Chapitre 30

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Mes yeux s'ouvrent de nouveau sur ce lit, que je connais par cœur maintenant, l'odeur forte de désinfectant emplit mes narines. J'en ai la nausée, cette fois mes blessures sont sérieuses. Elles ne sont plus physiques, mais psychologiques. Je perds le sens de la réalité, je ne sais pas si je suis dans un rêve ou peut-être morte. Mon tortionnaire m'a peut-être enfin délivré de ses tortures.  Mais je vois cette infirmière entrer dans la pièce, son regard de plus en plus éteint par mon traitement. Une larme coule sur mes joues, je ne peux plus rien contrôler, mon corps a repris le gouvernail de mon psychique.

Row, row, row your boat.

Je détourne mes yeux et me laisse emporter par cette comptine. Ma bouche  s'allonge en un sourire quand je vois ma mère, devant moi, avec un sourire chaleureux.

C'est bientôt fini ma chérie.
— Tu viendras me chercher maman?

Mes yeux se ferment sur son sourire qui me réchauffe le cœur.

J'entends de nouveau ces bips, je suis toujours dans cette pièce, habituellement, je ne reste pas . On me traine de nouveau  dans  cette pièce et on me torture. Mais, il ne se passe rien. Je suis nourrie au strict minimum, je ne pourrais pas avaler plus. Mon estomac rétrécit, sature en quelques bouchées. Je ne sais pas depuis quand je suis enfermée, des jours, peut-être des semaines. Mon poignet est aussi mince qu'une enfant de 10 ans. J'ai perdu beaucoup de poids.
La porte s'ouvre sur une  femme, une blonde, aux yeux bleus. Elle s'approche de mon lit, le sourire aux lèvres.

— Blanche Neige se réveille enfin.

Cette voix, je la reconnais, c'est celle de mon bourreau. Je ne savais pas qu'on pouvait être aussi angélique et diabolique à la fois.

— Avec papa , on a décidé d'améliorer le confort de notre invité.

J'éclate de rire, je ne suis  plus maîtresse de mon corps, je suis comme possédée par une entité folle. Des images incohérentes tournent dans ma tête. Je continue de rire. Elle m'attire par le cou, et me force à la regarder. Mes yeux se posent sur ses yeux si beaux et si cruels à la fois.

— Tu vas être mon esclave personnel, pétasse.

Elle relâche mon corps qui retombe avec un bruit sourd sur le lit. Elle se tourne vers l'infirmière.

— Vous la remettez en état.

Elle quitte la pièce. Voici donc la suite de mon calvaire. Je passe de torturer à une esclave.

— Pauvre enfant.

Je tourne mes yeux vers l'infirmière, bouleversée par ses deux mots. Ce n'est pas ma faute. Je ne mérite pas tout ça, je n'y suis pour rien. Ces simples mots éveillent en moi une douce chaleur, qui nourrit mon cœur. Elle m'aide à me redresser, avec délicatesse, je n'avais pas été traitée avec soin depuis Liam. Il n'est jamais revenu, lui aussi a abandonné sa veuve noire.

— Je vais vous aider à vous relever. Il se peut que vous ayez des difficultés pour marcher.

Je ne réponds rien, j'essaye de me redresser, mes pieds sont flageolants, je n'arrive pas à tenir debout. Mon corps retombe sur le lit comme une masse. Elle m'aide de nouveau et me maintient fermement le corps. Je fais un pas après l'autre avec son aide. J'ai cette impression de faire mes premiers pas.

— Ça ira pour aujourd'hui.
— Aidez-moi!
— Je suis désolée, je ne peux rien faire.

Je me rallonge et cette comptine de nouveau tourne en boucle dans ma tête. Je suis livrée à moi-même. Personne ne viendra m'aider.

Deux jours, que l'infirmière tente de me redonner la vie, mais je suis morte de l'intérieur. Mon corps réagit à ses stimulus, mais le reste est déjà de l'autre côté. Je fais quelques pas dans la chambre, sans aide cette fois-ci. La perfusion a fait son effet, j'ai quelques forces qui me permettent de rester debout, un  pas après l'autre.

L'après-midi même, l'infirmière me tend une tenue, je ne serai pas nue comme ces dernières semaines, mais étrangement je ne ressens aucun soulagement, l'un ou l'autre ne m'importe peu. Elle m'aide à m'habiller, je prie pour ne plus revoir cet endroit, que ma dernière offensive m'emportera comme un martyr sur les champs de bataille.

Un des hommes entre et  me pousse vers l'extérieur, je longe un couloir et me retrouve devant un escalier. Je ne sais pas depuis combien de temps mon corps n'a pas fait ça. J'ai peur de trébucher en voulant soulever mon pied. Mais il me pousse vers la première marche. Je lève mon pied qui semble peser tout le poids de mon corps. Je renouvelle le geste sur quelques marches et je m'effondre au sol. Il me ramasse et me traîne dans l'escalier comme un vulgaire sac. Ma tête cogne sur les marches.

Il me relève et me pousse à avancer, je fais les quelques pas qui me séparent de la porte du bureau. Il frappe , elle autorise l'homme de main à entrer. La porte s'ouvre sur une magnifique chambre, spacieuse, une chambre de princesse. Comment peut-elle véhiculer des images opposées?

— A genoux!

La veuve noireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant