Chapitre 2 ♦ Vœu de silence

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Assise sur la barrière du paddock, je regardais les chevaux s'amuser dans le pré, plongée dans mes pensées. Je pensais encore à l'inconnu. Ce jeune homme m'intriguait. Il était revenu m'observer hier encore. Je me demandais qui il pouvait bien être, et surtout ce qui pouvait bien le pousser à venir me regarder travailler tous les jours à 18h. D'habitude, j'aimais changer mes horaires d'entraînement mais, depuis lundi, j'essayais de me mettre à cheval toujours aux alentours de 18h, et je crois bien qu'il y avait une raison à cela. Je n'étais pas encore capable de mettre un nom sur cette raison , mais je pense bien qu'elle n'était rien d'autre que mon mystérieux inconnu. J'étais quasiment certaine qu'il venait pour me voir, ce serait donc bête qu'il fasse le déplacement pour rien.

Enfin ça, c'était ce dont j'essayais de me convaincre. Concrètement, je crois bien que c'est aussi moi qui, d'un certain côté, aimerais le voir. Je ne savais pas pourquoi, c'était plus fort que moi, tout ce mystère autour de lui m'intriguait! Et puis je crois bien que chaque jour j'avais peur qu'il ne vienne pas. Aujourd'hui aussi cette peur me prenait au ventre. Elle était inexplicable et relativement agaçante mais je crois que je n'avais pas vraiment assez de pouvoir sur moi-même pour décider de sa présence! Depuis trois jours maintenant, j'avais plus ou moins eu le temps de m'habituer à sa timidité, au fait qu'il n'ouvrait jamais la bouche et restait simplement assis à me regarder. D'un côté, cela m'arrangeait; il ne me dérangeait pas vraiment dans mon travail du coup. Enfin, seulement si j'arrivais à oublier sa présence bien sûr, ce qui n'était pas chose aisée!

De plus, la conversation que j'avais eue avec ma mère lundi soir alors que nous dinions ensemble sur la terrasse me revenait sans cesse en mémoire.

« Tu as parlé avec le garçon assis près de la carrière pendant que je montais non? l'avais-je tout d'abord interrogée.

— Oui, au début je pensais qu'il devait être un de tes amis mais cela me semblait bizarre, tu n'as pas d'amis aussi mignons, avait-elle répliqué tranquillement en mettant une fourchette de salade dans sa bouche.

— Maman! l'avais-je reprise en sentant mes joues rosir légèrement.

— Bah quoi? Bref, j'ai entamé brièvement la discussion avec lui, mais on ne peut pas vraiment dire que c'est un bavard cet enfant! »

J'avais souri à sa réflexion; cela ne m'avait pas vraiment étonnée.

« Et qu'est-ce qu'il t'a dit?

— Pas grand chose en réalité. Il m'a simplement dit qu'il ne connaissait rien aux canassons mais que pourtant, il trouvait que vous vous débrouillez vachement bien tous les deux, ce que j'ai d'ailleurs approuvé. Il m'avait l'air un peu admiratif même! ajouta-t-elle en rigolant.

— Merci maman... avais-je bougonné. »

J'étais tout de même un peu flattée de ce qu'il pensait de Knight et moi, mais le ton de ma mère m'avait un peu vexée


Tout à coup, une tape sur l'épaule me sortit de mes pensées et m'arracha un petit cri de surprise. Je basculai vers l'avant et me rattrapai de justesse à la barrière, évitant de peu de plonger tête en avant dans le crottin situé dans le champ juste sous mes pieds. Après avoir retrouvé mon équilibre, je me retournai pour identifier la personne qui m'avait causé une telle frayeur, la bouche déjà ouverte, prête à la remettre rapidement à sa place.

Quand je reconnus ma meilleure amie, Déborah, mon expression colérique se transforma en une autre toute joyeuse, et ce qui sortit de ma bouche ouverte ressemblait alors plus à:

« DEBO! Comme tu m'avais manquée ! »

Et je tombai ensuite de la barrière, mais cette fois-ci du bon côté, pour atterrir dans les bras de mon amie.

ChevauchéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant