La veuve noire

Chapitre 42

Coucou
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Une semaine plus tard, c'est le grand jour, je suis effrayée. Les autres fois, j'étais anxieuse à l'idée de me marier. Aujourd'hui, c'est un tout autre sentiment qui fait vibrer mon coeur. Liam n'a pas cessé de me convaincre avec des arguments les plus farfelus. J'ai fini par céder, j'ai si peur de tout perdre à nouveau, de revêtir cette robe noire.

Il entre dans la loge de la petite chapelle, il me regarde avec tendresse. C'est de l'amour, c'est évident.

— Réel ou pas réel .
— Réel ma future femme.
Je souris.

Mais la peur me submerge, il s'approche de moi , et me prend dans ses bras. Je suis incapable de le relâcher. J'aimerais faire durer ce moment le plus longtemps possible.

— Tu es magnifique.
— Je commence à ressembler enfin à quelque chose.
— Tais-toi! Tu es encore plus belle.

Je sais que c'est faux, mon corps porte encore les stigmates de toutes les violences accumulées durant des semaines de captivités, mais je veux croire en ses mots. Le prêtre frappe à notre loge, c'est le moment. Ça sera un mariage en petit comité. On ne veut pas prendre de risque et reproduire cette spirale infernale. La musique retentit dans l'église, mon cœur tambourine, mes pas ne suivent pas la musique, comme pressée d'en finir et de connaître le dénouement de cette histoire.
Je m'approche de lui et il me tient les mains, les yeux posés sur les miens. Le prêtre commence la célébration, une voix au fond de l'église nous interrompt.

Je cherche d'où cela peut provenir, quand mes yeux se posent sur la silhouette qui vient d'interrompre notre union, j'ai un choc. Mes mains lâchent celles de Liam. Il ne semble pas perturbé par la présence de ces deux personnes abjectes dans cette église.

— Liam qu'est-ce que ça signifie?

Je fixe Liam, cet homme le connaît, il vient de prononcer son prénom.

— Comme tu vois je me marie.
— Tu es devenu complètement fou!
— Je n'ai jamais été aussi fou papa.

Je suis sur le point de m'évanouir, j'ai du mal à rester debout. Le prêtre me retient , je sens que je suis en train de perdre pied.

— Ce n'est pas réel. Je suis encore sous l'effet d'une hallucination.

Liam se reconcentre sur moi et me retient par la taille. J'ai du mal à reprendre mon souffle. Mes yeux se posent sur ma tortionnaire qui semble tout aussi bouleversée par ce qui se passe.
Elle s'adresse à lui.

— Tu comptes épouser cette chienne d'irlandaise!
— Ose encore l'insulter devant moi! Tu as eu ta vengeance grande soeur!
— Elle mérite de finir six pieds sous terre!
— Elle n'y est pour rien!

Ces mots qui sortent de la bouche d'une victime du massacre de mon père, m'enlèvent un poids sur le cœur. Je n'y suis pour rien, je suis happée par ces mots qui me donnent une raison de vivre.

— Son chien du père a tué la mère qui t'a porté, élevée et fait de toi cet homme.
— Elle n'aurait jamais accepté tous ces morts!
— Ne parle pas d'elle! Tu la déshonores.

Liam se tourne vers le prêtre.

— Reprenez votre célébration mon père!

J'entends le clic d'une arme à feu, braquée sur moi. Cette fois, c'est la fin. Liam se poste devant moi, je suis incapable de bouger, je suis privée de mes pleines capacités. Son père est enragé, prêt à en finir.

— Laisse-moi mettre un terme définitif à tout ça.
— Il faudra me tuer papa .
— Tu n'oserais pas!
— Mon père, reprenez!

Un coup de feu part, le prêtre sursaute par le bruit de tirs qui résonnent dans toute l'église.
Mais personne n'est blessé, j'émets un râle de soulagement.

— A partir d'aujourd'hui, je n'ai plus de fils! Traditore! ( traître)

Il ne prend pas la peine de répondre à son père, qui quitte l'église avec ses hommes de mains et sa fille. Il vient de renoncer à beaucoup pour moi, je suis tremblante. Il me prend les mains.

— Est-ce que tu veux toujours m'épouser?
— C'est réel ?
— Réel.
Je hoche positivement la tête.

Les cloches retentissent dans la chapelle, notre union est célébrée et aucune tache rouge n'entache ce mariage. La veuve noire a revêtu sa robe blanche par amour.