Chevauchée

Chapitre 22 ♦ Un besoin vital

♫ Champion - Chipmunk ft. Chris Brown

Le père de Déborah s'arrêta dans la cour de l'écurie. Je serrai une dernière fois mon amie dans mes bras puis sortis de la voiture. Son père m'aida à sortir ma valise et me dit:

« Tu veux que je t'accompagne à l'intérieur? Je pourrai saluer Cassandre.

– Non, merci M. Hasting, mais je pense que de toute manière ma mère doit être à l'écurie. Ne vous en faites pour pour moi. Merci de m'avoir ramenée.

– Mais ce n'est rien Maud! Merci à toi d'avoir proposé à Débo de venir avec toi, elle m'a l'air absolument enchantée de son séjour.

– De rien, on s'est bien amusée. À bientôt M. Hasting!

– Au revoir Maud. »

Sur ce, je commençai à traîner ma valise sur les gravillons pour atteindre ma maison, puis fis signe de la main à la voiture de mon amie disparaissant sur le chemin de terre.

Sitôt rentrée chez moi, je ne pris même pas la peine de monter ma valise dans ma chambre ou de changer de chaussures. Je laissai tomber ma valise au sol, au milieu du salon, et fis directement demi-tour, me précipitant à l'écurie. Mon cheval m'avait atrocement manqué, et je n'avais qu'une hâte; le serrer dans mes bras.

La grange était calme, et ma mère ne semblait pas être là, malgré la Chevrolet garée dans la cour. Je ne m'en souciai pas plus que ça, et me contentai de me diriger vers le huitième boxe sur la gauche. J'en étais à peine à quelques mètres quand je vis une tête baie en sortir. Knight avait reconnu le son de mes pas sur le sol de béton. Il m'accueillit d'un doux hennissement, le genre très rauque qui naît dans le fond de sa gorge. Arrivée à sa hauteur, je le caressai entre les deux yeux qu'il ferma de plaisir.

« Coucou mon grand, lui murmurai-je. Je t'ai manqué apparemment. Toi aussi tu m'as manqué tu sais. Allez, ça te dirait qu'on aille se promener un peu tous les deux? Viens! »

J'ouvris la porte de son boxe, et il sortit avant de s'arrêter dans l'allée, docilement. J'attrapai un licol que je lui enfilai, puis partis avec lui de l'autre côté de la grange. Quand nous fûmes sortis, j'aperçus du mouvement sur ma droite. Je tournai la tête en direction de la carrière, et vit un cheval travailler. Jusque là, rien d'anormal. Mais, en y prêtant plus attention, je vis que le cheval en question était June, notre jument alezanne. Cela m'intrigua car habituellement, seules ma mère, Dorothée sa demi-pension, et parfois moi la montions. Or, la cavalière ne possédait pas les long cheveux de Dorothée, et ma mère était accoudée à la barrière et je l'entendais donner des conseils comme si elle lui faisait cours, alors que c'est une chose qu'elle avait arrêté depuis que nous étions en France.

Je m'approchai donc, Knight sur les talons, et je fus encore plus surprise quand je vis que la jument trottait d'un pas rapide et cadencé, et avait l'encolure allongée, semblant parfaitement à l'écoute de sa cavalière. Cela m'étonnait car habituellement, June était une jument plutôt capricieuse: elle était du genre très entêtée et s'amusait à faire exactement le contraire que ce que son cavalier voulait. Pourtant, elle était en cet instant méconnaissable tellement elle semblait calme et à l'écoute. Me demandant à quoi était dû ce changement, je portai enfin mon attention sur la cavalière.

Ou plutôt devrai-je dire, le cavalier. Car oui, tellement absorbée que j'étais dans la contemplation de la monture, j'en avais oublié le cavalier. Les garçons à l'écurie étaient tellement rares que naturellement, je pensais que c'était une fille qui montait. Mais maintenant que j'étais assez proche, il ne pouvait pas y avoir d'erreur: c'était bel et bien un garçon qui montait June. Et, plus surprenant encore, ce garçon avait l'air d'un parfait débutant!