Chapitre 37

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Coucou
La suite...
♥️♥️♥️
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Je m'introduis dans la douche, je me déshabille, ouvre le jet d'eau , je me glisse sous l'eau chaude. La sensation est différente, je suis moins émerveillée par cette douce chaleur. Mon corps se réhabitue à profiter d'un geste anodin du quotidien. Je pose mes mains à plat sur le carrelage de la douche, quand je sens des mains m'entourer la taille, des mains qui m'obsèdent de jours en jours. Je n'ose pas me retourner.

— Le moment qu'on a partagé dans cet hôtel, réel ou pas réel?
— Réel.

Je me retourne, ses cheveux dégoulinent d'eau, et ses yeux me fixent avec profondeur. Des yeux si expressifs pour quelqu'un d'aussi froid. J'en oublie même mon corps nu, squelettique, qui me fait honte. Je pose mes yeux sur ma silhouette. Il me relève la tête et me force à le regarder.
Il décroise mes mains, et les pose sur son buste.

— Mes mains sur ton torse sont réelles ou pas?
— Réelles.

J'éclate en sanglots, j'ai l'impression de perdre la tête. Je sors de la salle de bain, m'enroule dans une serviette et me jette sur le lit trempé. Son image ne m'est pas apparue, je me rendors.
Un des hommes me réveille pour le dîner, je n'ai pas faim, toutes ces superpositions de souvenirs qui se mélangent, me coupent toute notion de la réalité.

J'enfile un t-shirt et un bas de pyjama trouvés dans le placard. Je descends l'escalier, je m'assois à cette table. Mais je remarque deux couverts. Il n'y a pourtant personne assise en face de moi.

— Ma chérie.
Je suis le son d'où provient cette fois si familière.

— Papa.

Les larmes me montent aux yeux, je tremble de tout mon corps. Je ne le voyais jamais dans mes hallucinations, mon trouble semble se dégrader, je bascule dans la folie, j'en suis convaincue.
J'essaye, j'essaye de me concentrer sur la réalité.
Je vois son image, vieille de quelques années, des petites rides ont fait apparition sous ses yeux et autour de ses lèvres. Il s'assoit, je croirai entendre le bruit de la chaise grincer sur le sol.

— Mon père devant moi, réel ou pas réel.
— Réel ma chérie.

Mes yeux se posent sur Liam adossée à la porte.

Je mets bien quelques secondes à réaliser ce qui se passe devant moi. Quand je pose de nouveau les yeux sur la porte, Liam n'est plus là.

— Je suis tellement désolé ma chérie.
— Pas autant que moi.
— J'aurais voulu te préparer à ce milieu.
— Je ne regrette pas que tu ne l'aies pas fait.
— Vraiment?
— Oui.
— Tu m'en veux?
— Tout dépend de ce que tu as fait.

Il baisse la tête. J'ai de nouveau cette impression d'être dans la réalité, ses gestes, son parfum que je sens comme s'il était en face de moi me rappellent des souvenirs heureux.

— J'ai commis des atrocités. Tu ne peux pas imaginer ce que la soif du pouvoir peut te pousser à faire.
— Je l'ai vécu de près ces derniers mois.

Je me relève pour mettre un terme à cette réalité que je déteste. J'aurais aimé les entendre de son vivant. Avoir sa version des faits, les imaginer ne soulagera pas ma douleur.

— Je suis réel!
— Tu mens. Liam ne l'est pas aussi . Vous êtes tous sortis tout droit de ma tête. Je crois que je perds la tête.
— Non, je n'ai jamais été tué dans cette voiture, j'ai simulé ma mort, en espérant pouvoir mettre un terme à ces tueries. Mais les choses ne sont pas passées comme je l'aurais souhaité. Il s'en est pris à toi.

Je retombe sur ma chaise, en état de choc. Ses mots ne peuvent pas être le fruit de mon imagination. Mes souvenirs me plongent dans l'annonce de sa mort par Tyler.

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Flashback.

Tyler entre dans la cuisine, entoure ma taille de ses mains comme tous les soirs. Mais il est différent des autres soirs, accablé, ses épaules affaissées par un lourd fardeau.

— Chérie, j'ai quelque chose à t'annoncer.

Je le fixe, mon sourire s'efface. Je sens que c'est grave.

— Je suis désolé.
— Tyler?

Il s'assoit sur la chaise, et met ses deux mains entre sa tête.

— Ton père a été tué.

Je relâche mon dernier souffle et je tombe au sol.

La veuve noireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant