Chevauchée

Chapitre 43 ♦ Envol pt. I

♪ Kissing You Goobye - The Used

Le lendemain, des coups portés à la porte de ma chambre me tirèrent de mon sommeil. Je grognai en me réfugiant de nouveau sous mes couvertures. Je n'avais qu'une envie, rester dans ce lit jusqu'à vendredi. Maintenant qu'Il était parti, je n'avais aucune raison valable pour me lever.

Cependant, mon absence de réponse n'empêcha pas la personne venue me réveiller de pousser la porte de ma chambre et d'y entrer. Aussitôt, une odeur de tartines grillées et de chocolat chaud me parvint, et je me retournai pour identifier mon livreur de petit déjeuner.

En voyant le livreur en question, je crus d'abord que j'étais mal réveillée. Mais après m'être frotté les yeux, cette personne était toujours là. Il était toujours là. Mon as.

« Mais qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu fais ici? balbutiai-je incrédule.

– Si j'ai bien tout compris, il me reste cinq jours pour profiter de toi, alors je vais faire en sorte que ces cinq jours soient les plus beaux que nous passerons ensemble.

– Tu mets la barre très haut là...

– Je sais, raison de plus pour que tu me sortes ces magnifiques petites fesses de ton lit pour avaler rapidement ce petit déjeuner, pour que je puisse ensuite te kidnapper en bonne et due forme.

– Me... kidnapper?

– Chut pose pas de questions et laisse-moi faire, mon cœur. Tu seras de retour pour prendre ton avion ne t'en fais pas. Promis. »

Mon cœur... Ce seul surnom me poussa à obéir et à le laisser profiter de moi durant ces cinq jours qu'il nous restait.

Il avait promis que ces cinq jours seraient les meilleurs que nous passerions ensemble. Il tint sa promesse.

Le vendredi suivant, maman et As m'accompagnèrent à l'aéroport. En parfait gentleman, mon beau brun tirait mon énorme valise à travers les différents halls, et cette scène m'arracha un petit sourire nostalgique du jour où nous étions partis en classe de découverte, presque deux ans auparavant, et où il avait tenu à monter nos deux valises sur le chemin chaotique menant à l'auberge. Ce jour là, nous avions énormément ri sauf que aujourd'hui, l'ambiance était bien différente. Même si Adrien souriait sans cesse depuis ce jour où il était venu m'apporter ce petit déjeuner au lit, je voyais bien qu'il y avait quelque chose de différent, qu'il avait changé... Il y avait certes cette étincelle de tristesse et d'immense peine qu'il avait dans les yeux, mais c'était plus que ça. J'avais peur de l'avoir brisé, et qu'il ne s'en remette jamais.

« On est arrivé, intervint ma mère. »

Nous savions qu'il était l'heure de se dire au revoir, mais aucun de nous n'en avait la force. Ma mère aussi allait me manquer. Même si je la reverrai une ou deux fois par an, je n'étais pas habituée à être séparée d'elle: depuis mon enfance où j'avais grandi sans père, elle était mon point de repère, ensemble nous avons traversé l'Atlantique, et là je m'apprêtais à faire le chemin inverse, mais sans elle. Sans personne. Livrée à moi même. Heureusement que Knight m'attendait déjà sur place! À partir d'aujourd'hui, et durant les années à venir, il sera mon seul et unique point de repère.

« Les voyageurs pour le vol RW652 à direction de Seattle sont priés de se présenter à l'embarquement. Décollage prévu dans 26 minutes.

– C'est mon vol, il faut que j'y aille, annonçai-je tristement. »

Émue, ma mère me prit dans ses bras, et me donna une étreinte si chaleureuse qu'elle me fit monter les larmes aux yeux quand je me dis que cette étreinte serait la dernière avant longtemps.