Chevauchée

Chapitre 17 ♦ Se perdre pour mieux se retrouver

♫ You Found Me - The Fray

Cela faisait maintenant presque dix minutes que j'étais plantée devant la grille du lycée. Je n'osaai pas entrer. Je n'ose pas revoir Caleb. Je ne saurai pas comment réagir. Je ne saurai pas quoi faire. Tout ça m'angoissait terriblement.

Respire Maud, tout va bien se passer. Ferme les yeux. Prends une profonde inspiration. Fais un pas. Un second. Maintenant, ouvre les yeux.

Je savais très bien que je ne pourrai pas retarder le moment. Ce moment où je devrai affronter Caleb. Je savais très bien que j'étais lâche. Je devrais aller le voir, et lui expliquer que ce baiser ne signifiait rien pour moi, qu'il était uniquement mon meilleur ami. Mais j'en étais incapable. J'avais pourtant toujours été très à l'aise avec les autres, jamais je n'avais eu peur de dire ce que je pensais.

Mais jamais je ne m'étais retrouvée dans une situation comme celle-ci, et j'avais peur. Oui j'avais peur, peur de pas trouver les mots justes et de perdre mon ami. C'était stupide, je le savais bien, mais en attendant cette situation était totalement insensée, et je n'avais aucune idée de la manière de me sortir de ce bourbier.

J'aperçus mes amis au loin, et je ne trouvai pas la force d'aller les rejoindre, simplement parce que Caleb était avec eux. Je me sentais totalement idiote d'agir de la sorte: après tout, c'était Cal qui devrait m'éviter! Pas l'inverse! Mais je soupirai, et me dirigeai directement vers ma salle de classe.

Durant les deux premiers cours de la journée, je me concentrai uniquement sur les paroles du professeur, refusant de me retourner pour voir Caleb. Quand la cloche sonna la pause de la matinée, je bondis sur ma chaise et fus la première à quitter la salle. Cependant, malgré mes efforts pour l'éviter, je le sentis m'agripper doucement le bras quelques mètres plus loin.

« Maud, il faut vraiment qu'on parle, me déclara-t-il d'un ton sérieux.

– Oui? Je t'écoute. »

J'essayai de prononcer ces mots de la manière la plus neutre possible, mais je me rendis bien compte que ma voix était bien plus aiguë qu'en temps normal. Je détestais cette attitude, je détestais me sentir si faible alors que concrètement, c'était lui qui était en tord. Je croisai mes bras sous ma poitrine pour me donner une contenance, espérant ainsi avoir l'air un peu plus sûre de moi, à défaut de ne pas l'être.

« Écoute, je voulais te dire que je suis désolé pour ce qui s'est passé hier. Je... je ne sais pas ce qui m'a pris, vraiment jamais je n'aurai dû agir comme ça, je le regrette. »

Il avait prononcé ces mots en me fuyant du regard, et en se grattant l'arrière du crâne, son tic lorsqu'il était profondément gêné ou embarrassé. Nous rougîmes tous les deux au souvenir de ce qu'il s'était passé et, sans vraiment m'en rendre compte, j'effleurai mes lèvres du bout des doigts.

« Argh! Je le savais! »

Une Louise complètement folle déboula vers nous. Elle avait dû surprendre notre conversation, et comprendre. Après tout, je ne pense pas qu'il soit si difficile de deviner ce qui avait bien pu se passer.

« Comment est-ce que tu as pu me faire ça Caleb! s'exclama-t-elle de nouveau, avec une voix mêlant colère, déception et tristesse. Et toi Maud: comment as-tu pu me faire ça, alors que je te considérais comme mon amie la plus proche! »

Il y avait maintenant de la rage dans ses yeux, et elle pointait sur moi un doigt accusateur. Mais Caleb arriva rapidement à ma rescousse:

« Écoute Louise, Maud n'y est pour rien. C'est moi qui...