Chapitre 3

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Le sifflement de la porte se rétractant dans le mur la réveilla en sursaut, d'un sommeil agité et bien peu réparateur. Un soldat entra d'un pas vif et lui fit signe de se lever et de le suivre. Était-ce le même que celui qui était venu la première fois ? Impossible à dire, avec ce casque, ils se ressemblaient tous ! Et avec son armure, impressionnante malgré sa couleur violette incongrue, qui lui couvrait le torse, les épaules, les bras et les cuisses, il n'avait pas l'air particulièrement engageant, ni rassurant.

Hébétée, courbaturée, elle lui emboîta cependant le pas avec soulagement, rassurée de voir qu'on ne l'avait pas oubliée.

Était-ce enfin l'heure de rentrer chez elle ?

Un autre soldat les attendait. Il prit place derrière elle, tout aussi menaçant, tout aussi silencieux. Ils empruntèrent un nouveau chemin, différent de celui qu'elle avait suivi la première fois, car très rapidement les lignes de couleur violette disparurent, remplacées par des segments parfois bleus, parfois jaunes, et le plus souvent gris, qui les menèrent dans des escaliers aux marches basses, où ils ne croisèrent quasiment personne, et de longs couloirs, dont certains à peine éclairés. Les alarmes s'étaient tues depuis longtemps, mais une odeur étrange et piquante emplissait l'air, la faisant même tousser plusieurs fois, sans que son escorte n'y prête attention.

Au bout d'un trajet qui lui parut interminable, les soldats arrivèrent devant une porte que rien ne distinguait de toutes celles qu'ils venaient de dépasser : grises et bleues, aux montants d'acier, emboitées profondément dans les murs. Le garde de tête parla quelques instants dans un interphone sur le montant, et en réponse, la porte coulissa. Le soldat derrière elle lui donna un coup de crosse dans les reins, comme pour l'encourager à entrer. Dès qu'ils eurent tous franchi le seuil, la porte se referma avec un chuintement étouffé.

Ils se trouvaient dans une grande pièce aux murs clairs. Comme dans sa cellule et dans tous les couloirs qu'ils avaient parcouru, nulle fenêtre ne donnait sur l'extérieur. Le mobilier semblait des plus communs, même si toujours aussi subtilement étranger, dans sa forme comme dans les matières utilisées : une grande table dans un coin, quelques chaises, un bureau massif, et, dans un renfoncement, deux sofas face à face, autour d'une table basse. Et, debout devant le bureau, se tenait l'homme à la cape verte.

Encore lui !

Sa première réaction fut le soulagement. Certes, cet homme la mettait mal à l'aise, même sans penser à ses incroyables pouvoirs mentaux, mais au moins, avec lui, il était possible de communiquer.

Je pourrais savoir ce qui se passe ? l'implora-t-elle. S'il vous plait ? ajouta-t-elle à retardement.

Elle était dans un tel état d'inquiétude et de stress qu'elle en oubliait temporairement sa timidité - se rappelant juste à temps de penser, plutôt que de parler.

Mais il fallait qu'elle sache !

L'homme ne répondit pas. Les sourcils froncés, il s'approcha d'elle, songeur. Avant qu'elle n'ait pu faire un geste, il lui empoigna brusquement la nuque de la main gauche, et apposa sa main droite sur sa tête, doigts écartés, plongeant ses yeux dans les siens.

Par réflexe, elle essaya de le repousser et de se dégager, mais ses mains retombèrent soudain sans vie à ses côtés, comme privées de force. Il y avait quelque chose de profondément intime dans ce contact, qui la révulsait et qui, en même temps, remuait en elle des sentiments inconnus. Prisonnière du regard de ce bleu si saisissant, elle se sentit fouillée, examinée sans ménagement.

Quelques instants plus tard – elle n'aurait su dire s'il s'était passé des secondes, ou des heures -, sans avoir prononcé un mot, il parut prendre une décision. Il releva la tête en direction des soldats, restés immobiles quelques pas derrière elle, et il hocha la tête, une fois.

Kivilis - Le Cycle du Vortex, T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant