Chapitre 40

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Au début, elle trouva cela presque trop facile.

Leftarm et ses instructeurs le lui avaient pourtant dit et répété, elle l'avait expérimenté elle-même à Bhénak, au Mont Miroir et ailleurs, mais elle fut cependant surprise. Prendre un air pressé et marcher en semblant parfaitement savoir où on allait était le meilleur moyen pour ne pas attirer l'attention, même ici, où la sécurité aurait normalement dû être renforcée... Bien sûr, en cas de contrôles, elle serait sûrement découverte. Ou encore, si elle croisait l'une des personnes qui l'avaient interrogée ces derniers jours.

Mais il semblait bien qu'elle allait avoir de la chance, pour une fois. En fait, la discipline semblait même assez lâche. Il y avait bien des gardes, mais aucun ne fit la moindre attention à elle quand elle passa devant eux, impassible, mais le cœur battant.

D'ailleurs, elle devait bien avouer que c'était compréhensible. Qu'auraient craint les Libertans, en vérité ? Ils se trouvaient sur un bâtiment qui leur appartenait, au beau milieu de l'espace ! A partir du moment où ils vérifiaient soigneusement tous les vaisseaux qui s'amarraient, il y avait vraiment très peu de risques qu'un intrus ne réussisse à s'introduire dans les lieux d'une autre manière. Ce qui expliquait la sécurité très lâche, voire inexistante, qu'elle rencontra – ou plutôt, ne rencontra pas.

Elle fut surprise en revanche par la quantité de personnes qu'elle croisa. Le Seigé lui avait dit que les Libertans étaient, somme toute, un petit groupe, même si c'était le plus important des groupes armés qui luttaient contre Kivilis. Certes, ils prenaient de plus en plus d'importance, malgré les multiples coups de filets et démantèlements de cellules qui le frappaient, mais elle avait toujours du mal à se rendre compte de ce que signifiait « petit » dans cette galaxie de trilliards d'individus...

Il y avait énormément de monde, de nombreuses espèces différentes, mais personne ne semblait faire particulièrement attention à elle. Techniciens, administratifs, pilotes, militaires... certains étaient en civil, d'autres en uniformes divers et variés, reliquats vraisemblables d'armées planétaires et de milices privées. Seuls ou par petits groupes, ils vaquaient à leurs occupations ou discutaient entre deux portes, la forçant parfois à se faufiler entre eux avec aplomb.

Elle repéra rapidement les lignes bleu marine hachurées d'orange qui couraient le long des murs, sensées indiquer le chemin des hangars les plus proches. Lors de son arrestation, elle avait pris garde à mémoriser rampes et croisements, mais l'endroit était gigantesque.

Elle arriva à un turbolift, seule issue pour rejoindre le niveau qui l'intéressait. Ils l'avaient emprunté au moment de son arrestation, et elle avait noté qu'il ne semblait y avoir aucun système de sécurité, clé ou code vocal particulier à donner... Elle espérait avoir vu juste, car sinon son évasion s'arrêterait très vite.

Elle pénétra dans l'appareil, mais avant que les portes ne se referment, un Margneral élancé se glissa à sa suite.

— Quel niveau ? demanda-t-il de sa voix douce, ses yeux dorés comme ceux d'un animal glissant sur elle sans paraître éprouver de curiosité ou de suspicion particulière.

— Les hangars, indiqua-t-elle en affectant – extérieurement – la nonchalance.

Le grand non-hum hocha la tête et appuya sur le tableau de commandes, avant de sélectionner sa propre destination.

Le tableau de commandes comprenait un nombre impressionnant d'icônes, et elle aurait aimé pouvoir l'observer plus à loisir. Il ne ressemblait en rien à ce qu'elle avait pu voir, tant à Bhénak – où les commandes étaient exclusivement vocales – qu'à d'autres endroits de Kivilis, ou encore sur l'Inexorable. Mais déjà la cabine ralentissait.

Kivilis - Le Cycle du Vortex, T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant