Chapitre 17

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Le chemin jusqu'au Grand Bureau, sous bonne escorte, lui parut interminable tout en étant bien trop court. Son devoir accompli, le Capitaine Narvey avait disparu et, bien trop tôt à son goût, elle se retrouva devant les portes du Seigé. Son escorte signala son arrivée à l'interphone, puis repartit aussitôt. Elle était seule, car à cette heure de la nuit, même la secrétaire aux yeux roses et à l'allure sévère était rentrée chez elle.

Les portes s'ouvrirent à son approche, silencieuses. Elle pénétra dans la pièce plongée dans la pénombre, jambes tremblantes.

Il était debout, face à la fenêtre, et il lui tournait le dos. La lumière était faible, et sa silhouette se détachait nettement sur la nuit orangée du ciel.

Elle attendit, un long moment. L'avait-il entendue entrer ? Au moment où elle allait timidement signaler sa présence, il se retourna. Sans un mot, il la fixa. Sur son visage sévère était inscrite une telle désapprobation qu'elle se mit à trembler. Une part d'elle-même voulait lui jeter tous ses griefs au visage, et l'autre se traîner à ses pieds pour le supplier de lui pardonner. Les larmes vinrent, mais pour une fois, elle parvint à les retenir. Elle ne lui donnerait pas cette satisfaction !

Il resta impassible un long moment. Et puis, soudain, il parla.

— Je vous donne une dernière chance.

Elle hocha la tête. Comprenant qu'il n'ajouterait plus rien, elle salua. Alors qu'elle atteignait la porte, la voix froide s'éleva de nouveau.

— Dans une heure, vous serez dans le gymnase.

N'osant se retourner, elle acquiesça de la tête. La porte s'ouvrit devant elle, et elle s'enfuit.

*

A l'heure dite, l'estomac noué, elle se trouvait au sommet de l'escalier de la salle où elle s'entraînait avec le Lieutenant Saulnier. Elle avait largement eu le temps de réaliser l'aberration de son entreprise et, assise dans un coin de l'un des jardins intérieurs – elle n'avait pas osé retourner au Centre, et encore moins dans son ancienne chambre, au risque de croiser Elanore Matoovhu - elle avait tenté de se persuader que sa folie serait sans conséquence... Sans y parvenir tout à fait.

Quant à mentir, essayer de nier qu'elle avait voulu s'enfuir... elle n'y songeait même pas. Enfin, pas sérieusement.

La lumière était éteinte et, par les grandes baies vitrées, elle voyait la ville scintiller jusqu'à l'horizon, une vision qu'à l'ordinaire elle trouvait apaisante. Mais où était donc le Seigé ?

Elle descendit lentement l'escalier. Pourquoi faisait-il si sombre ? Elle demanda de la lumière, plusieurs fois, mais le système ne répondit pas. C'était possible qu'il soit en panne, mais Claire en doutait. Probablement encore une manœuvre du Seigé... Son appréhension augmenta d'un cran.

Elle ne savait pas très bien ce qu'elle faisait là, et ce qu'il voulait d'elle. Le milieu de la nuit était largement passé, mais elle ne sentait plus la fatigue. En fait, elle avait bien trop peur pour cela. Il lui avait fallu plus de courage qu'elle n'aurait jamais cru en avoir pour venir à la convocation. Ou était-ce de la lâcheté ? Elle avait les nerfs tellement tendus qu'elle sursautait dès qu'elle croyait entendre un bruit.

Malgré cela, quand le coup vint, elle ne put l'éviter. Frappée par le rayon paralysant venu de nulle part, elle s'effondra.

Oh, non... ! Ça ne va pas recommencer !

Le Seigé se détacha de l'ombre et abaissa son arme. Puis, sans un mot, il s'approcha d'elle et la prit dans ses bras. Il la porta jusqu'à l'autre bout de la salle, et l'attacha solidement sur l'une des cibles d'entraînement, bras écartés, debout face à lui.

Kivilis - Le Cycle du Vortex, T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant