Dès le lendemain matin, je suis réveillée par le bruit de la porte de ma chambre qui s'ouvre. Je me redresse et voit deux hommes armés entrer dans la pièce. Je sais qu'il est temps pour moi d'aller travailler.
- Lève-toi", dit l'un des hommes. "C'est l'heure d'aller préparer le petit déjeuner.
Je ne bronche pas, et je me dépêche de me réveiller. J'ai mal partout, et ma joue est rouge de la gifle reçue, j'ai mal aux jambes, et complètement déprimée de ma tentative de fuite qui s'est soldée par un echec.
- Ce matin, Abuela veut que tu travailles avec elle au jardin. Elle ne te quittera pas d'une semelle, et tu vas voir, ça va te passer l'envie de t'enfuir, Chica, me crache cruellement l'un des hommes de Javier. Je me retiens de lui lancer un regard noir alors qu'il me regarde m'habiller avec un oeil pervers. Je ne le calcule pas; j'ai pris l'habitude qu'on puisse venir me reluquer pendant que je me change. Une fois enfiler les habits de travails informes te qui sentent le moisi et le vieux, je les suis à l'extérieur.
Il fait encore plus chaud que hier, je transpire déjà, et j'entre dans le jardin par la petite porte rouillée. D'autres hommes et femmes travaillent déjà, certains à l'ombre, mais je sais que j n'y aurais pas droit.
Le type qui m'accompagne me saisit soudain le bras:
- Je te préviens, si tu bouges ou que tu regardes mêmes les remparts ou pense à t'enfuir, je le saurais, et j'hésiterais pas à te laisser sécher au soleil sur un poteau." Je gardes le regard au sol. Cette manie de vouloir laisser séché les gens au soleil semble être quelque chose de courant, en Colombie, je ne préfère pas tenter le diable, et je ne réponds pas et il finit par me lâcher. Je suis déjà essoufflée, je transpire, et je sais très bien qu'avec la tenue que je porte, la sueur me collera le tissu à la peau, laissant tout loisir pour les hommes de Javier de reluquer mes formes. Je suis profondément dégoutée par tout ça.
Mais je sais que je n'ai pas le choix. Javier m'avait pourtant proposée d'être son associée, mais pour l'instant, j'ai toujours l'impression d'être sa putain d'esclave. Je me force à ne pas jeter le sécateur que je tiens dans la terre de rage. J'aperçois soudainement des hommes en haut des remparts, des ombres bougent, et les hommes qui m'ont ammenées ici lancent à ceux du haut:
"Elle est de retour", dit l'un des hommes, et un autre rit, comme s'ils avaient tous été au courant me tentative d'évasion.
- La chica Loca est de retour, hâte de voir ce qu'elle va tenter la prochaine fois, rigole l'un autre, imité par ses collègues. Je me force à ne pas réagir. Puis, soudainement, un grincement me fait me tourner, pour voir que c'est Abuela. Elle me fusille du regard depuis le haut des petits escaliers. Je sens que mon heure a sonné. Je vais me ramasser une raclée, devant tout le monde, sous quarante degré ici et maintenant.
Mais contre toute attente, Abuela m'adresse un sourire glacial. Je ne réagis pas, j'ai appris à me méfier même du sourire.
- Bienvenue de retour", dit-elle alors en s'approchant de moi, avant de se pencher et de me saisir le menton, je ne réagis pas. Si elle me frappe, là, je serrerais les dents, et puis voila. "J'espère que tu as appris ta leçon, me souffle-t'elle comme un serpent. Je la regarde d'une façon neutre.
Elle me sourit et me tapote la joue. C'est pire qu'une humiliation ou qu'un coup. J'ai envie de pleurer, et de tout envoyer balader.
Ce premier jour marque alors le début de ma descente horrible dans une déprime tenace. Je me laisse complètement faire, je ne devient que l'ombre de moi même. Même Javier me lance parfois des regards quand il me voit rentrer des journées de travail au jardin, sous le cagnard. Mes cheveux sont ternes, abimés, ma figure et mon corps couvert de plaque rouge. Quand je me regarde dans le miroir de ma chambre, je ne me reconnais encore moins qu'avant.
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Captive d'un narcotrafiquant
General FictionNatalia Paloma Rosamaria, une jeune espagnole de 18 ans, en vacances avec ses parents en Colombie, rencontre lors d'une soirée dansante un jeune homme sur la piste... Mais alors que la joie est de rigueur, des coups de feu éclatent et c'est la cohu...