Chapitre 7

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Après un ultime barrage de sécurité, où Elanore Matoovhu dut une nouvelle fois se prévaloir de son « autorisation 475 », elles parvinrent enfin devant une porte de bois poli, qui tranchait avec les portes dans cette sorte de plastique/métal qui jalonnaient le Secteur B. Derrière s'ouvrait une antichambre raffinée, que Claire aurait très bien imaginée devant n'importe quel bureau de président de grosse multinationale, si ce n'était la console high tech derrière laquelle était installée une secrétaire blonde d'une quarantaine d'années, aux cheveux artistiquement coiffés en volutes élaborées... et aux yeux d'un fuchsia pailleté de doré totalement déstabilisant. A leur entrée, la femme se tourna vers son terminal et annonça d'une voix douce :

— La jayn est là.

Puis elle lui montra une large porte, également en bois, de l'autre côté de la pièce.

— Il vous attend.

Claire se retourna vers la Coordinatrice :

— Merci pour tout...

— Il n'y a vraiment pas de quoi, répondit Elanore Matoovhu en la poussant doucement vers la porte du bureau. Mais allez, ne le faites pas attendre !

Essayant de paraître la plus assurée possible devant les deux femmes qui la regardaient avec curiosité, elle se dirigea vers la porte, qui s'ouvrit puis se referma derrière elle sans faire de bruit.

Il trônait derrière un immense bureau, pratiquement vide en dehors de quelques cartes en plastique et d'une grosse boule de verre noir, de la taille d'un poing. Derrière lui, une large baie vitrée s'ouvrait sur le ciel animé de Kivilis, tandis qu'en contrebas s'apercevait le sommet de la colline sur laquelle se trouvait Bhénak. A la gauche de Claire, dans un renfoncement, deux banquettes se faisaient face, de chaque côté d'une table basse. Des étagères, couvertes de boîtes en plastique soigneusement rangées, couraient le long du mur de gauche, interrompues par une nouvelle porte de bois, laqué, poli et orné de figures abstraites. Quelques sculptures disposées dans des niches dans le mur de droite, ainsi que ce qui ressemblait fort à une carte en trois dimensions d'une galaxie – LA galaxie ! - tournoyant lentement dans le coin opposé, et c'était tout.

Les mains jointes en forme de tente devant lui, le Seigé lui fit signe d'approcher. Elle essaya de ne pas rougir alors qu'il la détaillait d'un regard froid, comme s'il la voyait pour la première fois. Pour la première fois depuis leur rencontre, il ne portait pas sa cape, mais uniquement son uniforme noir liseré de vert. Après son examen, qui ne dura sans doute que quelques secondes, mais qui lui parut bien plus long, il lui indiqua enfin l'une des chaises à haut dossier placées devant le bureau.

— Avant toute chose, il vous faut une puce d'identité, annonça-t-il alors qu'elle s'asseyait au bord du siège d'allure inconfortable.

— Vous voulez dire...un truc sous la peau ?

— Cela vous dérange ? Vous ne faites tout de même pas partie de ces populaces arriérées qui refusent toute modification pro-organique, non ?

Sous le regard glacial, elle n'osa pas protester. De toute façon, elle n'avait pas l'air d'avoir le choix...

C'est une autre culture, c'est tout. Va falloir que je m'habitue, et vite !

— Avec cela, vous pourrez vous déplacer dans la majeure partie de Bhénak sans être arrêtée, poursuivit-il. Cette puce vous permettra également de régler des achats si besoin, et d'accéder aux terminaux.

— Tout le monde en a une, ici ? essaya-t-elle quand même, timidement.

— Chaque citoyen de Kivilis, oui. C'est obligatoire sur la plupart des planètes civilisées. Vous aurez ce que j'appelle un Code Rouge : il vous permettra de vous rendre pratiquement partout. Vous serez nourrie, logée et blanchie. Vous demanderez à la Coordinatrice Matoovhu de vous expliquer cela dans les détails.

Kivilis - Le Cycle du Vortex, T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant