Chapitre 41

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Aucun doute à avoir. C'était Giles DeVignes, le pilote de l'Œil du Cyclone !

Elle aurait reconnu sa voix entre mille. De toutes les personnes à bord de la base des Libertans, il avait fallu que ce soit lui qui approche de l'appareil qu'elle venait de choisir, et dont le sas était toujours ouvert... ! Elle entendit le responsable de sa capture poursuivre, exaspéré et vaguement suppliant :

— Je fais des livraisons et c'est tout, moi, c'est pour ça qu'on me paie ! Marc, explique-lui... !

Immobile près de la coupée du vaisseau, Claire tendit l'oreille. Elle n'espérait qu'une chose, que Giles et ses compagnons n'aient pas prévu d'embarquer précisément dans sa navette.

Une voix féminine – qui n'était pas Jissée - répliqua fraîchement :

— Cela m'enchante autant que vous, mais nous n'avons pas d'autre solution pour l'instant. Et vous le savez parfaitement.

Aplatie contre la paroi, Claire recula encore dans l'ombre. Étant donné le nombre de vaisseaux présents dans le hangar, il y avait peu de risques qu'ils prennent précisément celui dont elle avait décidé de s'emparer, mais avec la chance qu'elle avait ces temps-ci, mieux valait s'attendre à tout.

— Mais pourquoi moi ? protesta Giles d'un ton boudeur. Pourquoi vous ne partez pas tout simplement avec Marc ? Je lui ai appris à piloter pratiquement n'importe quoi... Franchement, j'ai autre chose à faire que de jouer les baby-sitters pendant une conférence galactique !

La voix féminine répliqua, glaciale :

— Vous savez très bien pourquoi il ne doit pas nous accompagner. Vous savez également très bien pourquoi je ne peux pas partir seule. Et laissez–moi vous dire que si vous espérez m'insulter, vous vous y prenez de la mauvaise façon.

— Ouais, ouais, la bave du crapaud, etc... je connais, reprit Giles, soudainement suave. Mais ce qui vous embête le plus dans l'histoire, fillette, c'est que je vous sois indispensable...

Les voix étaient toutes proches désormais, et Claire recula davantage dans l'ombre. Mais elle écouta avec encore plus d'attention. Tout ce qu'elle pourrait apprendre sur les Libertans serait sans doute très utile à Leftarm...

— Effectivement, passer quelques jours en compagnie d'un pirate mal dégrossi comme vous n'est pas des plus tentants. Mais il faut savoir faire des sacrifices...

Il y avait du rire dans la voix dudit pirate quand il répondit :

— Elle n'a pas la langue dans sa poche, hein ? On finira peut-être par s'entendre, bébé !

De nouveau, il semblait s'adresser, en partie, à un troisième comparse, qui n'avait pas encore ouvert la bouche. Et qui, encore une fois, ne répondit pas.

Claire ne pouvait s'empêcher d'être étonnée. Le pilote avait une intonation charmeuse, vaguement canaille, qu'elle ne lui avait jamais entendu à bord de l'Œil du Cyclone, puisqu'il s'était contenté de lui lancer des regards assassins à chaque fois qu'elle s'était trouvée en sa présence. Et bien évidemment, cela ne s'était pas arrangé quand il l'avait surprise dans la coursive...

C'est alors qu'ils passèrent à un ou deux mètres seulement de la coupée de « son » vaisseau, ralentissant pour slalomer entre les caisses qui encombraient le passage, et elle put ainsi apercevoir le petit groupe, depuis son poste d'observation caché parmi les ombres.

La voix féminine appartenait à ce qui ressemblait à une grande jeune femme, une Humaine apparemment, mais dont la peau et les cheveux, courts et duveteux, étaient d'une blancheur tout à fait surprenante. D'allure décidée, elle portait une combinaison bleue, de coupe plutôt banale, et pourtant... à chacun de ses mouvements nets et précis, Claire, entraînée à repérer ce genre de détail, perçut immédiatement l'énergie que dégageait cette fille si curieusement pâle. Elle avait l'air d'une personne habituée à prendre des décisions et à donner des ordres.

Kivilis - Le Cycle du Vortex, T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant