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——————Les semaines s'écoulent au gré des saisons, je m'occupe comme je le peux. Le printemps laisse peu à peu place à la saison que j'adore, l'été. L'herbe est fleurie, la pluie s'efface peu à peu en faveur des éclaircies. Je me balade et je dépasse mes limites à chacune d'elle, de plus en plus loin. Tout est si apaisant loin des problèmes. Je n'ai pas eu de nouvelle de Liam, il m'a abandonné, il n'est pas revenu. Je suis en pleine préparation de confiture avec Elisabeth, elle fait elle-même ces préparations, un cordon bleu. Elle me rattache d'aussi loin que je connaisse à une famille. Les dernières semaines ont été pluvieuses, nous nous occupions de lire et de discuter devant le feu de la cheminée.
Je verse le fond de la casserole dans un bocal, elle les stérilise. Je la regarde faire, c'est si apaisant.— J'ai connu ta grand-mère.
Trois mois qu'on discute de tout et de rien et qu'elle n'a pas trouvé opportun de me relever cette information cruciale.
— Comment?
— Nous étions voisines à Dublin. J'ai emménagé il y a cinq ans ici. Tu sais, je t'ai connu haute comme trois pommes.
Elle sourit avec tendresse.— Qu'est-ce que je dois savoir Elisabeth?
— Que ce n'est pas ta faute.Mes épaules s'affaissent, encore une personne qui me le confirme, ce poids que je porte se relâche instantanément. Ce n'est pas ma faute, elle l'a dit, sans contrainte et en connaissance de cause.
— J'aimerais me rendre dans notre maison de vacances.
— Ils ne te laisseront pas quitter cette maison.
— Je sais.
— J'ai peut-être une idée.Je reprends confiance, elle m'expose son plan, elle n'est pas irlandaise pour rien, rusée et très habile.
Elle m'a tant appris de choses, à tirer, à me défendre. Les dernières semaines, nous ne nous occupions pas que de faire de la confiture. Elle m'a enseigné le maniement des armes, elle est une ancienne espionne redoutable. Liam savait ce qu'il faisait.
Il y a trois mois, quand elle m'a emmené dans la grange attenante, je pensais y trouver des animaux , et non une salle d'armes et d'entraînement. Elle m'a poussé dans mes retranchements, m'a endurcie. Elle a fait de moi, celle qui survivra dans cette jungle.Nous sommes en fin d'après-midi, elle pose la collation, les hommes de main se joignent à nous. Il déguste leur scone et boisson chaude avec avidité. Elle est très bonne cuisinière, les hommes à mains raffolent de ses bons plats. Je commence à débarrasser quand le premier s'écroule sur sa chaise, Elizabeth les regarde en souriant. Elle est vraiment machiavélique. Le deuxième ne tarde pas à s'écrouler sur la table. Sa tête fait un bruit sourd en cognant le bord.
— Tu as quelques heures devant toi. Quand ils se réveilleront, ils verront la supercherie et il vaut mieux que tu sois loin.
— Comment ça ?Elle me tend un porte-document, avec un passeport et un billet d'avion.
— Non, je ne veux pas partir.
— Survie !
— Je veux rester avec toi.
— Je t'ai tout appris. Ils finiront par te retrouver ici.
— Qui?
— Les ennemis de ton père.J'ai un coup de poignard en plein cœur. C'est donc lui leur cible. Ce n'est pas Tyler, je comprends mieux quand Liam se moquait de ma naïveté.
— Qu'est-ce qu'il a fait?
— Des choses innommables.Je fouille dans la poche d'un des hommes, je prends Elisabeth dans mes bras et je fonce vers la voiture. Je démarre à toute vitesse, je roule plus d'une heure en direction de Dublin. Je stationne à proximité de la voiture. Je passe par l'arrière de la maison. Les volets sont rouillés, le bois rangé par le temps, je tire dessus, il s'ouvre , je me saisis d'un pot de fleur et je casse une des vitres. J'ouvre la fenêtre. J'entre dans la cuisine, la pièce sent le renfermé, poussiéreuse, autrefois, elle sentait la vie et la joie. J'ouvre sur le séjour, les meubles sont couverts de draps. Comment j'ai pu ne pas penser à cet endroit. Je me dirige vers son bureau, les souvenirs de moi sur les genoux de mon père m'assaillent l'esprit. Il répétait sans cesse une phrase.
— Un jour cette cheminée te délivra des secrets.
Je m'abaisse à son niveau, il n'y a pas de suie due aux feux qui se consument, elle paraît condamnée. J'ouvre le protège-verre, un coffre est dissimulé derrière. Je réfléchis sur le potentiel code et je ne vois que ma date de naissance. Ça ne peut être que ça. Je compose ma date de naissance. J'entends un clic et le coffre se déverrouille. Il avait prévu ma venue ici, mais j'ai baissé les bras. J'ai tiré un trait sur ce passé. J'en retire les objets du coffre, une lettre à mon nom et un document.
Je prends les documents, je me saisis de plusieurs photos de famille sur le bureau de mon père, je n'avais aucune photo mise à part des souvenirs. Je ressors de la maison, et je regagne la voiture, je n'ai que quelques heures devant moi.
Je rejoins l'aéroport, le plus proche, mon billet est non daté, le prochain part dans une heure pour le Tenesses. Je le prends, j'aviserai sur place. Je vais me débrouiller seule, trop de gens sont morts à mes côtés.Je me pose en salle d'embarquement, je suis aux aguets, les hommes de Liam doivent être à ma recherche. J'espère qu'ils ne feront pas de mal à Elisabeth, elle a beaucoup de ressources.
C'est l'heure de mon vol, jusqu'à la dernière seconde, j'imagine ses hommes venir me récupérer et me ramener vers cette prison.J'embarque, je rejoins mon siège, je regarde par la fenêtre en inspectant les passagers qui montent dans l'avion. L'avion roule sur la voix de décollage, on décolle, je souffle et relâche la pression.

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La veuve noire
RomanceKristen se fait plaquer par son futur mari. Ses amies maintiennent son enterrement de vie de jeune fille à Las Vegas, pour lui changer les idées. Kristen voit sa vie boulversée quand elle est retenue contre son gré par un ténébreux mafieux. Il fera...