Chapitre 22.

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Je le fixe dans les yeux, le coeur au bord des lèvres, le stress courant dans mes veines. Je sais ce qu'il est capable de faire. J'ai vu des filles avec des bleu et des contusions. Je sais que je ne dois pas bouger, mais je sais aussi que je ne pourrais pas me laisser faire.

- Ma belle. J'ai l'impression que toi et moi on se connait pas asser, dit-il alors en me souriant, et j'ai envie de vomir. Je voudrais évaluer les chances que j'ai de me défendre, mais mon regard ne peut pas se détacher du sien.

Mon cœur bat à tout rompre, mes muscles tendus comme des cordes de violon. La peur est un serpent glacé qui se glisse dans mon ventre, mais je refuses de me laisser paralyser. Je le fixes droit dans les yeux, ton regard aussi dur que le sien...

- Je ne suis pas ta belle," je dis alors sans réfléchir, d'une voix tremblante mais déterminée. "Et je travaille, Patricio, je n'ai pas le temps de m'amuser.

Un éclair de surprise traverse son visage, suivi d'une lueur de colère. Il se penche vers moi, son visage menaçant à quelques centimètres du mien.

"Tu n'as pas le choix," murmure-t-il. "Tu es à moi maintenant."

A lui? Je ne suis à personne. Je ne serais jamais à personne. Je n'appartiens à personne, et encore moins à lui.

Je serres les dents, refusant de céder à la peur. Je sais bien pourtant qu'il est plus fort que moi, mais je ne te laisseras pas intimider. Pourtant, je me bats contre la panique qui monte en moi, cherchant désespérément une issue. Je prie pour que Javier rentre dans cette pièce, ou sa femme, ou n'importe qui, parce que je sais que quand il n'est pas seul, ce fils de pute de Patricio n'ose pas aller plus loin.

Mon regard glisse sur un objet à ma droite. L'ouvre lettre. Dans un éclair, je le saisit et le pointe à la gorge de Delgado.

Il s'immobilise, surpris par ma réaction. Il me fixe un instant, ses yeux brillants de rage. Puis, il se redresse doucement, mais je ne lâche pas l'ouvre lettre contre sa gorge. Il veut s'éloigner. Il sait très bien que je n'ai rien à perdre, comme toute ces filles prisonnières ici. On risque de mourir à chaque secondes, de toute façon, alors...

Il me fixe, s'éloigne encore et contourne le bureau, puis rigole nerveusement:

- Tu as de la chance," dit-il en me lançant un regard noir. "Cette fois-ci, tu t'en sors. Mais la prochaine fois, je ne serai pas si clément."

Je le regardes partir, le cœur battant toujours à tout rompre. J'ai échappé au danger cette fois-ci, mais je sais que ce n'est pas la fin. Cet affront de ma part risque de remonter aux oreilles du Capo.

Et le soir-même, au diner, alors que moi et les filles servons les plats, je vois bien que Patricio me jete des regards, comme s'il s'attendait à ce que j'en parle à Javier. Mais finalement, c'est lui ouvre sa bouche en premier:

- Dis-moi, Javier, tu en a de la chance, d'avoir la belle Natalia à ton service."

Je me raidis, et le pichet de vin que je tiens tremble dans mes mains, mais perçoit que Javier se fige au bout de la table. Sa femme, à côté, sourit à Patricio:

- Mon Javier a tout le monde à son service, qu'est-ce qui t'arrive, Patricio? Tu as trop bu de gin ou quoi?

Maria, à ma droite, me jete un regard inquiet, tendue mais je n'ose pas bouger. Je me contente de continuer à servir le tour de la table.

- Je dis juste que je trouve que c'est la plus belle des filles que tu as réussi à avoir; je comprends pourquoi tu l'as prise à ton service personnel." Je sens mes joues bruler. Je n'ose pas regarder la femme de Javier; je ne veux pas qu'elle s'imagine quoi que ce soit entre son mari et elle, bon sang... Non, tout sauf ça. J'aimerais me défendre mais je sais plus que ma vie que je dois demeurer silencieuse.

Captive d'un narcotrafiquantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant