Chevauchée

Chapitre 14 ♦ Face cachée

♫ Just Tonight - The Pretty Reckless

Amélie passa la nuit de lundi chez moi. Dans le même lit où As avait dormi à peine deux jours auparavant. Nous avions passé une majeure partie de la nuit à échafauder notre plan anti-Chris. Celui-ci était simple, mais très dangereux, surtout pour Amy. Le but était le suivant: mon amie devait le pousser à sortir de nouveau avec elle, puis ensuite lui briser le cœur comme lui l'avait fait. Le problème était que nous ne savions pas encore avec qui elle pourrait tromper Chris, ou du moins faire semblant de le tromper. J'avais déjà pensé à Caleb pour ce rôle, mais dans la mesure où il est déjà avec Louise, cela risquait d'être compliqué. Enfin il ne serait pas contre pour l'aider, mais cela risquait de ne pas être très plausible. Bref, d'ici que nous trouvions un gars pour ce rôle, elle était chargée de le brancher en repoussant toutes ses avances. Histoire qu'il se sente frustré. C'est Amélie elle-même qui voulait absolument exécuter ce plan. Dans ce cas, je ne pouvais que l'aider.

Le mardi matin, nous allâmes en cours ensemble, déposée par ma mère. Arrivée au lycée, je remarquai Déborah et allai la rejoindre, Amy sur les talons. Ma meilleure amie semblait un peu furax, mais je ne m'en préoccupai pas plus que ça, connaissant ses sautes d'humeurs, particulièrement celles du matin. Caleb arriva quasiment en même temps que nous et me salua d'un chaleureux:

« Salut princesse!

– C'est bien, tu as enfin compris qui dominait ici. Je suis fière de toi Calibou! lui répondis-je en frottant énergiquement ma main dans ses cheveux, bien que je doive me mettre sur la pointe des pieds pour ce faire.

– Ouais ouais c'est ça, mais doucement quand même tu vas me décoiffer! »

À ces mots, il s'apprêtait à se venger d'une manière quelconque mais sûrement puérile quand son regard fut attiré par quelque chose (ou quelqu'un) derrière moi. Il retrouva son sérieux (enfin autant que sa personnalité le lui permettait tout de même) et me lança en partant au pas de course rejoindre cette chose qu'il avait aperçue:

« Désolé belle demoiselle, mais ma bien-aimée m'appelle. Tchuss, on se voit en maths. »

Il ponctua sa phrase d'un faux levé de chapeau et d'un clin d'œil et il s'en fut. En quelques semaines, ce garçon était plus ou moins devenu mon meilleur ami. Il était sympathique et avait toujours les mots pour détendre l'atmosphère. Il n'était jamais sérieux, ce qui faisait du bien, même si cela pouvait se révéler lourd si on n'était pas d'humeur. Ce matin, il m'avait plus ou moins fait oublier la journée de déprime que j'avais passée hier.

À midi, nous mangeâmes tous ensemble (Débo, Louise, Caleb, Amy, Po et moi) pour la première fois depuis bien longtemps. J'étais assise entre Caleb et Amy, face à Déborah. L'heure était à la rigolade, Caleb nous racontant son pseudo weekend de pêche:

« Je vous jure, il était gros comme ça! disait-il en écartant exagérément les mains. »

Puis il laissa ses bras retomber avant de continuer à raconter son histoire. Un de ses bras retomba autour de mes épaules. Je ne savais pas si c'était vraiment volontaire, mais je me sentais gênée, surtout sous le regard de Louise face à lui. J'essayai de me dégager maladroitement quand Débo, que son humeur massacrante n'avait apparemment pas quittée, m'apostropha froidement:

« Maud, faut que je te parle. »

Toutes les conversations se turent. Et je me levai en soupirant, me demandant ce qui pouvait bien me tomber dessus cette fois. Pourquoi est-ce que tout le monde voulait me parler cette semaine? Je suivis mon amie qui m'amena dans le hall principal.