Chevauchée

Chapitre 10 ♦ Au-delà des peurs

Lundi. Je me dirigeai d'un pas nonchalant vers mon lycée. Ma mère ayant des courses à faire, elle m'avait déposée à l'entrée de la ville, à quelques minutes à pied de Voltaire. Mes écouteurs enfoncés dans les oreilles, je me remémorai tout en traînant des pieds la discussion que j'avais eue avec ma mère le soir dernier:

« Je vous ai observés tout à l'heure, toi et ton ami, avait-elle commencé. »

Je m'étais directement mise à rougir en me cachant derrière mes cheveux. J'espérais juste qu'elle n'ait point vu la position embarrassante dans laquelle nous nous trouvions. Toutefois, elle n'eut rien dû voir car elle n'avait fait aucun commentaire dessus en continuant sur sa lancée:

« Il ne se débrouille pas trop mal, je suis plutôt impressionnée! »

Et moi de même! avais-je pensé.

« Moi qui pensais qu'il n'avait jamais approché de chevaux auparavant!

– Mais c'est le cas, avais-je affirmé. »

Devant le haussement de sourcil interrogateur de ma mère, j'avais continué:

« Je lui ai simplement montré comment faire. Il comprend vite, c'est tout. »

J'avais espéré que mon haussement d'épaules évasif lui fasse lâcher l'affaire, cependant elle n'en avait pas démordu.

« C'est bizarre pourtant, car Knight et plutôt nerveux avec les inconnus non? »

Même si j'aimais beaucoup ma mère et que nous partagions de nombreuses choses, je ne voulais pas vraiment m'étendre sur le sujet d'As avec elle. Déborah était la seule au courant, car elle était ma meilleure amie. Pour les autres je ne voulais pas vraiment en parler car je savais très bien de ce que les autres pourraient en penser. Quelque chose qui ressemblerait à "Mais elle est complètement folle celle-là!" je pense. Et ça, je préférais l'éviter.

« Bah, je crois simplement que Knight l'aime bien, je ne vois pas ce qu'il y a d'étrange à cela, m'étais-je contentée de répondre.

– Je n'ai jamais dit le contraire! Je suis même plutôt de ton avis. C'est d'ailleurs pour ça que je suis allée lui parler avant qu'il parte.

– Ah et, de quoi avez-vous parlé? avais-je tenté avec prudence.

– Oh, de tout et de rien... Mais principalement de ta performance de dimanche dernier. (J'avais grimacé à ces mots.) Nous étions tous les deux d'accord pour dire que c'est vraiment dommage que Knight ait pris peur, votre tour était superbe jusque là! C'est ensuite que je lui ai fait remarquer que ton cheval semblait l'apprécier. Il eut l'air gêné, mais ne nia pas. Je lui ai donc demandé s'il pourrait vous aider à vous entraîner. Je pense qu'en plus, cela devrait être plus marrant pour lui de prendre part à votre travail plutôt que de rester assis sous son arbre à réviser ses leçons!

– Tu as quoi?! m'étais-je exclamé de surprise.

– Demandé de participer à votre entraînement, avait-elle répondu en soupirant. »

Puis elle avait continué, les yeux brillants:

« Lui à l'air de mieux s'entendre avec Knight que moi, et je pense que désormais, le plus important pour lui est de l'habituer à garder son calme dans différentes situations. Niveau performance, ton cheval est vraiment bon, sauf que voilà, il a tendance à prendre peur rapidement et de manière excessive.

– Donc si j'ai bien tout compris, avais-je récapitulé d'un ton à moitié sarcastique, tu voudrais que ce garçon m'aide à désensibiliser mon cheval aux apparitions soudaines de photographes sortant de pot de fleurs (car c'était plus ou moins ce qu'il s'était passé en concours), et ce simplement parce que mon cheval à l'air de bien l'aimer?