Chapitre 33 ♦ De Feu et de Glace

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(sauf indication contraire, toutes les chansons présentes dans ce chapitre sont extraites des titres du groupe Fauve)


« Alors c'est toi l'enfoiré? lui cracha un Caleb fou de rage au visage. Tu te crois malin hein? »

Sa prise autour du col de As se raffermit, mais tout comme moi, celui-ci ne semblait pas comprendre de quoi son agresseur parlait. Il arqua d'ailleurs un sourcil afin de lui demander ce que pouvait bien lui valoir un tel traitement.

« Arrête de faire l'innocent bordel! T'as cru que t'étais qui pour la faire pleurer comme ça?

– Caleb! Qu'est-ce qu'il te prend? Lâche-le tout de suite! lui hurlai-je à mon tour. »

Mais l'interpellé ne semblait pas m'entendre, aveuglé par la rage, et secouait maintenant mon ami comme si ce geste allait l'aider à comprendre la situation.

« De qui je parle? Attends tu me demandes sérieusement de qui je suis en train de parler là? Mais d'elle voyons, de qui d'autre veux-tu que je parle? »

En prononçant ses mots à quelques centimètres du visage de mon beau brun, il avait fait un signe dans ma direction.

Just... wait! La fille que As avait fait pleurer c'était moi? Comment ça?

« Oui, hier je l'ai vue traverser le couloir tellement enragée qu'elle ne m'avait même pas vu. Alors je l'ai suivie, elle est rentrée dans une chambre, puis elle s'est mise à pleurer. C'est donc toi l'enflure qui lui as fait ça? Tu vas payer je peux te l'assurer! »

Bien, au moins désormais j'étais fixée... Cependant, je n'avais aucun souvenir d'avoir pleuré... Pourtant il est vrai que j'étais dans un tel état qu'il était fort probable que je l'ai fait, tout bien réfléchi.

Les yeux de As semblèrent s'éclairer, comme si enfin il voyait de quoi parlait son agresseur. Sitôt après, ils se voilèrent de nouveau, mais ce coup-ci comme de tristesse, et non d'incompréhension. Il regrettait ce qui s'était passé hier, le comportement qu'il avait eu par ma faute.

Tout ceci était de ma faute.

En même temps que je réalisai cela, Caleb hurla une dernière fois:

« Mais tu vas répondre un peu quand je te parle connard? »

Quand je le vis lever la main vers mon ami toujours à sa merci, je réagis instinctivement au quart de tour, m'interposant entre les deux garçons. Je voyais la main de Cal m'approcher rapidement de ma joue et fermai les yeux, ne pouvant rien faire d'autre que d'encaisser le coup à la place de As. C'était le moins que je puisse faire après tout ce que lui faisait pour moi.

Mais alors que j'aurai dû recevoir la gifle depuis bien longtemps, rien ne vint. Je me risquai alors à ouvrir doucement les yeux. Ce que je découvris me stupéfia.

La main de Caleb était arrêtée à quelques centimètres de mon visage, mais pas de son plein gré. Effectivement, une poigne que j'identifiai comme étant celle de As l'avait stoppée.

Durant les quelques secondes qui suivirent, j'eus l'impression de vivre la scène au ralenti. Tout d'abord, je tournai légèrement la tête vers As pour voir que désormais, c'était lui qui semblait fou de rage. Ses yeux n'avaient jamais été aussi froids et ils transperçaient littéralement Caleb. Je remarquai ensuite qu'en effet, il serrait si fort le poignet de ce dernier que je pouvais voir ses phalanges blanchir et ses muscles du bras se contracter sous l'effort. Puis, face à moi, c'était au tour de Caleb d'aborder une mine perdue et paniquée. Il semblait tout juste se rendre compte de ce qu'il s'apprêtait à faire, sa main arrêtée à quelques centimètres de ma joue. Il paraissait alors si confus qu'on aurait pu croire qu'il se réveillait tout juste d'un profond sommeil.

ChevauchéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant