La veuve noire

Chapitre 48 (fin)

Je me saisis de ma robe noire, que je porte depuis trois mois, elle ne me quitte plus. Elle fait partie de moi, j'ai appris à l'accepter. Je me regarde dans le miroir, toujours ce regard vide. Dès que je pose les yeux sur moi, j'ai le souvenir de sa mort.

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Flashback.

— Relève-toi Kristen!
— Non! Elle doit mourir fiston.

J'émets un cri d'horreur, je fixe Liam qui sort son arme et mes cris redoublent. Je ne peux pas assister à ça. Je préférerais ne pas être au milieu de tout ça, être le centre de cet intérêt macabre.
Il me parle, mais je n'entends rien, mes cris ne s'arrêtent pas.

Des bruits de tirs retentissent dans l'église, les déflagrations proviennent de tous les côtés, Liam se jette sur moi et fait le bouclier. Je me bouche les oreilles, les bruits sont assourdissants dans cette chapelle. Il me tire derrière l'autel, pendant qu'il vise des hommes qui nous tirent dessus. Et puis le silence, plus aucun bruit. Liam m'aide à me relever, on dresse un constat affligeant. Des hommes sont criblés de balles. La sœur de Liam est blessée au sol, elle émet des râles de douleurs. On pose les yeux sur son père, ses yeux sont grands ouverts. Liam accourt vers lui, pendant que je vois mon père blessé à l'abdomen s'effondrer comme une masse au sol. Je me vois courir, mon coeur tambourine. Je me jette sur lui, sa respiration se fait difficilement, il souffre. Je pose sa tête sur mes genoux.

— Chérie, écoute-moi! Tu vas pouvoir être libre de choisir.
— Non, non papa, je ne veux plus choisir. J'ai encore besoin de toi.
— Ça devait se finir comme ça.

Il sourit, ses yeux se révulsent. Ils restent ouverts, je les lui ferme et je crie de douleur.
Liam s'approche de moi, il tente de me toucher, je me débats. Puis je me jette dans ses bras, je le serre le plus fort possible, ses bras réconfortants que j'ai tant désirés.

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De nos jours.

Je marche dans le cimetière en direction de la tombe de mon père, cette fois son cercueil n'est pas vide. Il est là, en dessous. Je m'agenouille et pose mon bouquet de fleurs noires, je fais une prière silencieuse. J'embrasse sa pierre tombale, j'y ai fait graver une photo de lui.

— Arrête de me suivre Liam!

Il sort de sa cachette.

— Je ne peux pas.
— J'ai besoin d'être seule aujourd'hui.
— Je déteste cette couleur sur toi.
— C'est bientôt fini .

Je me tourne vers lui, son regard est empreint de tendresse.

— Qui es-tu Liam?
— Ta première victime.
— Quoi?
— J'aurais dû être ton premier mari.
Il émet un râle de soulagement.

— Je ne comprends pas.
— Nos parents avaient convenu d'unir nos deux familles. On aurait dû se marier, si ton père n'avait pas trahi mon père en exécutant froidement ma mère et mon beau-frère.

— Non, c'est faux tu mens!
— Je suis désolé. Je porte ce secret depuis trop longtemps.

Il s'en va.

Je rejoins l'église, je m'avance vers l'autel telle une mariée en deuil. Quelques regards des croyants dans l'église se posent sur moi. Mon accoutrement ne passe pas inaperçu. Je m'agenouille devant l'autel. Ma respiration est lourde, mes larmes coulent. Je fais une prière silencieuse pour tous les morts qui gravitent autour de moi. Je pose mon bouquet de fleurs noires symboliquement. La veuve noire se détache de ses fardeaux.
Ce jour-là, on a enterré nos pères et enterré la hache de guerre. Je me relève et quitte cette église, je souris à un avenir radieux.

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Six mois plus tard.

— J'ai une réservation.
— Donnez-moi votre nom?
— Williams.
Elle fixe mon ventre.

— C'est pour bientôt?
— Dans cinq mois.

Je sens des bras s'enrouler autour de mon ventre et un baiser dans le cou. C'est si agréable, je ne m'en lasse pas.

— Liam, je travaille là!
— Laisse-les employés le faire.
— Est-ce que c'est définitivement réel?
— Oui cette fois oui.

Il pose ses lèvres sur les miennes et je le sens du plus profond de mon être, la veuve noire a laissé son uniforme au placard. Mon père a donné de sa vie pour me le retirer définitivement, c'était la seule issue finale.