La veuve noire

Chapitre 16

Six mois plus tard.

Je suis dans l'institut où je travaille à New-York. J'ai changé d'environnement, je retrouve peu à peu goût à la vie. Je suis de nouveau une thérapie , ça m'apaise. Je ferme l'institut, je me dirige vers ma voiture, mais aujourd'hui, je me sens épiée. Je me retourne plusieurs fois, mais il n'y a rien. J'accélère le pas jusqu'à ma voiture. Je démarre et je retrouve mon appartement. J'ouvre la porte, je la referme et souffle .  Je m'assois et je repense à Tyler, mais ça ne dure pas, Liam envahit de nouveau mes pensées. Six mois que ça dure, j'ai tout essayé pour me le sortir de la tête. En six mois, j'ai déménagé quatre fois, j'ai cette impression d'être suivi continuellement. Mon téléphone sonne me sortant de mes pensées, c'est Tyler.

— Ça va ?
— J'ai de nouveau cette sensation.
— Ava et Jennie viendront assurer ta sécurité.
— J'en ai marre de tout ça. Dis-moi ce qui se passe?
— Ils en veulent à moi.
— Pourquoi?
— C'est compliqué.

Je finis par raccrocher, la discussion tourne en rond. Toujours ses mêmes réponses qui n'ont ni queue ni tête. Pourquoi ne suis-je pas en sécurité à cause de lui? . Je ne comprends rien. Je me prépare à manger, la solitude me pèse. La journée j'oublie mes problèmes, au contact des clients. Je pense à autre chose, je fais la conversation avec les clients. Mais le soir,  je me sens si seule. Je n'ai pas revu Tyler depuis trois mois . Il préfère rester loin de moi, pour ma sécurité. Je ne comprends pas pourquoi. Je mange devant une émission de télé, je finis par m'endormir, épuisée de fuir continuellement.

Le matin, je me prépare pour une nouvelle journée de travail, Jennie et Ava passent me chercher comme convenu. Nos relations sont devenues strictement professionnelles, je me suis senti trahi. Malgré plusieurs tentatives de leur part, je n'ai pas réussi à dépasser ma déception. Ava conduit la voiture, je regarde les rues new-yorkaises défiler. J'ai grandi ici, dans une banlieue chic, y revenir était une évidence. Tyler ne s'y est pas opposé, bien que je doive déménager assez souvent, ça ne me pose plus de problème. La voiture s'arrête devant l'institut où je travaille.

Elle reste à proximité pour sécuriser le périmètre, j'enfile ma tenue. Elles reviennent une vingtaine de minutes plus tard, elle m'informe qu'il n'y a rien à signaler. Elles repartent, je commence ma journée soulagée. La première cliente entre dans  son box pour un massage relaxant. Je m'affaire à la tâche.

La journée se termine, je range le matériel, je fais la comptabilité , la porte s'ouvre, j'entends la clochette.

— Nous sommes fermés.
— Tu as bien cinq minutes pour moi.

Mes yeux se posent sur lui. Il est devant moi en chair et en os. Ma respiration s'accélère , mon cœur tambourine et menace de sortir de ma poitrine. Je suis à deux doigts de pleurer. Je ne sais pas si c'est de  soulagement ou de peur.

— Tu as perdu ta langue?
— Je suis juste surprise que tu m'aies retrouvé.
— Tu ne sais pas qui je suis, Kristen.
— Je commence à le voir.

Il s'approche du comptoir , je retiens mon souffle, son parfum emplit de nouveau mes narines, mes yeux se ferment pour apprécier de nouveau cette odeur si familière et lointaine.

— Tu as changé de vie.
— J'ai essayé jusqu'à ce soir.

Il sourit, je me désagrège. De nouveau envahie par ces multiples émotions qui apparaissent qu'en sa présence. Il s'approche de plus en plus .

— Liam.

Ses yeux sont de nouveau remplis de colère. Il ne supporte toujours pas qu'on prononce son prénom. Mais j'ai besoin de le dire à haute voix, des semaines que ce prénom tourne en boucle dans ma tête sans savoir pourquoi.

— Liam.

Il pose de nouveau ses yeux sur moi, sa colère ne redescend pas. Mais je devais encore évacuer cette frustration qui dure dans le temps.

— Tu as retrouvé ton cher  Tyler.
Avec une voix pleine d'amertume.

— D'une certaine façon oui.
— Ah il t'a plaqué.
— Non. Nous sommes en pleine réflexion.

Il se met à rire, comme s'il venait d'entendre la plus drôle des blagues. Je souris.

— Tu me suis?
— Non, j'ai ma vie ici. Je ne répèterai rien de tes  activités illégales. J'ai tenu ma bouche jusque-là et je compte bien m'y tenir.

Il rit de nouveau. C'est énervant, pourtant je ne dis que la stricte vérité. Je ne trahirai pas son secret. J'avais même oublié ce qui s'est passé dans son bureau par ses  hommes de main. J'avais réussi à ne plus y penser.  Il s'approche de moi, il est collé au comptoir.

— Ils sont là.
— Qui?
— Putain, tu ne sais vraiment rien?
— Mais de quoi tu parles?

Je le regarde abasourdie, je tourne mes yeux vers l'entrée, je vois des hommes s'approcher de la boutique. Je me fige, mon coeur accélère le rythme, mais pour une tout autre raison. Il me saisit par le bras et me ramène vers l'arrière-boutique. Il accélère le pas, on se fait tirer dessus. Mais qui sont -il? Des hommes qui en veulent à Tyler? Qu'est-ce qu'il fait pour attiser leur haine?