Chapitre 27

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Je me réveille le matin, mon téléphone sonne, j'enlève son bras autour de ma taille et je décroche.

— Kristen, tient-toi prête ce soir, on change de planque.
— Bien.

Je retourne vers le lit, il se rhabille, j'observe son corps parfait. Peu importe d'être prise sur le fait, je profite de ce moment, car d'ici à quelques minutes nos chemins se séparent à nouveau.

— Je dois m'en aller.
— Bien. Je n'insiste pas.

On se rapproche comme deux aimants, nos lèvres se scellent pour mettre un terme définitif à cet intermède. J'ai du mal à détacher mes lèvres des siennes. Je pensais connaître le sens du mot désirer, j'étais bien loin du compte. Aujourd'hui, ce mot a tout autre sens. Mes mains se posent sur son buste, ses mains sur mes fesses, qu'il soulève et entoure autour de sa taille, la situation est en train de déraper.

— On compte jusqu'à trois et on se sépare.
Je souris entre ses lèvres.

On compte en même temps, mais ses mains continuent de caresser mon corps, on finit sur le fauteuil.

— Encore deux secondes Kristen.
— D'accord.
— Un.
— Deux.

On se détache, je me relève du fauteuil. Il reboutonne sa chemise et la rentre dans son jeans. J'enfile mon sweat. On rejoint sa voiture. Il me dépose au centre-ville. Je vérifie qu'il ne me suit pas pour prendre le bus qui me dépose devant la planque.

En fin de journée, mon oncle me récupère, on roule de longues heures en direction de Las Vegas. Je commence à m'inquiéter, je reviens au point de départ. On arrive dans un hangar, les grilles s'ouvrent, la voiture avance jusqu'à l'intérieur. Une voiture est déjà là. Je regarde mon oncle avec incompréhension. Il sort et vient de mon côté, ouvre la porte et me sort brusquement de la voiture.

— Qu'est-ce qu'on fait là?
— Rendre justice!
— Quoi?
— Ton père a foutu un merdier!

Des hommes sortent du véhicule, et me rejoignent. J'essaye de m'extirper de sa prise, mais en vain.

— Tonton?
— Ton chien de père a pourri le business!
— Comment peux-tu trahir ton sang?
Il éclate de rire.

— Ton sang effacera notre dette.

Les deux hommes me saisissent, je suis incapable de marcher, il me traîne jusqu'à la voiture. Je ne réagis plus, comme vider de toute énergie. Mes émotions se mélangent, j'ai l'impression de perdre la tête. Mes yeux sont secs, en état de choc.
Ils me jettent à l'arrière de la voiture, la porte se referme, je ne réagis toujours pas. Le choc m'empêche d'exprimer toutes émotions ou colère. Mon corps est comme paralysé par un puissant anesthésique.
La voiture s'arrête, je suis toujours dans le même état, abasourdie, mon corps semble ne pas encaisser cette trahison. Un des hommes me sort brusquement, je ne me débats pas, je me laisse traîner jusqu'à mes bourreaux. On entre dans une maison, je ne prends pas la peine de regarder les alentours. Je franchis une grande pièce à vivre, mais l'homme de main ne s'arrête pas, il continue en longeant un couloir, qui me rapproche de plus en plus de mon calvaire.
Il ouvre une porte sur un homme très également habillé, les cheveux grisonnants, aux yeux bleus. Il devait être très séduisant dans ses jeunes âges. Son regard est empli de haine et je sais vers qui elle est dirigée.

— Alors c'est donc toi la fille de ce fils de pute.

Je ne réponds pas. J'en suis incapable, aucun son ne sort de ma bouche. J'ai comme perdu le sens de la parole. Les mots tournent en boucle dans ma tête, mais ils ne franchissent pas le seuil de ma langue. J'aimerais lui répondre avec la même audace que j'ai tenue tête à Liam. Mais je ne peux pas.

— Tu ne ressembles vraiment pas à ton chien de père.

Non, je ne lui ressemble pas, je ne suis ni une criminelle, ni une terroriste. J'ai juste grandi dans un environnement falsifié, factice. Il a fait de moi une jeune femme banale, soumise, loyale. Quel genre de femme aurais-je été si j'avais su la vérité? Forte, prête pour affronter ce genre de situation, parée par la vie.
Il me fixe, attendant une quelconque réponse de ma part. Mais je ne dis rien, je préfère me taire. Le silence parle pour moi.

— Tu sais pourquoi tu es la veuve noire?

Je réussis à hocher négativement la tête.

Je ne sais pas pourquoi, je sais juste que c'est lié à mon père et aux morts qui gravitent autour de moi , de relation en relation.

— Mais tu sais quoi ma jolie? On va faire parler le karma! Emmenez-la.

L'homme de main me saisit brusquement, et me traîne en dehors du bureau. On me fait descendre dans un escalier, je trébuche, il ne me retient pas, je fais plusieurs roulades dans l'escalier, mon corps est meurtri par la douleur. Mais aucun son ne sort. Il me relève et me tire jusqu'à un couloir sombre. Il ouvre une porte et me jette à l'intérieur.

La veuve noireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant