Elle attendait, les yeux baissés, le cœur serré, épouvantée. Leftarm déambulait avec fureur devant elle, sa longue cape comme animée d'une vie propre, se nourrissant de la violence de sa colère. Pétrifiée, elle n'osait faire un geste. Jamais elle ne l'avait vu ainsi, lui, toujours si maître de ses réactions. Aussi, quand il la frappa, fut-elle incapable de se protéger. Elle tomba violemment par terre, tandis que le Seigé continuait sur sa lancée, d'un ton cinglant, méprisant :
— J'ai vraiment l'impression d'avoir perdu mon temps avec toi... Tu n'es qu'une idiote ! Comment as-tu pu te laisser avoir comme ça !?
Et le pire, c'est qu'il avait raison... Comment avait-elle pu se laisser avoir de cette façon ? Comment avait-elle pu rater le fait que le jeune homme, celui qui l'avait découverte, avait repris conscience et rampait, millimètre après millimètre, en direction du pistolaser de Giles, alors qu'elle se battait avec le pilote de l'Œil du Cyclone ? Le rayon paralysant, réglé sur « assommer », l'avait alors atteinte dans le dos, comme une débutante !
Elle tenta de se relever, pour se justifier...et ce mouvement la réveilla. Elle se dressa sur sa couche, hagarde, et faillit soupirer de soulagement en constatant que ce n'avait été qu'un rêve.
Un rêve, oui, mais il lui avait paru si réel qu'elle avait l'impression de sentir encore sur sa joue la morsure du coup que lui avait asséné le Seigé !
Elle tendit la main vers son visage, hésitante, s'attendant presque à la retirer couverte de sang. Elle avait la bouche pâteuse, les idées embrumées, comme si elle avait été droguée. Soudain, elle se figea, sentant une présence étrangère dans la pièce. Une pièce qui, de plus, lui était totalement inconnue.
Il était assis sur une chaise près de la porte, et il la regardait sans mot dire. Et en voyant ce jeune homme aux yeux si graves, le responsable de ce fiasco, la mémoire lui revint immédiatement.
Ce n'était pas un simple cauchemar, en fin de compte.
Où était-elle ? A voir le style austère et dénudé de la pièce, et le mobilier solidement fixé au sol, elle se trouvait cette fois dans une cellule hautement plus sécurisée que la précédente... Les Libertans avaient appris la leçon !
Et que faisait-il ici, lui ? Ce fichu gamin à cause de qui tout avait mal tourné ?! Son indignation, aussi violente qu'enragée, fut immédiate, et elle retint à grand-peine une envie de lui sauter à la gorge.
Elle se raidit, tous ses muscles tendus en un réflexe animal, irraisonné. Elle lutta pour garder son contrôle, consciente que cela ne lui servirait à rien. Pas maintenant, pas tout de suite.
Il n'avait pas bougé, pourtant, il ne pouvait avoir manqué de remarquer la violence de sa réaction. Elle le fixa avec colère, espérant lui faire baisser les yeux. Mais il ne cilla pas, et lui renvoya son regard sans faiblir.
Au bout d'un moment qui lui parut très long, toujours sans la quitter des yeux, alors qu'elle commençait à se sentir ridicule - mais pas question d'abandonner ! -, il murmura :
— On peut continuer ce petit jeu encore longtemps, vous savez...
Cela eut pour effet de raviver sa colère. Pour qui se prenait-il ?
— Qu'est-ce que vous faites ici ?!
— C'est précisément la question que je voudrais vous poser, jayn Monestier.
Elle haussa les épaules. S'il croyait l'impressionner en utilisant ce terme, il se trompait lourdement. D'ailleurs, il avait l'air aussi jeune qu'elle, ou presque !
— Si vous connaissez mon nom, alors vous savez le reste ! Je n'ai pas arrêté de le dire à ces types qui m'ont interrogée.
— Je sais ce que vous avez dit, admit-il d'une voix calme. Mais ce que j'aimerais savoir, c'est la vérité.
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Kivilis - Le Cycle du Vortex, T1
Science Fiction"A ce moment-là, la jeune fille sentit son cœur s'arrêter de battre. Elle comprit que ce soir-là, elle allait mourir. Elle était trop terrifiée, elle était trop hébétée, elle était trop stupéfaite pour se poser des questions sur cette mise en scène...