Chapitre 23

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L'avion atterrit, je reste sur mes gardes, j'analyse chaque réaction autour de moi, je passe les sas de contrôle. J'accélère le pas, je prends un taxi, je demande conseil au taxi pour un hôtel bon marché et en périphérie de la ville. Il me dépose devant un motel, je loue une chambre, j'observe les alentours. Je m'assois sur le lit, je prends le premier document, un compte bancaire à mon nom avec assez d'argent pour débuter dans la vie. Je savais qu'il ne m'aurait jamais laissé sans rien. Mais Tyler ne m'a pas laissé me recueillir sur sa tombe, ni me présenter chez le notaire, il craignait que je ne tienne pas le coup. Mais aujourd'hui, je vois les choses autrement, ma vie est en danger.
J'ouvre la lettre, jauni par le temps, ses secrets sont depuis de longues années dans ce coffre.
Les premières phrases sont une délivrance, il m'aimait et il s'excuse pour mon calvaire. Je continue de dévorer la lettre, plus je lis le contenu, plus j'écarquille les yeux. Il ne m'a rien caché. Il était un des leaders de la mafia irlandaise, il a participé à des actes ignobles, en Irlande. Nos séjours annuels étaient un prétexte pour commettre ses actes, un terroriste. Mon dieu dans quoi j'ai baigné, je laisse retomber la  lettre. Qu'est-ce qu'il a fait d'autres? Je suis la fille d'un terroriste et d'un mafieux irlandais. Je me laisse tomber sur le lit, bouleversée et en colère. Il ne laissait rien paraître, les hommes armés  c'était pour nous  protéger, me répétait-il. Je n'ai jamais douté de sa parole.

Je récupère le porte-document d'Elisabeth, il y a une liasse d'argent, je récupère l'argent et le cache sur moi. Je sors du motel, je demande au patron, la boutique la plus proche. Je marche une vingtaine de minutes, mes balades en Irlande ont été bénéfiques. Je repère une devanture, j'entre, je m'achète une arme, je ressors. Je me dirige vers une boutique, j'achète un téléphone jetable. Il ne me reste qu'à changer de nouveau mon apparence. J'opte pour éclaircir mes cheveux, une coiffeuse accepte de les transformer. J'en ressors blonde, je finis par acheter des vêtements. Je passe devant une concession  automobile, j'achète une voiture à trois mille dollars, je rentre en voiture à l'hôtel. Je récupère mes affaires,  paye  le propriétaire, je ne dormirai pas ici.

Je roule en direction du Nevada. Je ne m'arrête que par nécessité. Je me saisis du téléphone jetable, je compose un numéro.

— Liam.
— Kristen, mais où es-tu bon sang?
— Vous m'avez tous menti!
Il respire fort.

— Ce n'était pas à moi de te dire dans quel milieu tu baignes.
— Vous êtes tous lâches!
— Ne me compare pas eux putain.
— Tout le monde s'est moqué de moi. De la pauvre fille qui se fait refiler de pourriture en pourriture.
— Je ne t'ai pas touché comme ça.
— Je ne suis pas assez à ton goût!
— Tu dis de la merde.
— Je vais te laisser.
— Non Kristen, tu ne sais pas ce que tu risques.

Je raccroche, je jette le téléphone dans la poubelle, et je continue ma route sans  l'aide de personne. Je rachète deux téléphones jetables, j'ai des comptes à régler.

Je m'arrête sur le bord de la route me reposer, la fatigue commence  à se faire ressentir. Je n'ai pas dormi depuis les dernières vingt-quatre heures. Je repense à Will.

Flashback.

J'avais 17 ans, et toute la vie devant moi. Un soir, mon père me fait appeler dans le salon, il  était en compagnie d'un jeune homme. Il demande à me voir en privé. Nous nous sommes dirigés vers son bureau.

— Ma chérie, je crois qu'il est temps que tu fasses certaines choses pour notre famille.

A ces mots, j'ai tout de suite compris ce qu'il attendait de moi. Je n'ai émis aucune résistance, j'ai accepté pour ne pas déshonorer notre famille. Le mariage allait être célébré dans les mois qui viennent,  à mes dix-huit ans. Je n'ai pas eu mon mot à dire. Il avait décidé qu'il était temps de  quitter le foyer familial.

Cinq mois plus tard, c'est le jour-j , je me regarde vêtue de ma robe de mariée, ma mère est émue, et moi complètement désorientée. Je ne comprenais pas qu'il veuille se débarrasser de moi de cette manière. Will était un jeune homme très avenant, nos rares rencontres se passaient convenablement.
Dans l'église, les invités sont de marque, des hommes armés surveillent les entrées. Comment j'ai pu être aussi stupide? Pour  normaliser ces événements. Je me souviens encore de la musique qui retentit dans l'église, de mes mains qui tremblent  accrochées au bras de mon père. Mes pas étaient lourds, ma respiration saccadée. Je fixais mon futur mari devant autel, aussi nerveux que moi. Nos parents avaient choisi pour nous.
Mes pas se rapprochant de lui et de coups de feux, assourdissants, résonnaient dans l'église. Mon père me jette à terre, effrayée. Les tirs continuent des deux côtés, les hommes dans  l'église répliquent. Je sanglotais. Et puis,  les bruits sourds s'arrêtent, je me relève, le chaos, des blessés dans toute l'église, ma mère au sol. Je me souviens courir vers elle et crier de douleur. Ses yeux se révulsent, du sang coulait à l'arrière de son crâne. Mon père m'arrachant de son corps et ce pauvre Will, son corps criblé de balles. Sa mère criant de douleur, sa haine contre mon père.

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De nos jours.

J'essuie mes larmes, j'ouvre la boîte du téléphone jetable, je compose un numéro.

— Allo Mr Born.
— Oui.
— Je suis Kristen Well.
Le silence.

— Allo?
— Oui, je t'entends, je suis juste un peu pertubé. Je n'attendais plus après toi.
— Qu'est-ce que je dois faire?
— Tu as de quoi noter?

Je me saisis d'un stylo et une feuille.

— Oui.

La veuve noireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant