Chevauchée

Prologue

Dimanche 20 août, 18h, sur ces chemins de campagne. Au loin le bruit d'une moto. Quelques secondes plus tard, une motocross passa en furie sur le chemin de terre, faisant monter derrière elle un grand nuage de poussière qui mit quelques minutes à retomber. Le conducteur semblait être un garçon d'une quinzaine d'années. Ses boucles brunes qui s'étaient échappées de son casque étaient secouées par le vent. Le jeune homme profitait pour la première fois de la campagne de ce qui était, depuis maintenant une semaine, sa nouvelle ville.

Comme tous les adolescents de son âge, il avait besoin de grands espaces, de calme et de liberté. Ce début de soirée d'août était le moment idéal pour une balade à moto à travers champs. Toutefois, une habitation au loin, à à peine trois kilomètres du début de la campagne le força à ralentir. Intrigué, il observa la bâtisse qui se dressait devant lui, sur deux étages. Faite de pierre, elle semblait dater de plusieurs siècles, mais était pourtant fort bien entretenue. Quelques fleurs tombaient le long des poutres du balcon, et du lierre grimpait sur le mur est jusqu'à la seconde fenêtre. Longeant la maison au pas, le garçon fut surpris de trouver à l'angle de celle-ci, ce qui ressemblait à une vaste écurie. En levant les yeux, il aperçut une pancarte: "Le Domaine de Froissy, écurie de propriétaires", suivi d'un numéro de téléphone. Quelques affiches le complétait, renseignant sur les tarifs des différentes pensions et d'autres informations sûrement très utiles pour qui s'y connaissait un minimum en équitation – ce qui n'était évidemment pas son cas.

Définitivement intrigué, le motard descendit de son engin qu'il appuya contre un gros chêne posté à l'entrée, et enleva son casque qu'il accrocha au guidon. Passant sa main dans sa tignasse dans un effort inutile pour la dompter, il décida de visiter rapidement le coin et s'engagea sur le chemin de terre. Il arriva devant une petite grange avec une grande porte rouge en bois massif coulissante, qui était ouverte. Voyant que l'autre bout de la grange était ouverte également, le garçon y entra. Aussitôt, une odeur de foin frais lui chatouillât les narines, et il fut surpris du calme qui y régnait.

Une dizaine de boxes étaient disposés de chaque côté de l'allée centrale, se faisant face. Quelques uns avaient leur porte ouverte, d'autres étaient occupés par des chevaux mangeant tranquillement leur part de foin. Cependant, certains, alertés par le bruit de ses pas, passèrent la tête par dessus leur porte pour le saluer. Des plaques de cuivre indiquaient leur nom et, bien que l'adolescent n'ait jamais été très à l'aise avec les chevaux, il caressa une tête appartenant à "Pepper", un petit poney tâché de gris semblant somnoler sur place, et une autre appartenant à "June", une jument couleur café-au-lait qui sembla apprécier sa caresse. Néanmoins, il évita la tête de "Warrior", un imposant cheval noir qui n'avait pas l'air des plus aimables. Dans le dernier boxe, le jeune homme aperçut une fille d'une trentaine d'années qui brossait vigoureusement une jument blanche. La jeune femme le vit et, après l'avoir salué poliment, s'intéressa de nouveau à sa monture.

Le garçon sortit et se retrouva de l'autre côté de la grange. À sa gauche s'étendaient des près verdoyants où quelques chevaux profitaient du soleil de cette fin de journée. À sa droite, près d'un mur qu'il supposa être celui de la maison de pierre, se trouvait un manège couvert relativement petit, sans doute pour se protéger du vent qu'il devinait glacial l'hiver. Puis, en face de lui, il vit une grande carrière. Au milieu de celle-ci se trouvait un cheval. Bien que le motard ne connaissait pas grand chose dans ce domaine, il reconnut que ce cheval avait fort belle allure. Tout de marron vêtu, ses crins noirs oscillaient dans le vent au rythme de ses foulées. L'encolure courbée, il évoluait sur un large cercle au petit galop, semblant écouter attentivement les prochains ordres de sa cavalière. Ceux-ci ne furent d'ailleurs pas longs: la cavalière fit quitter son cercle à sa monture et l'emmena face à un obstacle de barres colorées d'environ un bon mètre. Le cheval l'aborda en gardant un rythme régulier puis, quand il fut devant, se rassembla et effectua un bond au-dessus de l'obstacle sans le moindre effort apparent et se réceptionna gracieusement sur ses antérieurs, avant de continuer sa course. Bien sur, ce n'était pas la première fois que l'adolescent voyait un cheval en action, mais celui-ci l'envoûtait totalement. Il s'approcha alors de quelques mètres, jusqu'à la barrière délimitant la carrière de sable et posa ses mains sur la poutre de bois. Seulement alors, il remarqua la cavalière.

Concentrée sur sa monture, elle ne l'avait pas remarqué. Elle devait avoir environ le même âge que lui, devina le garçon. Étrangement, elle semblait différente de toutes les autres filles qu'il connaissait. Peut-être que cette sensation était due à ses cheveux orangés, ou bien encore au calme apparent qu'elle semblait dégager. Elle amena ensuite son cheval devant un second obstacle, plus large, qu'il franchit avec aisance. Il semblait aussi serein que sa cavalière: de la tranquillité émanait de chacun de leurs gestes.

Le jeune homme resta de longues minutes à les observer, ne pouvant détacher son regard de ce couple magnifique qui enchaînait les différents obstacles. Il était tellement envoûté qu'il se surpris à fixer les sabots du cheval martelant le sable, une, deux, trois foulées, se propulsant à chaque fois quelques mètres plus loin, avant de s'élever dans les airs.

Puis, après avoir franchi un dernier obstacle, la cavalière relâcha les rênes et caressa généreusement sa monture. Un grand sourire illuminait son visage encadré de mèches folles qui s'étaient échappées de sa tresse durant sa course. Le cheval, lui, secoua la tête en soufflant et continuant de galoper en accélérant le rythme, comme pour évacuer la pression après ce parcours.

Ce fut seulement quand la jeune fille passa au grand galop juste devant le visiteur qu'elle le remarqua. Tout en continuant à galoper, elle le fixa avec une expression intriguée. Le garçon eut le souffle coupé quand leurs regards se croisèrent. Jamais il n'avait vu de yeux aussi verts et profonds, malgré la très courte seconde qu'il les aperçut. Cependant, il se ressaisit bien vite et, pendant que le magnifique cheval ralentissait l'allure, il tourna le dos à la carrière, direction les écuries. Il retraversa l'allée de boxes, puis arrivé au grand chêne de l'entrée, enfila son casque, enfourcha de nouveau sa moto, et repartit à travers champ.

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MarjolaineRayer, facebook.com/le-dernier-bouquin-sur-letagere :

« Seul le bruit des éclaboussures des sabots
nous rappelait que nous étions encore sur la terre ferme.
A part ça, la sensation de légèreté était telle
que nous avions réellement l'impression de ne plus toucher sol :
nous étions quelque part entre ciel, terre et océan. »


J'ai débuté la lecture de Chevauchée un peu par hasard, en déambulant sur Wattpad. À vrai dire, je n'attendais pas grand-chose. Les histoires de chevaux ont tendance à toutes se ressembler.

Mais ce n'est pas une histoire de chevaux : c'est une histoire avec des chevaux.

Chevauchée, c'est avant tout une tranche de vie : celle de Maud, jeune lycéenne aux journées rythmées par le lycée, ses amis et son cheval Knight.

Rapidement, on s'attache à ce personnage. L'écriture à la première personne aidant largement. Car au final, Maud est quelqu'un de standard, comme bien des adolescentes.

Puis, nous faisons la connaissance d'un jeune motard à la tignasse brune qui prend pour habitude de venir voir Maud et Knight tous les jours.

La suite est évidente. Et alors ? Est-ce un mal de se laisser porter par cette petite amourette adolescente ?

C'est avec une grande simplicité que nous suivons Maud et As à travers leur quotidien, toujours avec simplicité, que nous les voyons grandir et évoluer, passer de l'adolescence à l'âge adulte.

Pour ma part, Chevauchée a vraiment été un coup de cœur malgré la simplicité de l'histoire et l'écriture parfois un peu hésitante de l'auteur (qui n'a cessée d'évoluer de chapitre en chapitre).