Chapitre 11 ♦ Entre Ciel et Terre

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Quand je sortis de la douche ce samedi soir là, je n'avais absolument aucune raison de trouver As assis dans le canapé de mon salon, tranquillement occupé à écouter ma mère lui parler du nouveau cheval qu'elle aimerait bien acheter. Pourtant, il était bien là, dans ce canapé de cuir jauni par le temps que nous avions ramené des Etats-Unis. Bon d'accord, il n'avait pas l'air si à l'aise que ça, surtout quand il me vit apparaître en haut de l'escalier avec une serviette enroulée en turban au dessus de la tête. Encore heureux que je ne sois pas descendue en petite culotte!

« Oh Maud, tu tombes bien! commença ma mère d'un ton posé quand elle me vit à son tour. Vous avez fini l'entrainement assez tard aujourd'hui, la nuit commence à tomber. J'ai donc proposé à ton ami de rester ici avec nous ce soir. »

Mon pied resta suspendu au-dessus de la huitième marche. Qu'entendait-elle par "rester ici avec nous ce soir" ?

« Bien qu'il ait d'abord voulu décliner mon invitation, il a fini par accepter en se rappelant que ses parents étaient partis pour le week-end et qu'il n'avait donc pas envie de se retrouver seul. »

Le garçon en question se tordait les doigts, gêné. J'haussai un sourcil en sa direction; "Sérieusement? – Bah ouais..."

« Ok très bien, répondis-je bien que consternée. Je vais finir ma toilette. »

Et je remontai les sept marches et demie que je venais de descendre. Tout en enlevant ma serviette-turban, je repensais à la semaine passée. Nous avions beaucoup progressé, Knight et moi. D'accord, je reconnaissais que cela est principalement dû à As. Mardi, c'étaient des casseroles et autres objets bruyants qu'il avait apporté. Mercredi, Déborah lui avait demandé de nous installer un petit parcours d'obstacles et de ramasser les barres que nous faisions tomber. Le pauvre gars n'avait pas arrêté de courir aux quatre coins de la carrière sous l'œil intrigué de ma monture. Jeudi, estimant de mon cheval avait pas mal progressé, il avait décidé de m'accompagner en balade mais ce coup-ci, sur le dos de sa moto. Nous avions d'ailleurs fait la course et bien que son engin était en tête, j'ai fini par gagner en l'emmenant droit vers un petit muret de pierre. Knight l'avait sauté, mais sa machine avait eu plus de mal disons. Vendredi, mon motard avait installé un parcours entier et complexe composé uniquement d'obstacles décorés avec des objets extravagants.

Et il y eu aujourd'hui. Quand j'étais entrée dans la carrière, il n'avait pas ôté son casque de moto et m'avait fait signe de le suivre. Au bout d'un petit quart d'heure, nous nous étions retrouvés dans un petit bosquet. Cet endroit était le lieu rêvé pour s'entraîner: de nombreux arbres étaient tombés en travers du chemin piéton, formant un superbe parcours naturel. J'avais l'habitude de venir dans ce bois lors de ma première année ici, mais je n'y étais pas retournée depuis. Le coin, laissé sans entretien, avait un petit air sauvage. Au détour d'un gros rocher, j'avais aperçu une petite famille de chevreuils. J'allais m'exclamer pour prévenir mon compagnon quand celui-ci avait doucement plaqué une main sur ma bouche pour retenir mon son. "Chut!" m'avait-il intimé. "Tu risques de les faire fuir" disait son regard en direction des animaux. Nous étions restés ainsi un bon moment, lui avec sa main sur ma bouche, et moi ne m'en rendant même pas compte, bien trop absorbée par les chevreuils. Quand enfin ces derniers eurent disparu, nous avions repris notre exploration du bosquet. Nous en étions sortis que bien plus tard, et effectivement, le temps de rentrer à l'écurie, il faisait presque nuit noire.

Maintenant, As m'attendait dans le salon. Dans MON salon. Je fermai les yeux, pris une inspiration, puis les ouvris en même temps que ma porte. En descendant de nouveau les escaliers, je vis ma mère faire la cuisine tandis que As mettait la table. Malgré le stress qui montait depuis peu en moi, je ne pus retenir un sourire.

ChevauchéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant