Chapitre 28

5.1K 696 5
                                        

Ce chapitre contient des scènes de violences.
——————-

Je suis dans le noir depuis de longues heures, je suis toujours dans le même état de choc, j'essaye de refaire le bilan de ma vie, mais j'ai comme un blocage. Je suis enfermée chez un ennemi de mon  père et je ne sais toujours pas pourquoi. Dans sa lettre, il ne parle pas de l'acte qui m'a mené jusqu'à ce que cet homme,  qui a de lourds griefs contre lui.
J'essaye de repérer un brin de lumière, mais il n'y a rien , juste la pénombre comme mon cœur en ce moment. Je suis destinée à cohabiter avec cette noirceur. La porte finit par s'ouvrir, une femme entre dans la pièce, je distingue sa silhouette.

— La veuve noire a perdu sa langue?

Je ne réponds rien, le silence alourdit cette  tension qui monte en puissance. Son intonation me fait frémir, mes poils se redressent. Mon coeur tambourine pour signaler un danger imminent. Je la sens saisir de mes cheveux et me tirer en avant. Je ne réagis pas, cette stupéfaction ne semble pas me quitter.

— Putain de veuve noire!

Le premier coup est donné dans mon ventre, je me plie en deux de douleur. J'étais  à deux doigts de renvoyer mon dernier repas, tant la douleur est écrasante. S'ensuit un deuxième, puis un troisième, les coups pleuvent. Je subis en silence. Une fois les coups au ventre finis, elle me  donne un coup de poing, je retombe en arrière. Elle s'approche de mon  corps et m'inonde de coups de pied, j'entends des craquements dans plusieurs parties de mon corps. Cette femme n'est pas humaine. Elle finit par me cracher dessus et quitter la pièce.

C'est à ce moment que je réalise la douleur, j'ai mal dans chaque partie de mon corps, je peux à peine bouger, j'émets des râles de douleur quand j'essaye de me relever. Je reste allongée sur ce sol sombre, mes yeux se ferment.

Je suis réveillée par le bruit de la porte qui se verrouille, on me jette un sac et un pot. C'est donc ça mon sort, me déshumaniser, m'enlever toute forme d'humanité.

Je récupère les deux objets, l'un est  pour  faire mes besoins et l'autre une bouteille d'eau et un morceau de pain. Je n'ai même pas la force d'éclater en sanglots. Il me rationne pour m'affaiblir et me garder en vie.  Je bois quelques gorgées, le morceau de pain est dur et rassi, mais je pleure pas, je suis insensible à ce qui vient de m'arriver.

La porte s'ouvre quelques heures plus tard, cette même femme entre dans la pièce et recommence, elle s'acharne sur mon corps. Les coups s'enchaînent, sa haine est immense. Je ne me rebelle pas, j'encaisse. Elle quitte la pièce en m'insultant. Je ne craque pas.

J'ai perdu tout sens de la réalité, les heures s'écoulent avec la même impression, que le temps est comme suspendu à mon traitement. Je vois défiler cette jeune femme trois fois par jour, elle continue de meurtrir mon corps. Qui sait dans quel état je suis? La douleur est telle que je ne me relève plus. Je reste allongée,  la tête contre ce sol froid en attendant.
Je me sens si faible, si fatiguée, j'ai l'impression de perdre la tête. Plus les jours défilent, plus je vois des images de mes proches m'appeler. Serait-ce donc ça être sur le point de mourir? Voir les personnes qu'on aime nous tenir compagnie avant le moment fatidique.

La porte s'ouvre de nouveau, mais sur un homme, il me relève et me traîne en dehors de la pièce. Mes pieds sont incapables de faire un geste, j'ai l'impression d'avoir oublié tous les gestes anodins. J'essaye de me redresser, mais je retombe à nouveau, il s'arrête devant une pièce, ouvre la porte, une salle d'eau. Il me relève, je tiens à peine debout. Je m'adosse au mur, par peur de perdre l'équilibre.Il ouvre le pommeau de  douche.

— Lave-toi tu pues!

Quelle situation incongrue. Je suis enfermée à mon propre insu, passée à tabac, affamée, et le problème de puanteur vient de moi. Je me déshabille avec difficultés, la douleur des coups est bien présente. Il me regarde me déshabiller, je distingue son sourire sournois, il fait sombre, mais pas assez pour ne pas le voir. Il ne s'en va pas. Je garde mes sous-vêtements.

— Toute nue la veuve noire!

Je me résigne à me déshabiller, qui sait ce que cet homme pourrait me faire. Je suis nue devant cet inconnu, qui prend un malin plaisir à me regarder. Il me  pousse sous le jet d'eau. J'émets un cri de surprise, elle est gelée. Je n'avais jamais pris une douche aussi froide, je tremblote, une douleur à la tête ne tarde pas à me foudroyer . Ma respiration est saccadée, j'ai l'impression de parcourir un marathon, tant le choc thermique me broie le corps.
Il me sort de l'eau , je vais pour ramasser mes vêtements, mais il me retient fermement. Il me reconstitue de nouveau cette pièce  sombre et humide. Il me jette au sol entre la porte et la porte.

J'ai du mal à réaliser ce qui vient de se passer, je suis nue, gelée, allongée sur ce sol froid. Mes tremblements sont plus forts, je suis en hypothermie, j'essaye de me réchauffer, mais en vain. Le froid de cette pièce et ma douche froide en raison de moi. Mon cœur ralentit, ma respiration se raréfie. Je ferme les yeux.

Je me réveille, dans une chambre, j'entends le bip d'une machine, j'ai peut-être rêvé ces derniers jours, je ne suis pas dans cette maison où ma dignité a été souillée.
La porte s'ouvre sur une femme, une infirmière, elle vérifie mes constantes. Son regard suffit à me faire comprendre que je ne dois pas être très jolie à regarder. Je reste dans cette pièce une journée à peine, et la réalité de mes tortionnaires me rappelle à l'ordre. On me ramène de nouveau dans une pièce.
Je m'assois contre un mur, je n'ai toujours aucune réaction, je subis les mêmes coups par cette femme, qui s'en donne à cœur joie. Ses rires ne trompent pas. Je suis son défouloir, sa nouvelle lubie. Et elle ne se désintéresse pas de moi. Chaque jour, elle se présente devant ma porte et s'amuse avec mon corps.
Puis le cycle de la douche, avec cet homme qui me regarde , souffrir sous cette eau froide. Je me réveille dans ce lit soigné pour quelques heures avant de regagner à nouveau cette pièce.

La veuve noireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant