Chapitre 23 ♦ Les Voyageurs Incessants

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♫ I Lived - OneRepublic


J'émergeais de mes rêves doucement. Je sentais le sommeil me quitter petit à petit. Je reprenais conscience de ce qui m'entourait, de ma couette enroulée autour de moi, quand je sentis quelque chose d'inhabituel: un bras semblait passer en travers de mon lit et reposait sur mon flanc gauche.

Lentement, n'ayant pas encore tout à fait repris contact avec la réalité, je me retournai dans mon lit. Tout de même un peu curieuse de savoir à qui ce bras appartenait, j'ouvris doucement les yeux, battant plusieurs fois des paupières.

La forme floue devant mes yeux sembla devenir de plus en plus nette, et ce que je vis me fit douter de ne pas être encore plein rêve. J'aperçus un visage. Un front traversé par d'épaisses boucles brunes. Un petit sourire en coin. Une fossette. Des yeux noisettes pétillants qui me fixaient avec amusement.

Ces yeux me firent petit à petit revenir sur terre. Désormais, je fixai moi aussi ce garçon allongé sur un lit près du mien, un sourire niais pendu aux lèvres.

« Hey. »

Ce fut un chuchotement, un murmure prononcé dans l'obscurité, une douce mélodie semblable aux premiers rayons matinaux perçant entre les nuages de l'aube.

Ce fut sans aucun doute le meilleur réveil que je n'ai jamais eu.


La reprise des cours ne fut pas si redoutable que ça. Ce break de deux semaines avait sans doute permis à tout le monde de réfléchir et de se poser: mon amitié avec Déborah était plus fusionnelle que jamais, Louise semblait avoir mis sa rancune de côté, et Caleb fut le premier à me saluer le lundi matin.

Mais surtout, depuis que je m'étais réveillée aux côtés de As trois jours auparavant, je me sentais flotter sur un petit nuage. Rien ne semblait pouvoir saper ma bonne humeur, et toutes les choses n'ayant pas de liens avec mon beau brun me paraissaient futiles et sans importance.

Je passai mes journées à rigoler pour un oui ou pour un non, à saluer chaque personnes que je croisais dans les couloirs, même celles que je ne connaissais absolument pas, et participais avec entrain à chaque cours, aussi bien en maths qu'en histoire.

Et même quand Débo m'avait fait remarquer que je devrais redescendre sur Terre, je l'avais envoyée balader en rigolant. Je ne m'étais jamais sentie aussi bien, et même si j'avais conscience de l'état second de béatitude dans lequel je semblais vivre, je refusais d'y mettre un terme.

Encore une fois, raison, responsabilité, logique, et fierté m'avaient quittées, la faute à un regard noisette.

« Comme je vous en avais parlé au début de l'année, nous allons bientôt partir en voyage scolaire sur cinq jours avec les autres classes de Première S. Le départ aura lieu lundi 13 novembre à 6h du matin, vous avez intérêt à être à l'heure! Le retour se fera vendredi 17, aux alentours de 20h il me semble.

Nous partons donc dans pas moins de deux semaines, pour Bramans, un petit village typique des Alpes. Des professeurs de sciences, de sport, et d'histoire accompagneront chaque classe. Ce voyage a pour but de vous faire découvrir une partie de France que vous ne connaissez pas forcément, de profiter de l'histoire de ce lieu par la visite de nombreux forts, mais surtout de renforcer les liens entre vous, et entre vous et nous, à travers de nombreuses activités.

Évidemment, je compte sur vous pour être d'une sagesse exemplaire! »

Une série d'applaudissements retentit dans toute la salle après l'annonce de Mme Gapilos. Quelque part, cette sortie scolaire me réjouissait — comme tout actuellement — car je n'en avais pas beaucoup fait depuis mon arrivée en France. De plus, nous partirons avec TOUTES les classes de Premières S... Il ne restait plus qu'à espérer que As en fasse partie.

ChevauchéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant