Des coups discrets frappés à sa porte la réveillèrent.
Dehors, il faisait nuit. Se demandant ce qui se passait, elle se dirigea vers la porte, s'efforçant de défroisser ses habits et se passant la main dans les cheveux pour tenter de discipliner sa tignasse emmêlée. Vaincue de fatigue, elle s'était endormie sans même ôter ses nouvelles bottes, et elle n'avait pas le sentiment de s'être beaucoup reposée.
Elanore Matoovhu l'attendait dehors, encore tirée à quatre épingles malgré l'heure précoce – ou tardive, Claire n'en avait aucune idée.
— Bonjour ! dit la Coordinatrice en l'apercevant. Ah, vous êtes déjà prête, c'est très bien.
— ...bonjour. Prête pour quoi ?
— Mais votre entraînement, bien sûr ! Le Seigé vous attend dans la salle commune.
— Si tôt ? fut tout ce qu'elle trouva à dire.
— Oh, le jour va bientôt se lever, vous savez !
Puis la femme recula, et l'observa d'un œil critique.
— Il y a quelque chose qui ne va pas... laissez-moi voir.
— Ah, oui, bailla Claire, pas encore complètement réveillée, je crois que mes vêtements sont trop grands...
La Coordinatrice leva les yeux au ciel et, avançant le bras, pinça d'un geste expert le coin droit de la tunique de la jeune fille, pressant un symbole que Claire avait pris jusque là pour une simple broderie. Elle réitéra ensuite l'opération sur celui situé au niveau de la ceinture de la combinaison. Aussitôt, Claire sentit ses vêtements se resserrer autour d'elle, alors que la femme aux cheveux blancs bougonnait :
— Vous n'avez jamais porté de vêtements auto-ajustables, on dirait !
Elle se redressa, l'examina d'un œil expert, et fronça les sourcils en voyant sa crinière indisciplinée. Sans rien dire, elle sortit un lien d'une de ses poches et lui tira les cheveux en arrière, les nouant rapidement derrière la nuque. Ceci fait, elle balaya une poussière imaginaire sur l'épaule de sa protégée, se recula, puis, satisfaite du résultat, hocha la tête :
— Allez, venez !
Sans plus attendre, elle se dirigea vers le bout du couloir. Claire la suivit, bien plus réveillée désormais, et consciente d'être, encore une fois, passée pour une imbécile.
Parfait, parfait ! Le premier jour commence bien !
D'un autre côté, l'attention bougonne, un peu brusque, de la Coordinatrice, était réconfortante. Quelqu'un, au moins, s'était occupé d'elle... et c'était bien la première fois depuis sa traversée.
Puis, alors qu'elle arrivait à la salle de repas, ses autres paroles firent sens à leur tour.
Bon sang ! L'entraînement ! Mais... supervisé par Seigé Leftarm en personne ? Sérieusement ?
Et l'heure ! 700 !
Elle avait complètement oublié de se renseigner à ce sujet. Elle avait bien compris que c'était la façon de compter l'heure, ici, évidemment, mais comment s'y retrouver ? Heureusement que la Coordinatrice était venue la réveiller... sans parler de la rendre présentable !
La salle commune était encore vide. Il était là, silhouette imposante drapée dans sa cape, debout devant la rangée de distributeurs. Il se retourna à leur approche, et remercia Elanore Matoovhu d'un signe de tête.
— Elle était déjà prête, Seigé, dit cette dernière d'un ton approbateur, et Claire se sentit rougir sous le compliment immérité.
Apparemment, la digne femme semblait résolue à la présenter sous son meilleur jour.
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Kivilis - Le Cycle du Vortex, T1
Science Fiction"A ce moment-là, la jeune fille sentit son cœur s'arrêter de battre. Elle comprit que ce soir-là, elle allait mourir. Elle était trop terrifiée, elle était trop hébétée, elle était trop stupéfaite pour se poser des questions sur cette mise en scène...