Chapitre 5

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— Quel toupet! Vous vous prenez pour qui?
— Fais attention à comment tu t'adresses à moi!

Sa voix est forte, je me liquéfie sur place. Il se redresse et s'avance vers moi d'un pas assuré. Il est à quelques centimètres de moi, je sens son souffle me chatouiller le visage. Il est trop proche.

— Tu commences ce soir en tant que serveuse pour commencer!
— Je ne suis pas serveuse!

Il fixe mes lèvres et je me décompose. La pièce se charge d'une tension qui me rend toute chose.

— Vous allez vous trouver une nouvelle vocation.
— Et je loge où?
— Chez moi.
— C'est une blague!
— J'ai l'air de blaguer, vous en savez trop pour vous pavaner dans la nature en toute liberté. Estimez-vous heureuse que je vous garde en vie. J'en ai refroidi pour moins que ça.

Je frissonne, sa révélation me fait redresser les poils des bras. Il n'a pas que l'air dangereux, il l'est. C'est un homme sans scrupules, qui tue pour moins que ça. Mon dieu, dans quoi j'ai mis les pieds, je n'aurais jamais dû accepter de maintenir cet enterrement de vie de jeune fille.

Un des hommes de main me guide vers une pièce avec des casiers. Il me tend une tenue très échancrée, je suis choquée. J'ai tenté de m'y soustraire, mais en vain, les menaces du type au gras bras ont eu raison de ma détermination. Une des danseuses me maquille, ce sont les ordres du patron. J'ai voulu prendre les choses en mains, je suis maquilleuse.

— Comment s'appelle le patron?

La danseuse me regarde de haut.

— Pourquoi? Tu veux finir dans son pieu? Il ne couche pas avec ses employés.
— Non, loin de moi cette idée.
Elle n'est pas convaincue.

— Liam, mais je ne t'ai rien dit.

Je rejoins la salle, une des serveuses m'explique la mise en place et la section dont je devrais m'occuper. J'ai déjà été serveuse pendant mes études d'esthétique, c'est comme ça que j'ai rencontré Tyler. Un client de passage qui était en manque de caféine. Je sors de mes pensées, Liam descend les escaliers et se dirige vers le coin vip, il me fait signe de le suivre. Il s'assoit, et me fixe avec malice.

— Danse!
— Quoi?
— Je veux voir tes capacités!
— Je ne suis pas une gogo danseuse, bon sang!
Je le sens sourire.

— C'est à moi d'en juger.
— Non Liam.

Il se redresse, son visage empreint de rage. J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas. Il se lève, me saisit violemment par les cheveux, j'émets un râle de douleur.

— Qui t'a permis de m'appeler par mon prénom.
— C'est ce que fait une personne civilisée!
— Tu oublies ta civilisation! Ici, c'est chef, patron ou maître.
— Tu peux te brosser.

C'est sortir aussi vite que je l'ai pensé. Il resserre la prise, la douleur est insupportable. J'essaye de me détacher de la douleur, je suis à deux doigts d'éclater en sanglots, mais je me retiens, je ne veux pas lui accorder ce plaisir.

— Tu n'as pas compris les enjeux.

Il relâche ma prise et me pousse vers un de ses hommes de main. Au moins je ne subirai pas une autre humiliation en me trémoussant devant lui. Je regagne mon poste, le bar ouvre. Je commence un travail qui m'est imposé. Je suis tombée bien bas. La robe me moule le corps comme un vulgaire morceau de viande, je me sens si sale.

La soirée est mouvementée, entre les clients qui me prennent du haut, mais qu'il faut contenter, car leur porte-monnaie leur permet et les mains aux fesses, je suis dégoutée de ce milieu.

Je suis en pause dans l' arrière-boutique, quand je sens une présence derrière moi. Je me tourne sur Liam.

— Tu n'as pas fait ton essai.

Je le regarde, consternée, il aime me déstabiliser.

— Vous étiez trop contrarié qu'on vous appelle par votre petit prénom.
Il sourit.

— Tutoie-moi ma beauté!
— Je ne peux pas t'appeler par ton prénom, mais je peux te tutoyer?
— Je fixe les règles, tu les appliques à la lettre.

Il s'adosse contre le mur et pose ses yeux sur mon corps. Je commence ma démonstration, il fixe mes courbes, bougées au gré de la musique. Je m'approche de lui, il ne bouge pas, il se laisse approcher. Mes mains se posent sur son buste. Il retire mes mains et me fait un signe de désapprobation. Je les retire, je me déhanche sur son corps, quand il pose ses mains sur ma taille, il me colle à son corps. Je sens son corps aussi dur qu'un roc. Il semble avoir une musculature de rêve.

— Ça ira.

La veuve noireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant