Chapitre 44 ♦ Envol pt. II

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♫ Saturn - Sleeping At Last


Il y a un an et trois mois...


Je posai pied à terre, frustrée, et grandement déçue. Cela faisait le cinquième concours où Knight faisait des barres. Même si, avec nos précédents résultats, Knight s'était qualifié pour Lamotte, ce n'était pas encore mon cas, il me restait des quarts à faire. M. Garis m'avait bien proposé de passer les qualifications avec un autre cheval, mais pour moi cela était hors de propos: c'était avec Knight jusqu'au bout, ou rien du tout.

Nos premiers résultats nous avaient hissés sur des podiums plus ou moins prestigieux dans la région, qualifiant ainsi Knight, mais tant que moi je ne l'étais pas, la course aux médailles pour obtenir ma place aux Championnats de France n'était pas finie. Or voilà plus d'un mois que nous n'avons pas fait de tour d'honneur, malgré les compétitions que nous enchaînions et nos entraînements propres et assidus. Alors le soir, à table avec ma mère, je lui annonçai:

« Maman, j'arrête.

– Comment ça? demanda-t-elle en piquant une fourchette de salade.

– Les concours, les qualifications pour Lamotte... C'en est trop pour Knight, il est épuisé. C'est bien trop dur pour lui de suivre le rythme, les derniers résultats nous le montrent bien, il est encore bien trop jeune pour ça.

– Tu sais que tu peux te qualifier avec un autre cheval Maud, Knight l'est déjà lui, de toute façon.

– Oui je le sais bien, mais sans lui... Je ne vois pas l'intérêt, je veux que ce soit notre histoire, jusqu'au bout.

– Je respecte ta décision ma fille, mais tu as bien réfléchi à ce que tout cela impliquait?

– Plus de compétitions, plus d'entraînements au CEL, plus de cours collectifs... Je sais bien, mais même si j'aimerai vraiment participer aux Championnats, la pression qu'il y a derrière, avec M. Garis entre autres, est dure à porter. En fait, elle gâche même tout le plaisir de la compétition: avant je concourrai pour mon simple plaisir, mais maintenant que je me suis engagée dans cette "course aux médailles", rien de bon n'en sort. Le rythme est trop soutenu, et la pression beaucoup trop grande. Je ne peux pas continuer comme ça maman, et Knight non plus.

– Très bien bien Maud, j'appellerai Martin demain pour le lui annoncer alors. »

Nous avons alors continué notre dîner en silence, jusqu'à ce qu'elle prenne de nouveau la parole:

« Au fait, j'ai appelé les Skiper cet après-midi.

– Et? demandai-je toute excitée.

– Ils sont d'accord pour que nous emmenions Adrien à la plage avec nous la semaine prochaine.

– Oh super! Merci beaucoup maman! »

L'anniversaire de mon As était la semaine prochaine, et il se trouvait que cela tombait pile en même temps que notre semaine de vacances à la plage avec les chevaux. Alors, avec ma mère, nous avions décidé d'emmener Adrien avec nous pour lui faire la surprise. Évidemment il nous fallait déjà l'accord parental... Maintenant que cela était fait, j'avais vraiment hâte de partir en vacances avec lui, à la plage qui plus est!


Ainsi, une semaine plus tard, je sautai avec entrain dans la Chevrolet de ma mère, balançant mon sac sur la banquette arrière. Aussitôt nous nous mîmes en route — direction la plage avec escale chez les Skiper! Dix minutes plus tard, nous étions garés sur le parking en face de la maison de ces derniers. Enfin "garés" est un bien grand mot: avec le van et les chevaux à l'arrière, ce n'était pas si facile que ça!

ChevauchéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant