Puis, nous mangions en silence, jusqu'à ce qu'il reçoive un coup de fil de cette jeune femme. Il changeait de comportement, s'isolait dans une pièce et revenait comme si tout était normal. On continuait de dîner et on allait se coucher. Une routine qui s'est installée des mois entiers. Je ne pouvais plus sortir voir mes amies, il était jaloux, il avait peur que je le quitte pour un autre. J'ai perdu mes amies en route, il n'y avait qu'Ava et Jennie qui venaient me voir chez moi. On passait notre temps ensemble. Il m'autoriserait certaines sorties, mais uniquement en leur compagnie. Je finis par m'endormir.

En me levant, je touche sa place, elle est froide, il est réveillé depuis longtemps. Je rejoins ma chambre, me glisse sous l'eau chaude. Je m'enroule d'une serviette. Je m'observe dans le miroir, je me saisis d'un ciseau, et je coupe mes extensions, ça ne sert plus à rien. Les mèches tombent peu à peu dans le lavabo. J'enlève la colle fixatrice. Mes cheveux m'arrivent de nouveau au-dessous des oreilles. Je me sens légère. Je sors de la salle de bain, je m'habille.
Il est attablé , il pose ses yeux sur moi , et fixe mes cheveux.

— Tu sors enfin de ta coquille Kristen?
— Apprends-moi à me défendre.

Il pose sa tasse de café, il me reluque. Son regard est déstabilisant , je me sens mise à nu, à sa merci.

— Tu es trop faible.
— Non!
En criant.

Il sourit et se reconcentre sur son journal. Je m'approche et lui arrache son journal, ses mains restent en suspens.

— Apprends-moi!
— La dernière fois que tu avais une arme, tu l'as braquée sur moi!
— Je suis désolée d'accord, j'étais en colère.

Il explose de rire, je m'agace.

— On en reparlera. En attendant, tu ne quittes pas la maison.

La veuve noireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant