Chapitre 13

5.4K 697 6
                                    


Il me pousse vers la porte annexe, le baiser me fait perdre pied. Je n'avais jamais au grand jamais été embrassé avec autant d'ardeur. Je suffoque, une brûlure m'irradie tout le corps. Il me jette sur le lit et se place au-dessus de moi. Je ne comprends rien à ce qui se passe, je ne sais pas si je suis consentante. Mes cuisses se desserrent pour l'accueillir, mon corps l'est. Il descend au niveau du cou, je gémis. Mes pieds s'entourent autour de sa taille. Mes mains se posent sous sa chemise. Il se stoppe et se redresse.

— Descends!
— Quoi?

Je suis abasourdie. Je ne comprends pas bien sa réaction.

— Descend putain!

Je me redresse, perturbée par sa démonstration très explicite et son retournement de veste.

— Tu sais quoi Liam? Je ne suis pas une putain de marionnette!  Va te faire voir.
— Tu ne veux pas la boucler ?
— Non pas après ça!

Je descends rejoindre le bar, je suis trop en colère pour profiter de cette soirée. Je me sens utilisée, souillée par mon tortionnaire.
Il redescend peu de temps après moi, je l'ignore et détourne mes yeux de lui. Il retourne vers son carré et allume un cigare. J'essaye de l'ignorer, mais je n'y arrive pas. J'ai encore en image son corps collé au mien. Je n'avais jamais ressenti une telle connexion. Il ne prête pas attention à qui que ce soit. Il me fixe avec insistance, plus rien ne semble compté autour de nous. Ses yeux sont si expressifs, je me sens mise à nu. Je finis par rompre le contact visuel.

La soirée se finit à mon plus grand soulagement, un véritable fiasco cette fête des amoureux.
Le bar se vide peu à peu de clients éméchés, Liam  est dans son bureau avec Angela. J'enrage, j'ai du mal à comprendre ma colère. Je ne suis qu'une captive qu'il veut garder sous le coude pour éviter de détruire son business.

Au bout d'interminables minutes, il finit par sortir de son bureau, j'essaye de réunir toute mon énergie pour rester calme et ne pas lui montrer que je suis touchée par ce qui s'est passé dans son bureau. Angela quitte le bar à son tour, seule.

— On y va la veuve noire.

Je ne supporte pas son surnom. Je me sens vidée de mon essence. Cette appellation est une insulte à ma personne, je ne suis pas ça. Non, je ne veux pas être ce que ce mot désigne.

On rejoint la voiture en silence. Il démarre en direction de sa villa,  l'air se charge d'électricité, l'ambiance est tendue. J'ai le souffle court, j'ai des palpitations au cœur, ma poitrine se resserre. Je descends de la voiture et rejoins ma chambre. Je ne me retourne pas quand il m'appelle, je l'ignore volontairement, mon audace m'étonne de plus en plus. La porte s'ouvre en un brouhaha assourdissant.

— Liam.

Ses yeux se chargent de colère à nouveau. J'aime le provoquer, je ne sais pas pourquoi. Son regard suffit à m'apporter un tant soit peu une légitimité à ses côtés.

— Kristen arrête !
Je camoufle un sourire.

— Tu es une sale gamine capricieuse.
— Quoi?
— Je voulais juste tester la marchandise, mais tu n'es même pas passable.

Je me décompose. Il reluque ma robe, j'ouvre la fermeture et la laisse tomber au sol sous ses regards intimidants. Je ne suis pas à son goût, c'est donc pour ça qu'il s'est arrêté en si bon chemin.

— Rhabille-toi! Je n'aime pas les femmes qui tentent de me séduire.
— Ça ne risque pas, je ne suis même pas passable.
— Une veuve noire avec un corps pareil?
Avec un sourire malicieux.

Je me jette sur lui, je l'inonde de coups. Il me retient les mains aisément et  m'attire à lui. Cette tension est de nouveau palpable. L'air se charge de désir.  Son corps se raidit sous mon contact, il ressent cette attirance  qui nous prend dans ses filets. Il se détache de moi et claque la porte de ma chambre, je m'écroule sur mon lit, abattue par cette situation qui ne fait qu'alourdir mes émotions.

Le lendemain,  je prends mon petit déjeuner quand il entre dans la salle à manger. Il s'assoit  sans un regard pour moi.  J'essaye de me détacher émotionnellement de cette situation. Je bois mon café par petite gorgée, je suis incapable d'avaler quoi que ce soit. Je le sens sourire derrière son journal, je suis exaspérée par son petit jeu. Je me relève  brusquement et je lui arrache ce journal, il arbore un sourire.

— Ça t'amuse Liam!

Son sourire s'efface.

— Pas autant que toi,  la veuve noire.

Je me laisse retomber sur la chaise attenante. Je revis sans cesse ce même cheminement, une douleur vive envahit mon cœur. Je me retiens d'éclater en sanglots. Je ne veux pas montrer mes faiblesses. J'ai tant perdu. Je reste digne, je ne sais pas comment je tiens encore debout.

— On y va.

Je me reconnecte à la réalité. Il se relève et rejoint la porte d'entrée.

La veuve noireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant