Chapitre 33.

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Je sais que mon heure a sonné. Que c'est maintenant que je vais mourir. Après quelques mois à lutter à l'intérieur du Cartel, voilà qu'on allait m'exécuter. Et je pleure à chaudes larmes. Pourquoi j'ai continuer à jouer avec ma vie comme ça? A défier le chef d'un putain de Cartel? Je suis complètement folle; j'avais réussi à instaurer un certain degré de confiance avec Javier... Pour tout détruire en quelques secondes. 

Quelle idiote... 

On  me traine sans pitié jusqu'à l'extérieur, et on ouvre la cage aux poules, qui est en partie en plein soleil; on m'interdit tout accès à de l'herbe, agenouillée et humiliée dans la fiente de poulets. Je pleure de rages alors que les hommes de Javier me regardent sans l'ombre d'une émotions sur le visage. L'un d'eux jete même sa cigarette près de moi, et je lui jete un regard noir. 

Est-ce qu'ils vont me laisser crever ici, au milieu des poules, comme un chien? Je regrette ce que je viens de faire, et je voudrais pouvoir revenir en arrière, me montrer plus intelligente, ne pas me laisser mener par mes foutues émotions. 

La cage est poussiéreuse, éclairé par quelques ampoules suspendues au dessus, et l'après-midi ne fait que commencer. Il va atteindre des pics de chaleur, c'est sûr que je vais mourir. Sans eau ni nourriture... Des tôles rouillées grincent sous le vent, et je me recroqueville sur un tas de paille pourrie.

Je frissonne, serrant mes bras autour de moi. Je jette un regard furtif vers la porte en bois vermoulue qui donne sur l'extérieur de la cage. Deux hommes de Javier se tiennent de chaque côté, immobiles, comme des statues menaçantes, sûrement pour surveiller que je ne tente rien. Mais oh, je vous rassure, je ne vais rien tenter. Je  vais probablement crever ici. 

Je me lève péniblement et m'approche de la cage. Mes mains tremblantes s'agrippent aux barreaux métalliques. Je regarde vers le ciel. 

- Maman, je t'en supplie... Papa, venez me chercher... Je vous en supplie..." Je sanglote. 

Mais il n'y a personne pour me répondre. Seuls le vent et la chaleur étouffante me répondent. Je me laisse glisser contre les barreaux, les larmes coulant sur mes joues. Je me sent seule, abandonnée, perdue.

Puis, plusieurs jours passent comme ça; on m'apporte un minimum d'eau et de nourriture, du pain, et je dois faire mes besoins dans un seau comme un animal. Je n'ai jamais été aussi humiliée, ça m'apprendra bien à ne pas fouiller dans les affaires d'un Cartel. 

Puis, au bout de trois autres jours à griller au soleil, la peau rougie et pelée, les cheveux décharnés, assoiffée, affamée, on vient enfin me chercher. On me sort de la cage, et je ne bouge presque pas. Les filles me portent et m'emmènent jusqu'à ma chambre. C'est Catarina qui s'occupe de moi. Elle me force à entrer dans un bain d'eau fraiche et de lait, puis elle me laisse dedans alors que je gémis de douleur, exténuée, malade, affamée. J'ai envie de vomir mais je n'ai plus rien à vomir. 

- Barbara, Cristina, allez me chercher des bandages, et la crème après soleil, s'il vous plait." J'entends à peine ce qui se passe, mais je sens que Catarina prends les choses en mains. On me sort du bain, on me bande le corps avec de la crème fraiche sur le bandages, puis on me porte jusqu'à mon lit, on m'a un peu coupé les cheveux, et je me sens soudainement mieux. Puis, on me fait boire un liquide dégueulasse, mais quelques minutes après, je m'endors dans un sommeil laiteux. 

Je me réveille plusieurs fois, je me suis retournée dans mon lit, je sens la fièvre qui me brûle le corps. Je sens mes muscles se contracter et mes dents claquer. Je rêve de vagues de chaleur et de froid glacial qui me submergent tour à tour. Les voix autour de moi sont lointaines et inintelligibles. 

Captive d'un narcotrafiquantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant