Alors qu'elle progressait dans ses études, découvrant de plus en plus de choses sur les incroyables possibilités que lui offrait le poeïr, Claire apprenait également à mieux connaître l'univers qui l'entourait, ses dimensions stupéfiantes, et son histoire mouvementée... à côté de laquelle les quelques trois ou quatre mille ans d'histoire de sa minuscule planète faisaient bien pâle figure.
Le Quadrant Galactique représentait, à peu près, le quart de la superficie de la Galaxie. Centré sur Kivilis, il constituait une sphère grossière d'environ vingt-cinq mille années-lumière de rayon. Les vaisseaux les plus rapides mettaient plus de neuf années à atteindre les confins du Quadrant, qui marquaient la limite de ce qu'on appelait communément l'Univers Connu, même si des missions d'exploration de plusieurs dizaines d'années étaient jadis parties bien plus loin. Mais lorsque les distances sont si grandes, il y a peu d'intérêt à commercer ou à entretenir des relations diplomatiques avec des mondes où les interlocuteurs sont susceptibles de mourir de vieillesse entre chaque contact...
Par exemple, si un vaisseau était parti en direction de la Terre, dont l'étoile était dénommée PKX348E, il aurait fallu plus de dix-huit années – en théorie, sans compter les détours dus aux trous noirs, nébuleuses et autres obstacles cosmiques - pour qu'il l'atteigne. C'était possible, bien sûr, mais qui aurait investi tant de temps et d'argent pour une destination impossible à exploiter, alors qu'il y avait des milliers de mondes plus proches ?
C'était une révélation d'autant plus dure à avaler pour Claire. Savoir que, dans l'absolu, le retour sur Terre aurait été théoriquement possible, mais qu'à moins qu'elle arrive un jour à rassembler l'argent nécessaire, et qu'elle accepte de passer dix-huit ou vingt ans seule dans un vaisseau spatial, elle n'y retournerait jamais...
Évidemment, elle aurait pu compter sur la cryogénie, qui aurait, au moins, réduit l'impression de temps de voyage, mais la technique, bien que présente depuis des millénaires, était assez peu utilisée. Malgré toutes les connaissances médicales du Quadrant, les corps congelés puis ramenés à la vie subissaient souvent des dommages, mineurs certes, mais qui n'encourageaient pas aux grandes explorations... Qui prendrait le risque de perdre une partie de sa mémoire, de ses sensations, ou de ses réflexes, pour aller si loin, alors qu'il restait encore tant d'endroits à explorer plus près ?
C'est pourquoi le Vortex, qui avait ouvert un passage instantané entre leurs deux mondes, aurait été une découverte tellement révolutionnaire. Les possibilités d'une telle technologie étaient incommensurables, car n'importe quel point de la Galaxie - voire de toutes les galaxies ! – aurait été instantanément à portée de main... une révolution dont elle avait peine à imaginer les conséquences.
Mais comme elle ne le savait que trop bien, les installations avaient été complètement détruites lors de l'attentat qui l'avait bloquée sur Kivilis. Les scientifiques travaillaient d'arrache-pied, lui avait expliqué un jour le Seigé, mais des composants cruciaux et extrêmement rares avaient disparu ce jour-là. Il leur faudrait sans doute des années, et plus probablement des décennies, avant de réussir à reconstruire, et surtout, recalibrer correctement, la machine. Sans compter le coût pharaonique de l'opération, évidemment.
Autant dire qu'elle ne nourrissait guère d'espoirs de ce côté-là, du moins dans l'immédiat.
Non, son horizon, maintenant, c'était le Quadrant, et tous ses systèmes solaires, soigneusement répertoriés dans l'Atlas Galactique.
Tous les mondes ou presque, dans un rayon de six mille années-lumière autour de Kivilis, faisaient partie de la République de Kivilis : quelques trois cents systèmes de planètes « développées », sans compter les plus de cent cinquante mille systèmes où la vie organique était possible voire foisonnante, au moins à un niveau basique (ce qui laissait mille fois plus de systèmes planétaires sans le moindre atome de vie, et encore mille fois plus d'étoiles sans le moindre système planétaire).
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Kivilis - Le Cycle du Vortex, T1
Ciencia Ficción"A ce moment-là, la jeune fille sentit son cœur s'arrêter de battre. Elle comprit que ce soir-là, elle allait mourir. Elle était trop terrifiée, elle était trop hébétée, elle était trop stupéfaite pour se poser des questions sur cette mise en scène...