Chapitre 6

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La soirée se finit, j'ai mal partout. Deux ans que je n'avais pas mis un pied dans le monde du travail. Le retour à la réalité est difficile. Je range le bar, ne sachant pas quoi faire d'autre. Liam finit par sortir de son bureau et me fait signe de le suivre. On quitte le bar et on se dirige vers sa voiture.
Il démarre, et appuie sur l'autoradio, je tourne la tête vers la vitre, la situation est gênante. La tension est palpable, l'air est lourd. Quand il est trop proche de moi, je perds toute objectivité. Il est impressionnant.

La voiture finit par s'arrêter devant un portail, il s'ouvre sur une magnifique villa. Il stationne la voiture et m'adjoint de descendre. Je fixe les alentours des yeux, la maison est bien surveillée. Tenter de fuir serait une mauvaise idée. Je me résigne à le suivre dans la maison. Elle est luxueuse, décorée au goût du jour. La pièce principale est grandiose, il avance jusqu'au bar, il se sert un verre d'alcool et le sirote en me regardant.

— Ton mariage a été annulé?

Deuxième gifle, il en sait beaucoup trop sur moi, pour que ce soit normal.

— Comment le savez-vous?
— Le casino dans lequel vous séjournerez m'appartient.

Tout s'explique, qu'il n'a pas eu de difficulté à me retrouver. Je n'étais pas bien loin.

— Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi il vous a plaqué.
En me fixant.

Moi-même, je l'ignore. Si au moins, je le savais, j'aurais pu comprendre. Mais il me laisse dans une indifférence totale, comme si ces deux années n'avaient pas compté.

— Je n'étais peut-être pas à la hauteur. C'est ce que les hommes trouvent comme raccourci pour justifier d'une rupture.

Il rit, ça l'amuse de remuer le couteau dans la plaie. Il m'attire à lui, je suis de nouveau happée par son parfum. Mes yeux se posent sur ses lèvres, je me surprends à les imaginer, je perds la tête. Il approche son visage près du mien, nos nez s'effleurent. Nos lèvres ne sont plus qu'à quelques millimètres l'une de l'autre. Ma respiration s'accélère, ses mains me maintiennent fermement. Je ne sais pas ce qui me prend, je pose mes lèvres sur les siennes. Et je ne m'étais pas trompée, elles sont douces, chaudes, elles se superposent parfaitement. Nos lèvres se mouvent en symbiose, je demande accès à sa langue. Mon audace me surprend de plus en plus. Il me donne accès et c'est l'extase, je n'avais jamais été embrassé de cette façon, son baiser est sensuel, fiévreux. Nos langues tanguent au gré de nos envies. Il me plaque contre le mur, son baiser est empressé, je suis emportée par sa ferveur.
Son téléphone sonne, on se reconnecte à la réalité, il se détache de moi. Tout aussi confus que je le suis. Il s'éloigne et décroche.

Une domestique me montre ma chambre, elle est spacieuse, très bien décorée, comme celle que je partageais avec Tyler. Ce prénom est une souffrance qui se ravive en moi. Je suis horrible, à peine rencontré un autre homme, je me jette dans ses bras. Je me dégoûte, je n'aurais jamais fait ce genre de chose avant la rupture. Aucun autre n'avait mon attention, j'étais subjuguée par Tyler. Je n'ai plus mon téléphone pour vérifier mes messages. Les hommes de main ont confisqué mon sac.
Je m'allonge sur le lit et je pense à lui. Il doit travailler d'arrache-pied, ou peut-être se donner à une autre. Il m'a remplacé, je ne vois que ça comme explication. Il finira par revenir, en me suppliant de lui accorder une chance. Qu'est-ce que je ferais? Je ne sais plus, il m'a abandonné dans une indifférence totale. Me mérite-t-il? Il a tant fait pour moi. Je ferme les yeux, son visage m'apparaît, ses yeux noisette, ses cheveux châtains, son sourire communicatif, tout me revient comme des flashs. Une larme coule sur mon visage, j'ai tant perdu.

Le matin, on frappe à ma porte, c'est une domestique, Liam souhaite me voir dans la salle du petit-déjeuner. Je dois faire profil bas jusqu'à ce que je réussisse à m'enfuir. Je ne peux pas rester dans cet environnement corrompu. J'enfile la tenue de la veille, je n'ai rien d'autre. Mes affaires étaient à l'hôtel. Je rejoins la salle à manger, il est en train de lire un journal en sirotant un café . La bonne odeur de ce nectar embaume mes narines.

— Assieds-toi!

Je coopère, je dois être docile pour mieux le berner.

— Bien dormi la veuve noire ?

Je relève les yeux, mon cœur bat la chamade.

— Je ne sais pas de quoi vous voulez parler.
— On y reviendra. Aujourd'hui, tu fais du shopping.
— Non merci!
Il tape du poing sur la table, je sursaute.

— Je crois que tu n'as pas bien compris. Tu vas faire du shopping.
— Bien.

Il se lève et quitte la table. Je me verse du café, me voilà aux mains d'un dictateur. Pourquoi m'avoir abandonné Tyler? Ma vie était déjà bien maussade. Je finis mon café, une jeune femme m'attend dans le salon. C'est la serveuse du bar. Je vais faire du shopping avec une serveuse qui s'habille de vêtements qui lui moulent le derrière. Je monte avec elle, un des hommes nous accompagne, pour éviter que je prenne la fuite. J'en ai bien l'intention, mais quand ce sera le moment opportun. Je prendrai mes jambes à mon cou, le plus loin possible de ce cauchemar qui me rattrape sans cesse.

La voiture s'arrête devant une boutique de luxe. Je regarde Vivi avec incompréhension. Je m'attendais à une boutique où les vêtements manquent cruellement de tissu. Elle descend, je la suis. Quand on entre dans la boutique, les vendeuses nous snobent. J'ai l'impression de retourner deux ans en arrière. Quand Tyler a eu la bonne idée de m'envoyer faire du shopping seule.
Une vendeuse s'avance vers nous avec un air mauvais.

— Je peux vous aider? Les marchés aux puces, c'est trois rues plus bas.

La veuve noireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant