Chapitre 32 ♦ Cauchemar(s)

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Ces instants passés dans le noir, seule avec As, m'avaient en quelque sorte clarifié les idées. Certes, j'étais toujours un peu confuse d'avoir découvert à quel point j'avais besoin de lui, cette pensée me mettait mal à l'aise. Mais d'un autre côté, j'étais rassurée de voir que lui aussi tenait à moi.

Je ne pourrais pas vraiment expliquer pourquoi, mais je savais qu'il avait besoin de temps, que derrière son mutisme il avait sans doute un tas de choses à raconter. Quelque part, je me sentais même un peu stupide d'avoir douté de lui à ce point, et d'avoir piqué toute une crise de nerfs pour ça.

" Et même si je sais que je suis loin d'être parfait, si tu veux qu'on se lance qu'on essaye, moi je pense que ça peut donner quelque chose de beau parce qu'après tout on sait jamais... "

Les paroles de cette chanson, de NOTRE chanson, me reviennent en tête, et je me demandai vraiment comment j'avais bien pu douter de lui. Il avait toujours été là, et peu importait mon humeur il me redonnait le sourire. Il a été l'épaule sur laquelle je pouvais pleurer, celui qui dissipait toutes mes peines d'un sourire, il était mon magicien, mon ange gardien même! Alors comment, à cause de ce maudit incident de rien du tout, avais-je pu penser que tout cela allait s'arrêter? Je ne connaissais rien de lui, mais il était l'une des personnes, si ce n'est LA personne, en qui j'avais le plus confiance.

Allongée dans mon lit, ayant regagné ma chambre après avoir quitté As, des brides de paroles de cette chanson me revenaient naturellement, bien que je ne l'ai entendue qu'une seule fois, lors du concert. C'était comme si cette chanson avait en quelque sorte parlé à sa place, et chacune des paroles était restée gravée dans ma mémoire. Le chanteur avait parlé, mais c'était As qui s'adressait à moi.

" J'arrive pas à te sortir de mes pensées je peux pas te le dire autrement, en même temps c'est pas très compliqué je pense que tu comprends. Je suis désolé si c'est un peu direct mais je me dit qu'on a qu'une vie, qu'elle est trop courte, trop fragile, et puis faut mieux avoir des remords que des regrets. "

Le reste de la chanson se jouait dans ma tête tandis que derrière mes yeux clos, mon beau brun me murmurait ces mots doux à l'oreille.


Étrangement, j'avais passé une nuit des plus agréables! Enfin, jusqu'à ce que les professeurs tambourinent contre nos portes à 6h30, nous ordonnant de nous lever "et plus vite que ça". J'avais signé pour une classe de vacances moi, pas pour un camp militaire!

Quelques minutes plus tard, tandis que nous étions tous rassemblés dans le réfectoire pour prendre notre petit déjeuner, les professeurs nous expliquèrent le déroulement de la journée:

« Très bien les jeunes, votre attention s'il vous plait! Merci. Alors aujourd'hui, nous allons découper la journée en deux temps: le matin, nous nous promènerons dans le village et ses alentours, ce qui sera également l'occasion d'un cours de géologie! »

Une seule et même voix de protestation s'éleva dans toute la pièce. Quand le calme fut revenu, le professeur continua, imperturbable:

« Nous mangerons ensuite sur le centre puis l'après-midi, nous visiterons une partie de la ligne de fortification encore en parfait état de la Haute-Maurienne: la redoute Marie-Thérèse, et le fort Victor-Emmanuel! Les visites se feront en autonomie, nous comptons sur vous pour bien vous tenir! Voilà, c'est tout ce que j'avais à vous dire pour le moment. Rendez-vous dans une heure devant l'entrée, et gare aux retardataires! »

Dès le discours fini, je me précipitai sur mes tartines, n'ayant mangé qu'un petit gâteau depuis hier midi. Alors que je m'empiffrai tout en me plaignant de l'absence de Nutella, mon regard s'accrocha à celui de As, de l'autre côté de la salle. Il me sourit, de sa manière habituelle avec sa petite fossette gauche et ses yeux qui se plissent, et je fus vraiment soulagée que rien n'ait changé. Je dirai même que les choses s'étaient améliorées: même de loin, je pouvais remarquer que son regard se faisait plus tendre encore que d'habitude, plus attentionné. Alors je refocalisai mon attention sur ma tartine, ne voulant pas le laisser voir le rouge que je sentais me monter aux joues.

ChevauchéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant